Verkor, Arcelor, Desotec : les investissements qui marqueront 2023 dans les Hauts-de-France
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Verkor, Arcelor, Desotec : les investissements qui marqueront 2023 dans les Hauts-de-France

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2022 aura été marquée par le retour des investissements, notamment industriels. Arrivée de nouveaux acteurs, comme Verkor ou Desotec, ou renforcement d’entreprises historiques, comme ArcelorMittal, Goodyear ou Roquette, ils dessinent le paysage économique de la région de demain.

La gigafactory de Verkor va venir s’insérer dans un tissu industriel dense, où les synergies en vue de la décarbonation sont multiples — Photo : Dunkerque Promotion

Pleins feux sur la voiture électrique

Les années 2020 s’annoncent comme celles d’une nouvelle mutation industrielle pour les Hauts-de-France. La région devrait devenir, dans les prochaines années, la tête de pont de l’industrie automobile en version électrique. Outre Toyota et sa Yaris, c’est Renault qui mise désormais sur ses sites nordistes pour y asseoir son pôle "Electricity". Entre Douai et Maubeuge, verront désormais le jour non seulement la Mégane et la Kangoo 100 % électriques, mais aussi la 4L et la R5 nouvelle génération, ainsi que d’autres modèles encore confidentiels. En parallèle, c’est tout l’écosystème régional des sous-traitants qui suit le mouvement avec, notamment, la création de la "Battery Valley". Les trois gigafactories françaises, produisant des éléments de batteries de véhicules électriques, seront toutes situées dans les Hauts-de-France. Le site d’Automotive Cell Company, à Douvrin, devrait commencer à produire dès 2023. Celui d’AESC Envision, à Ruitz, sera opérationnel en 2024. Et pour 2025, est désormais attendu le projet de Verkor. La start-up grenobloise née en 2020, a choisi Dunkerque pour implanter son site de production. Un investissement d’1,5 milliard d’euros, synonyme de plusieurs milliers d’emplois. Les travaux devraient débuter dès 2023, pour un lancement de la production en 2025. Et après l’arrivée du chinois Minth, qui va construire des bacs batteries pour Renault à Douai, un nouvel acteur pourrait venir renforcer l’écosystème. Le marseillais Alteo, qui crée une joint-venture avec le coréen Wscope, et annonce vouloir monter en France une usine de séparateurs pour batteries à proximité des gigafactories françaises… Un projet à 600 millions d’euros, avec un millier d’emplois à la clef, qui pourrait bien, selon toute logique, atterrir dans les Hauts-de-France… suspense !

Häagen-Dasz se dote d’un centre de R & D

Häagen-Dazs dote son site de Tilloy-lès-Mofflaines, près d’Arras (Pas-de-Calais), d’un centre de recherche et développement d’envergure mondiale. Représentant un investissement de 15 millions de dollars (soit 13 millions d’euros), ce centre aura pour vocation de développer toutes les innovations en matière de crèmes glacées, et ce pour l’ensemble des pays où la marque est commercialisée, à l’exception du Japon et de l’Amérique du Nord. Häagen-Dazs, qui appartient au groupe agroalimentaire américain General Mills (18,1 Md€ de chiffre d’affaires en 2021, 35 000 salariés), produit à Tilloy, son seul site de production en Europe, près de 75 millions de litres de crèmes glacées par an, à destination de plus de 90 pays. 500 salariés y travaillent.

Häagen-Dazs va installer son centre de R & D mondial près d’Arras, dans le Pas-de-Calais — Photo : Jeanne Magnien

Coca-Cola modernise son site de Socx

Coca-Cola Europacific Partners France (CCEP France) nourrit de grandes ambitions pour son usine de Socx, près de Dunkerque, le plus grand de ses cinq sites français. La filiale française du géant américain (2 500 salariés en France, 2 Md€ de CA), qui vient d’y inaugurer une nouvelle ligne de production de boissons plates, va débloquer 30 millions d’euros supplémentaires pour poursuivre la modernisation du site. Depuis 2018, CCEP France a investi plus de 100 millions d’euros pour transformer en profondeur son usine. L’usine dunkerquoise, qui emploie 400 personnes, produit aujourd’hui tous types de boissons, gazeuses ou plates, et de formats : bouteilles en verre et plastique, et canettes, soit plus de 600 millions de litres de boissons chaque année. Dès 2023, elle comptera donc une nouvelle ligne canettes et une siroperie, qui permettront la création d’au moins 10 emplois supplémentaires.

