À une dizaine de mètres de la ferme de la Rochetière, en plein massif du Vercors, se dresse désormais un petit chalet beige de la taille d’un container, directement branché à la salle de traite et sur lequel est inscrit en lettres bleues FAIRME. La start-up grenobloise du même nom vient en effet d’inaugurer ce mois-ci son premier atelier de transformation laitière autonome. Après plusieurs années de recherche, la pépite iséroise a ainsi développé et conçu une machine s’appuyant sur les technologies d’IoT, de robotique et d’intelligence artificielle, capable de transformer du lait cru en produits laitiers, sans aucune intervention humaine sur site. Un ensemble de capteurs et de contrôleurs, pilotés à distance, surveillent les variables essentielles à la production de yaourts, fromage ou autres produits de la ferme. "Les consommateurs pourront commander leurs produits via une application à partir de ce mois-ci et venir les chercher au distributeur automatique ou se les faire livrer", explique Nathan Freret, directeur du développement et des opérations de la jeune entreprise.
Produire et consommer localement
Une fois l’atelier en place, l’éleveur n’a aucune action à effectuer ni frais à verser à la start-up. Sa responsabilité est limitée à son élevage, sa ferme et la qualité de son lait. "Nous nous sommes efforcés de simplifier les démarches au maximum pour le fermier : il n’y a pas de système de malus bonus comme dans les modes de distribution traditionnels. L’éleveur doit simplement respecter les normes d’hygiène et notre cahier des charges, qui reste exigeant", poursuit le responsable des opérations. Le déplacement du lait, la fabrication, la mise en colis, les commandes ou la récupération des colis sont entièrement gérés par l’atelier et les équipes de Fairme.
"Nous nous engageons à prendre 500 litres de lait par jour et le fermier est rémunéré 60 à 80 centimes du litre, soit jusqu’à deux fois le prix du marché", explique encore Nathan Freret. L’idée étant de ne pas ajouter de travail à des fermiers à l’emploi du temps déjà surchargé et de favoriser la production et la consommation locale. "Nous allons livrer à partir de septembre dans un rayon de 90 km maximum autour de la ferme, avec des véhicules électriques ou via vélo-cargo dans les villes", poursuit le directeur des opérations.
Une levée de fonds prévue pour la fin de l’année
Fort de ce premier lancement commercial dans le Vercors, l’entreprise, qui entend se développer dans toute la France, "le long d’une diagonale mer-montagne" couvrant la Normandie, l’Île-de-France, la Bourgogne et l’Auvergne-Rhône-Alpes, devrait boucler un premier tour de table en fin d’année.
"Nous souhaitons lever entre 15 et 20 millions d’euros auprès de partenaires publics et privés afin de financer le développement de nos 100 prochains ateliers et la R & D nécessaire à la conception de notre seconde génération d’ateliers, pour qu’ils soient autonome en énergie", poursuit Nathan Freret.
La start-up, qui compte à ce jour 26 salariés, entend aussi doubler ses équipes d’ici la fin de l’année, côté R & D et commercial et embaucher des livreurs à plein temps. "Nous ne voulons pas de livreurs type Ubereats, nous aurons des employés à plein temps, qui connaissent nos produits et les clients", conclut Nathan Freret.
