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La filière des biosourcés se construit en Pays de la Loire
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La filière des biosourcés se construit en Pays de la Loire

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La filière des matériaux biosourcés est en pleine construction dans les Pays de la Loire. L’événement Place aux Biosourcés vient d’ailleurs de réunir à Nantes les acteurs locaux les plus importants du secteur. Au-delà d’unir leur voix pour faire grandir la filière, leur ambition est de collaborer afin de mettre au point des produits compatibles entre eux pour les constructions de demain.

L'événement Place aux Biosourcés a rassemblé pour la première fois l'ensemble des acteurs du secteur — Photo : David Pouilloux

Il ne faut pas croire l’histoire des trois petits cochons. Malgré l’imaginaire collectif, les constructions en paille et bois sont bien solides. D’ailleurs, tous les matériaux biosourcés font aujourd’hui leur grand retour : la terre, l’argile ou même le roseau. Ils sont aujourd’hui valorisés et ont un avenir qui se dessine dans le BTP. "Aujourd’hui, le biosourcé compte pour 10 % de part de marché des constructions au global. Nous pourrions passer à l’avenir à 20 ou 30 %", livre Maxime Baudrand. Il est prescripteur des constructions bois au sein de Fibois Pays de la Loire, un regroupement des professionnels de la forêt et du bois de la région. Cette association organisait pour la première fois, sous l’égide du Collectif Biosourcés, l’événement Place aux Biosourcés. Une journée pour découvrir les solutions, les acteurs et les produits du secteur. "L’ambition est de développer des synergies ensemble", précise le prescripteur.

Des ressources locales nombreuses

Cet événement vise entre autres à faire connaître les acteurs entre eux, et créer une synergie entre les différentes filières. "Il y a des intérêts techniques à combiner le bois avec d’autres matériaux biosourcés", analyse Maxime Baudrand. Surtout, les Pays de la Loire est une région agricole où les ressources comme le blé et le chanvre sont nombreuses. "Un pourcent de la paille en Pays de la Loire suffirait à isoler 10 % des constructions neuves de la région", appuie Benoît Dufraiche, coordinateur de la filière construction paille sur le territoire. Sur le bois aussi, les Pays de la Loire ne manque pas d’acteurs. En témoigne la présence de la scierie Piveteau Bois (1 000 salariés, CA 300 M€) répartis sur trois sites et dont son siège en Vendée. Pourtant, il s’agit paradoxalement de la région la moins boisée de France. "Nous avons une double expertise. Au-delà des opérations de sciage, nous transformons ensuite le bois avec des opérations de collage, rabotage, ou encore divers traitements pour la construction", analyse Paul Andrier, chargé de prescription Grand Ouest Ingénieur chez Piveteau. "Nous connaissons une forte croissance depuis une dizaine d’années liée au marché et aux réglementations RE2020. De plus, les donneurs d’ordres veulent de plus en plus de bois français". La scierie vendéenne collabore aujourd’hui avec le Collectif Biosourcés afin de proposer des produits compatibles avec les normes des autres matériaux. "De plus en plus de projets cumulent différents biosourcés, comme le projet du lycée d’Aizenay (85), construit en paille et bois. Nous repensons nos produits en bois standards pour les adapter aux constructions en paille", ajoute Paul Andrier. Cruard Charpente (150 salariés, 35 M€ de CA en 2023) était également présent. Le groupe mayennais innove avec, dans un nouvel atelier de 3 000 m², la fabrication de nouveaux panneaux bois-béton, nommés Hybridal. "L’idée est de gagner toute la phase de chantier", précisent les deux directeurs généraux. L’Ademe y voit "une alternative légère et bas-carbone comparée aux systèmes constructifs actuels sur le marché".

Industrialiser la filière

Témoin du changement de paradigme, le projet de ZAC Pirmil Les Isles, entre Nantes et Rezé, mise sur des constructions écologiques, avec à la fois du bois, de la paille et du chanvre. Le projet cumule 3 300 logements et représente 250 000 m² de murs à construire. La livraison des programmes immobiliers est prévue pour 2027. "Il n’y aura pas de problème pour construire ces bâtiments avec les ressources locales", assure Maxime Baudrand. Aujourd’hui, la question n’est donc plus de savoir si les capacités de production sont présentes sur le territoire. Les interrogations résident plutôt sur le temps long. "Les entreprises ont besoin de visibilité. Elles attendent d’avoir de gros marchés récurrents pour lancer des investissements dans les biosourcés", analyse Maxime Baudrand, qui appelle à la signature d’accord cadre pour vraiment industrialiser les filières de ces matériaux.

Des investissements enclenchés

Malgré ce manque de visibilité, certains acteurs passent la vitesse supérieure. Biofib, une marque de la coopérative agricole vendéenne Cavac, va investir plus de 20 millions d’euros pour doubler sa production d’un matériau à base de fibres de chanvre et de lin. "Nous produisons actuellement deux millions de mètres carrés d’isolants par an, et réalisons 20 millions d’euros de chiffre d’affaires. Cet investissement va nous faire franchir un gap technologique", analyse Olivier Merle, directeur commercial de Biofib. "Créer la filière prend du temps. Cet événement est un accélérateur de business. Il nous permet de rencontrer des maîtres d’ouvrage, qui doivent répondre aux attentes des clients". L’organisation du collectif Biosourcés, qui a dû refuser du monde suite au succès de cette première édition, ne devrait pas se faire prier pour en organiser une seconde.

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