Un centre de recyclage plastique pour Galloo

Le groupe belge Galloo (700 M€ de CA, 720 salariés) démarre la construction d’un centre de recyclage de déchets plastiques issus de l’activité économique. Cet acteur européen du traitement et du recyclage des déchets industriels va installer cette future unité à Harnes, dans le Pas-de-Calais. Elle représente un investissement de 26 millions d’euros et devrait générer 80 emplois d’ici 2024. L’usine traitera 200 000 tonnes de déchets d’activité économique (DAE) par an, pour produire des plastiques techniques recyclés bruts, qui seront ensuite raffinés sur son site d’Halluin (Nord).

Desotec choisit Ruitz pour son usine française

L’entreprise belge Desotec (160 collaborateurs, 65 M€ de CA), spécialisée dans le charbon actif, annonce son arrivée en France au travers d’une implantation à Ruitz (Pas-de-Calais). Elle va s’y doter d’une nouvelle usine, qui produira à destination du marché français. Depuis 1995, Desotec développe, produit et commercialise des solutions de purification, principalement basées sur la technologie d’adsorption sur charbon actif. Elles trouvent des applications dans le traitement industriel de l’air, du biogaz ou de l’eau, dans l’assainissement des sols pollués ou la purification des produits chimiques. Le projet de Desotec devrait se déployer en deux phases, avec une première construction de 8 500 m², pour un investissement de 70 millions d’euros. Cette première unité devrait être opérationnelle en 2025. Une deuxième phase, de 6 000 m² supplémentaires, pourrait être mise en œuvre dans un second temps. L’usine emploiera 150 salariés à terme.

Site de production de Desotec, en Belgique — Photo : Desotec

Le port de Boulogne se modernise

Les pelleteuses seront bientôt de retour sur le premier port de pêche de France. La Communauté d’agglomération du Boulonnais, la Région Hauts-de-France, propriétaire du port, et la Société d’Exploitation des Ports du Détroit ont acté en 2022 le futur plan pluriannuel d’investissement. De 2023 à 2028, 24,8 millions d’euros seront injectés pour moderniser le port de Boulogne-sur-Mer. L’investissement se déroulera en deux tranches. La première de 16,7 millions d’euros portera sur le confortement de l’existant (électricité et travaux publics) et sur l’installation d’équipements comme un poste de pesée et d’enregistrement de débarquement. Suivra une seconde phase de 8,1 millions d’euros.

ArcelorMittal mise gros sur Dunkerque

2022 aura été riche en annonces pour ArcelorMittal. Le géant de l’acier (158 000 salariés dont 15 000 en France, 76,6 Md$ de CA en 2021) a d’abord annoncé un plan d’investissement d’1,7 milliard d’euros pour, notamment, décarboner son site de Dunkerque. Il a ensuite récidivé à Mardyck, juste à côté. Si la somme est plus modeste, avec 300 millions d’euros annoncés, elle prédit un bel avenir au site, en le mettant au diapason d’un marché prometteur, celui des véhicules électriques. La nouvelle unité de production qui va être créée sur le site de Mardyck est destinée à fabriquer des aciers particuliers destinés aux moteurs électriques. Son démarrage est prévu en 2024, et elle aura une capacité de production de 200 000 tonnes d’acier par an.

ArcelorMittal investit 300 millions d’euros sur son site de Mardyck (59) pour se doter d’une unité de production d’acier dit "électrique" — Photo : ArcelorMittal

Goodyear repositionne son site d’Amiens

Le fabricant américain de pneus Goodyear annonce son intention d’offrir un bon rafraîchissement à son site d'Amiens, en y investissant 148 millions d’euros. Un effort auquel l’État Français participera à hauteur de 44 millions d’euros, sous forme de prêts et de subvention. Cette somme servira à moderniser les lignes de production, et à repositionner le site sur un segment plus haut de gamme, celui des véhicules légers électriques et hybrides. En parallèle, Goodyear s’engage à maintenir l’emploi sur dix ans, et à former ses équipes aux nouveaux process. Les effectifs devraient augmenter peu à peu pour arriver à 840 salariés, et la production, passer de 13 000 à 15 000 pneus par an.

