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Les Fromageries Henri Hutin s’adaptent à l’évolution des goûts outre-Rhin
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Les Fromageries Henri Hutin s’adaptent à l’évolution des goûts outre-Rhin

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Basées à Dieue-sur-Meuse, au sud de Verdun, les Fromageries Henri Hutin viennent d’injecter « plusieurs dizaines de millions d’euros » dans une extension de 10 000 m2 des ateliers de production. Avec un objectif : séduire les consommateurs allemands.

L’entreprise filiale du groupe Hochland produit 15 000 tonnes par an de brie, un fromage apprécié des consommateurs allemands. — Photo : © Philippe Bohlinger

Les dirigeants comparent l’opération à une transplantation cardiaque. Les Fromageries Henri Hutin à Dieue-sur-Meuse, au sud de Verdun, engageront au printemps 2020 les travaux préparatoires à la construction d’une extension de 10 000 m² de leurs ateliers de production. La surface totale atteindra ainsi 40 000 m² au moment de leur inauguration prévue courant 2023.

Le calendrier du projet s’affine dans les bureaux de la direction, tandis que les champignons de surface de type pénicillium et geotrichum se développent patiemment dans les salles sous hygrométrie contrôlée. L’investissement de « plusieurs dizaines de millions d’euros » vise à adapter le site qui emploie 300 salariés en CDI (100 millions d’euros de chiffre d’affaires) à l’évolution des goûts outre-Rhin. En effet, l’entreprise, filiale du groupe allemand Hochland, alimente majoritairement la grande distribution germanique, les consommateurs allemands étant particulièrement friands de fromages à pâte molle d’origine français, de type « brie ». Fromageries Henri Hutin en produit 15 000 tonnes par an aux côtés de fromages à pâte fraîche (2 000 tonnes) et de fromages à pâte pressée (3 000 tonnes). La moitié est commercialisée sous des marques de distributeurs, l’autre moitié sous les propres marques de l’entreprise.

L’acquisition de la Fromagerie Henri Hutin, en 1978, avait marqué le premier déploiement du groupe bavarois en dehors de sa base de Heimenkirch (Allemagne). Il a, depuis, fait du chemin. L’entreprise aux racines familiales réalise aujourd’hui 1,49 milliard d’euros de chiffre d’affaires et compte 4 850 salariés dans 14 usines implantées en Russie, Pologne, Roumanie, États-Unis et Espagne.

Le groupe doit cependant rester attentif à l’évolution des goûts sur ses marchés. « Les consommateurs allemands privilégient désormais des produits plus typés, affichant une origine garantie, labellisés bio ou attentifs au bien-être animal », livre Josef Stitzl, gérant des Fromageries Henri Hutin. Afin de répondre à leurs attentes, le site de Dieue-sur-Meuse a déjà franchi un cap au 1er janvier 2018, date depuis laquelle la totalité du lait fourni par l’Union laitière de la Meuse et le groupement des éleveurs de lait de la vallée de la Rote en Moselle est garantie sans OGM.

Industriels main dans la main

Les nouveaux ateliers vont permettre de franchir une étape supplémentaire. « Nous allons remplacer le cœur de notre production, le coagulateur, davantage adapté à une production de masse, par une ligne bassines, plus flexible, qui nous permettra de maintenir une production en continu tout en travaillant avec différentes qualités de laits », assure Marc Dechoux, directeur administratif et financier.

Sur le site largement automatisé, l’investissement ne devrait pas être synonyme de hausse des effectifs, mais plutôt d’évolution des compétences. Afin de répondre à ses besoins, Fromageries Henri Hutin s’est d’ores et déjà associé à six autres transformateurs laitiers meusiens pour lancer en novembre 2019 un programme de formation sur mesure sous l’égide de la région Grand Est et de l’école nationale d’industrie laitière Enilbio de Poligny, dans le Jura.

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