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Le retour en grâce du volontariat international en entreprise
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Le retour en grâce du volontariat international en entreprise

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Le volontariat international en entreprise tire un trait sur les années Covid et bat désormais des records en France. Ce dispositif qui permet de confier à des jeunes diplômés des missions à l’export compte s’ouvrir à de nouveaux publics avec la mise en place de nouvelles aides financières pour les entreprises.

Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France : "Nous fêtons notre 100 000e jeune parti en volontariat international en entreprise" — Photo : Etienne Gless

"Nous fêtons notre 100 000e jeune parti en volontariat international en entreprise (VIE) depuis l’an 2000". Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France, l’administration qui gère le dispositif, a le sourire. 2023 est l’année de tous les records pour le VIE. Jamais autant de jeunes n’ont été en poste. Oubliée la pandémie qui avait fait chuter le nombre de jeunes de 10 500 à 7 200 en 2022. En octobre 2023, 11 016 jeunes diplômés sont en mission dans 121 pays pour le compte d’entreprises françaises. Qu’il s’agisse de structurer une démarche export, d’identifier les prospects à l’étranger, d’y développer un réseau de distribution ou d’y réaliser un chantier, les missions confiées aux jeunes talents sont vastes.

Les pays concentrant le plus de VIE cet automne ? Belgique, États-Unis, Canada, Espagne, Allemagne. Le Royaume-Uni suite au Brexit ne figure plus dans le top 5 des destinations. "Par contre Suède, Norvège et Danemark enregistrent les plus fortes croissances. Et la République tchèque accueille aussi plus d’une centaine de VIE", observe Jean-Baptiste Reyé, directeur adjoint du VIE à Business France. Quant aux 2 000 entreprises utilisatrices de jeunes sous statut VIE, ce sont majoritairement des PME : 1 239 d’entre elles réalisent moins de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Aides et exonération de charges sociales

Créé après la suppression du service national, le Volontariat international en entreprise (VIE) est un dispositif de ressources humaines de mobilité internationale des jeunes encadré par l’État. Il permet aux entreprises françaises de confier une mission professionnelle à l’étranger, à un jeune diplômé âgé de 18 à 28 ans, pour une période de 6 à 24 mois. L’entreprise verse une indemnité forfaitaire mensuelle au jeune. Les entreprises peuvent publier leurs offres de mission sur le site Mon volontariat international en se créant un compte. La CV-thèque du site comporte actuellement 48 000 candidats en majorité des diplômés bac + 5 issus de formations variées et ayant de solides compétences linguistiques : écoles d’ingénieurs, écoles de commerce, universités… Le coût d’un VIE pour l’entreprise dépendra de la ville ou du pays de destination, du chiffre d’affaires de l’entreprise et de la mission confiée. Business France propose sur son site un outil de simulation.

Sur le plan budgétaire, le dispositif est exonéré de charges sociales en France. Le jeune sous statut VIE bénéficie d’une couverture sociale internationale prise en charge par Business France et est placé sous la protection de l’ambassade de France le temps de sa mission. Le dispositif ouvre aussi droit à des aides au cas par cas : financements, assurance-prospection, subventions régionales… Les PME en particulier peuvent bénéficier d’une subvention régionale pour financer le coût du VIE. Surtout sur le plan des ressources humaines, le VIE permet de repérer les talents et peut servir de sas de pré-embauche.

Le VIE veut diversifier les profils

"Un bac +5 n’est pas toujours le plus adapté pour un poste de développement commercial ou de technicien", estime Laurent Saint-Martin. "À l’avenir, les entreprises doivent proposer des missions plus adaptées au poste". De fait, le volontariat international reste élitiste : 75 % des VIE sont issus des grandes écoles et 90 % des offres de missions proposées exigent des jeunes un niveau bac + 5. Ingénieurs et commerciaux sont les profils les plus recherchés. En quête de diversité sociale, le programme VIE veut recruter davantage de jeunes issus des quartiers prioritaires de la ville et de jeunes diplômés de niveau bac 2/3 ou moins. Pour inciter les entreprises à diversifier les profils, Business France sort le carnet de chèques : "Nous prendrons en charge deux mois d’indemnités pour le recrutement de candidats issus des quartiers ou issus de formations courtes, soit environ 4 500 euros", annonce Laurent Saint-Martin.

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