Roquette se renforce sur les édulcorants végétaux

Déjà très en pointe sur les protéines végétales, Roquette se renforce sur les édulcorants et les excipients. Le groupe nordiste (3,5 Md€ de CA, 8 360 collaborateurs dans le monde) s’apprête à investir 25 millions d’euros sur deux ans sur son siège de Lestrem, dans le Nord, pour y moderniser son unité de production de polyols. Ces molécules, tirées du blé et du maïs, sont largement utilisées comme des édulcorants dans des produits "allégés" tels que les confiseries sans sucre, le chocolat, les produits de boulangerie, etc. Le financement permettra d’améliorer l’efficacité des équipements et d’en renforcer la sécurité. L’enjeu est aussi de standardiser certaines opérations industrielles.

Cité Marine se dote d’une usine dans l’Aisne

Cité Marine (1 700 collaborateurs, 370 M€ de CA) annonce l’ouverture d’un nouveau site de production à Saint-Quentin, dans l’Aisne. Ce fabricant de poissons, légumes et tartinables basé à Kervignac (Morbihan) investit 32 millions dans ce projet. La première tranche sera mise en service début 2023. Quelque 200 emplois seront créés d’ici 2025. Il s’agit de la première usine en dehors du Grand Ouest de la France pour Cité Marine, qui se développe fortement, notamment sur le marché végétarien. Au-delà de 2025, l’ETI prévoit un investissement complémentaire de 15 millions d’euros dans cette usine, ce qui porterait l’effectif à 350 emplois. Depuis 2012, Cité Marine est une filiale du groupe agroalimentaire japonais Nissui (15 000 collaborateurs, 5,5 Md€ de CA).

Cité Marine — Photo : Cité Marine

GSK veut produire plus de vaccins à Saint-Amand

Les laboratoires pharmaceutiques britanniques GSK (3 600 salariés, quatre sites) prévoient d’investir près de 118 millions d’euros en 2022-2023 en France, dont 45 millions d’euros sur leur site de Saint-Amand-les-Eaux (Nord). Sur ce site de production de vaccins, comptant 970 employés, les investissements portent notamment sur la digitalisation de l’usine, et le transfert d’étapes de production de vaccins vers la France. Une douzaine de millions d’euros va être dédiée à la création d’un nouveau centre de formation, opérationnel dès 2023. GSK France a dégagé un chiffre d’affaires 2020 de plus de 1,1 milliard d’euros (Groupe GSK : 39,2 milliards d’euros).

Intech’Medical double son usine sur la Côte d’Opale

Le fabricant d’instruments de chirurgie pour l’orthopédie Intech’Medical (155 M€ de CA, 1 050 salariés) va bientôt changer de dimension. D’ici 2024, il disposera d’un tout nouvel outil industriel pour produire poignées, compresseurs, cutters, entre autres outils utilisés par les chirurgiens. L’usine de Rang-du-Fliers (Pas-de-Calais), qui est aussi le siège monde du groupe, s’apprête à déménager dans un équipement dernier cri. Le site de production va passer de 4 700 m2 à 11 000 m2, et se voir doté des dernières technologies, au prix d’un investissement de 17 millions d’euros.

La future usine d’Intech Medical se déploiera sur une surface de 11 000 m2 au terme d’un investissement de 17 millions d’euros — Photo : Intech Medical

Le projet Seine-Escaut trace sa route

Alors que les travaux du Canal Seine-Nord ont enfin été lancés en 2022, le projet Seine-Escaut continue de prendre corps. Porté par le Groupement Européen d’Intérêt Économique (GEIE) Seine-Escaut, il s’est vu accorder une nouvelle tranche de financement européen, de 276 millions d’euros, pour une période courant jusqu’en 2026. Créé en 2010, le GEIE Seine-Escaut regroupe les quatre opérateurs du projet, acteurs de la voie d’eau en France et Belgique : Voies Navigables de France, Société du Canal Seine-Nord Europe, Service public de Wallonie, De Vlaamse Waterweg. Ce groupement transfrontalier inédit pilote la mise en œuvre des travaux visant à faire exister la liaison Seine-Escaut, connectant Paris et Le Havre aux grands ports maritimes de la Mer du Nord via la Seine, l’Oise, l’Escaut et la Lys. Ce projet structurant, qui passe par la requalification de centaines de kilomètres de canaux entre la France et la Belgique, représente plus de 10 milliards d’euros d’investissements sur la période 2004-2030. À terme, la liaison Seine-Escaut représentera comptera un réseau de 1 100 kilomètres de canaux grand gabarit.

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