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Yves Noirot (Fonderies de Sougland) : « Le volontariat territorial en entreprise pour recruter des jeunes diplômés »
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Yves Noirot directeur général des Fonderies de Sougland Yves Noirot (Fonderies de Sougland) : « Le volontariat territorial en entreprise pour recruter des jeunes diplômés »

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Yves Noirot, directeur général des Fonderies de Sougland (70 salariés, 6 M€ de CA) à Saint-Michel, dans l’Aisne. En recrutement, l’entrepreneur propose des contrats de volontariat territorial en entreprise (VTE), un nouveau dispositif destiné à attirer les jeunes diplômés de bac+2 à bac+5 vers les PME.

Dirigeant des Fonderies de Sougland, Yves Noirot fait partie des premiers à tester le contrat de volontariat territorial en entreprise — Photo : Les fonderies de Sougland.

Les Fonderies de Sougland sont en train de recruter via le volontariat territorial en entreprise (VTE). Objectif : séduire des jeunes de niveau bac + 2 à bac + 5, en offrant des postes à haute responsabilité. Pourquoi ?

Yves Noirot : Je cherche un bras droit pour plancher sur la stratégie de l’entreprise, les nouveaux modèles économiques, pour mettre en place des tableaux de bord, lancer des opérations de marketing ou encore une politique RSE. J’hésite entre un jeune issu d’école de commerce, qui planchera davantage sur le marketing, et un ingénieur qui se concentrera sur la production et l’innovation. Un contrat VTE peut s’effectuer en CDI, CDD ou en alternance. Personnellement, j’ai opté pour un contrat de deux ans en apprentissage. (NDLR : d’une durée d’un an minimum, le VTE cible uniquement les PME et ETI de l’industrie, services associés inclus, situées principalement sur la carte des « territoires d’industrie » définie par le gouvernement). Pour m’épauler, je recrute également un chief digital officer qui accompagnera notre transformation numérique. Un patron de PME a tendance à s’occuper de tout, c’est donc l’occasion de déléguer une partie de mes tâches. Je crois à l’apport d’un regard neuf. Un bras droit peut parfaitement avoir moins de 35 ans. Faisons confiance aux jeunes !

Pilote du dispositif, Bpifrance sélectionne et diffuse les offres sur vte-france.fr. Qu’attendez-vous de ce label VTE ?

Y.N. : Je compte bien élargir mon vivier de candidats. Le VTE offre un sourcing national. Il nous permet de recruter auprès des universités, des grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs, y compris les meilleures. De nombreux établissements réputés comme EM Lyon Business School ou les Arts et Métiers relaient ce type d’offre à leurs élèves. Un vrai plus.

« Le VTE invite les chefs d’entreprise à transmettre leur savoir-faire à des jeunes talents de 23-25 ans »

Certes, aujourd’hui quand je présente Les Fonderies de Sougland lors d’un entretien d’embauche, je réussis à faire briller les yeux de mon interlocuteur. En évoquant l’histoire de ces fonderies créées sous François 1er, nos projets d’innovation dans la fabrication de pièces en fonte et en acier, nos labels « vitrine industrie du futur » ou « entreprise du patrimoine vivant »… Toutefois, on capte moins de candidats que l’on aimerait. Notre région, la Thiérache, souffre d’un manque d’attractivité et d’accessibilité. L’usine est en zone rurale. Reims, la grande ville la plus proche, se trouve à 1h15 de route. L’autoroute à 45 minutes.

Vous dites qu’il s’agit aussi de transmettre un savoir-faire. Et pourquoi pas trouver un futur repreneur ?

Y.N. : Pourquoi pas ? Après deux ans de contrat, un jeune bras droit aura énormément appris. Seule une PME offre cette approche touche-à-tout. Le diplômé pourra ensuite occuper un poste-clé. Qui sait ? Peut-être aura-t-il l’envie de reprendre la société plus tard. Dans tous les cas, le VTE invite les chefs d’entreprise à transmettre leur savoir-faire à des jeunes talents de 23-25 ans. Ça fait partie de leurs missions, même si certains y restent peu enclins. Beaucoup s’apprêtent aujourd’hui à céder leurs affaires avant de partir en retraite. L’entreprise va perdurer. Mais leur savoir-faire, lui, risque de disparaître. Le VTE rappelle qu’il faut savoir passer le témoin.

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