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La biotech 4P Pharma lève 15 millions d’euros pour devenir une entreprise pharmaceutique
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La biotech 4P Pharma lève 15 millions d’euros pour devenir une entreprise pharmaceutique

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4P Pharma vient de boucler sa première grosse levée de fonds, d’un montant de 15 millions d’euros. Cette biotech lilloise, qui repositionne des médicaments existants pour soigner des maladies graves et non traitées, entend devenir une entreprise pharmaceutique. La commercialisation doit démarrer fin 2026, avec pour premières cibles l’arthrose et le syndrome respiratoire aigu.

Revital Rattenbach, fondatrice et dirigeante de la biotech lilloise 4P Pharma — Photo : 4P Pharma

Fondée en 2014 par Revital Rattenbach, 4P Pharma vient de boucler une levée de fonds de 15 millions d’euros, auprès d’une société de gestion française, dont le nom n’a pas été dévoilé. Cette opération financière doit permettre à la biotech, basée entre Lille (siège et laboratoires) et Paris (bureaux), de se muer rapidement en une entreprise pharmaceutique.

Régénérer des médicaments existants

Comptant une vingtaine de salariés, 4P Pharma est positionnée sur la régénération de médicaments. Autrement dit, elle réalise l’acquisition de médicaments déjà présents sur le marché, par exemple les GLP-1 dédiés au traitement de l’obésité, puis les modifie en vue de les repositionner sur des maladies graves et non traitées, ici l’arthrose. "Nous optimisons ces médicaments, en modifiant entre autres le mode d’administration ou le dosage", explique la dirigeante.

La levée de fonds réalisée va servir à financer l’acquisition de médicaments susceptibles d’être régénérés, pour lutter contre les maladies visées par la biotech. Parmi ses premières cibles, figurent l’arthrose, ainsi que le syndrome respiratoire aigu. La dirigeante évoque ensuite la sclérodermie, la cholangite sclérosante primitive ou les addictions.

Une stratégie atypique

À l’issue de cette levée de fonds, le capital de 4P Pharma reste détenu de manière majoritaire par Revital Rattenbach. Le reste est réparti entre le fonds de gestion récemment entré et d’autres actionnaires minoritaires, déjà présents : M comme Mutuelle ainsi que des business angels. "Vouloir devenir un acteur pharmaceutique peut faire peur à un investisseur spécialisé dans les biotechs, souligne Revital Rattenbach. En général, une biotech lève des fonds, développe une preuve de concept puis est rachetée par un grand groupe pharmaceutique, ce qui permet une sortie rapide de l’investisseur".

Or le parti pris de 4P Pharma, atypique dans le secteur, est de devenir elle-même une grande entreprise pharmaceutique. "Nous nous sommes adossés à une société de gestion non spécialisée, qui investit dans l’économie réelle et compte rester au capital pour soutenir la suite de notre développement".

Deux blockbusters potentiels

Les médicaments acquis puis régénérés sont protégés par des brevets produits. Une sécurité indispensable pour l’entreprise, qui porte actuellement deux blockbusters potentiels, c’est-à-dire des médicaments susceptibles d’être très utilisés. Il s’agit d’un traitement potentiel contre l’arthrose et d’un autre, contre le syndrome respiratoire aigu. Puisqu’ils ciblent des maladies à l’échelle mondiale, ces deux médicaments représentent "chacun plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires potentiel par an", annonce la dirigeante.

Pour ces deux produits, les essais cliniques de phase 1 sont terminés, attestant de leur innocuité. La phase 2 permettra ensuite de prouver leur efficacité chez l’homme. "Cette phase va être longue pour l’arthrose, d’environ trois ans, étant donné l’évolution lente de la maladie. Elle sera plus rapide dans le cas du syndrome respiratoire aigu, environ 6 mois", annonce la dirigeante. Si cette deuxième phase est concluante, 4P Pharma pourrait bénéficier d’une autorisation accélérée de mise sur le marché, avec une phase 3 raccourcie.

Revital Rattenbach veut commercialiser un premier médicament régénéré sur le marché fin 2026. "Nous allons démarrer par la France puis l’Europe, avant de vendre des licences aux acteurs déjà présents aux États-Unis ou au Japon", précise-t-elle. Pour limiter les risques d’échecs, sachant "qu’une phase 2, c’est en moyenne 28 % de succès", la biotech s’appuie d’une part sur des travaux de recherche et d’autre part sur l’IA. Cette dernière permet de cibler au mieux les patients susceptibles de répondre à la molécule lors des essais. "Nous avons ainsi une grosse probabilité de succès pour ces deux traitements", commente la dirigeante.

Le choix de s’autofinancer

En attendant de générer un blockbuster, 4P Pharma a fait le choix d’autofinancer une partie de son développement, au lieu de lever des centaines de millions d’euros, une pratique courante dans le secteur. "Nous nous sommes appuyés sur nos laboratoires lillois pour commercialiser des services d’études précliniques auprès d’entreprises dépourvues de ce type d’équipement, comme des start-up", explique la dirigeante, discrète sur ses chiffres actuels et qui prône une certaine indépendance, en vue de pérenniser la société.

Par ailleurs, 4P Pharma compte aussi commercialiser dès la fin de l’année 2025 les médicaments acquis, tels quels, c’est-à-dire avant leur régénération. En plus d’engendrer du chiffre d’affaires, cette initiative "permettra d’essuyer les plâtres au lancement de l’entreprise pharmaceutique, pour être au point lors de la commercialisation des médicaments régénérés", conclut la dirigeante.

Lille # Santé # Levée de fonds # Start-up # Innovation # Biotech
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