Fondée en 2020 à Gières (Isère), la société FunCell (9 salariés) a développé BioWet, une innovation qui renforce les produits cellulosiques (papier et carton) sans entraver leur recyclabilité. "Nous proposons une alternative biosourcée à base de déchets de fruits et de légumes aux plastiques à usage unique", résume Gilles du Sordet, son président.
Pour industrialiser son additif, FunCell est en train de finaliser une levée de fonds de 2,2 millions d’euros qui lui permettra d’obtenir un montant équivalent de financements de Bpifrance et de banques privées spécialistes de l’accompagnement des start-up. 30 % des capitaux proviennent de structures de capital-risque dont Obratori, le fonds corporate de L’Occitane, 55 % de business angels experts du monde du papier, du luxe et de l’industrie et d’un family office. Enfin, 400 000 euros devraient provenir de fonds collecté par la plateforme Lita.co. Les quatre associés cofondateurs et la société d'accélération du transfert de technologies Linksium restent majoritaires.
Avec cette augmentation de capital, FunCell a pour objectif de mettre au point ses deux premiers pilotes de production, et d'investir dans de nouveaux locaux (halle technique, laboratoires et bureaux) et dans l’accompagnement client (développement commercial, certifications ISO et contact alimentaire…).
600 kg produits par jour d’ici 2025
"Aujourd’hui, il nous faut deux mois pour produire 1 kg de produit équivalent sec, que nous vendons ensuite sous forme de solution aqueuse", affirme Gilles du Sordet. Dès cette année, un premier pilote industriel quintuplera la production. En 2024, la production atteindra 100 kg, avant la construction d’une usine, idéalement dans la région grenobloise, qui pourrait produire un minimum de 600 kg quotidiennement en 2025. En parallèle, FunCell peaufine ses procédés avec des clients papetiers, des entreprises du secteur de l’emballage ou des grands donneurs d’ordre, potentiellement prescripteurs. Leurs programmes de qualification de BioWet permettent à FunCell de générer ses premiers chiffres d’affaires.
Les domaines d’applications ne manquent pas. L’additif biosourcé peut notamment renforcer les cartons renfermant de lourdes pièces mécaniques des industries automobile et aéronautique. "Il peut également répondre à des problématiques de réduction de grammage. Grâce à lui, on produit des papiers plus fins mais aussi plus résistants et légers", appuie le dirigeant. Et de réduire l’impact carbone du transport.
Au cœur de la "cellulose valley"
FunCell a mis dix ans à mettre au point son innovation au sein du laboratoire Cermav (Centre de recherches sur les macromolécules végétales), une structure cogérée avec le CNRS. Depuis, un brevet a été déposé en 2018 par le CNRS, dont FunCell a la licence d’exploitation exclusive et mondiale.
En 2020, la start-up a décroché le Grand prix du concours I-Lab, avec 350 000 de subventions de Bpifrance à la clé.
Incubé à la Satt Linksium de Grenoble, FunCell a su trouver l’écosystème idéal pour se développer, sur le campus de Saint-Martin-d’Hères, qui accueille notamment le CNRS, le centre technique du papier et Pagora, l’école de papeterie de Grenoble. Une sorte de "cellulose valley", creuset idéal pour préparer la mise au point d'un nouveau produit, BioGraft, un additif pour rendre les matériaux cellulosiques étanches à l’eau et à la graisse.
