Avec 49 millions de tonnes transbordées en 2022, le Port de Dunkerque a connu une croissance d’1,5 % en 2022, comparé à 2021. Pas le Pérou, mais le signe d’une reprise effective pour l’infrastructure, qui entre le Brexit, le Covid et la crise ukrainienne a essuyé trois tempêtes majeures ces dernières années. "Nous n’avons pas encore renoué avec les niveaux records d’avant-crise, mais la croissance est de retour", souffle Emmanuelle Verger, la présidente du Conseil de Surveillance du Port. "Le gaz naturel liquéfié (GNL), surtout, a tiré la croissance en 2022, ce qui confirme la stratégie Cap 2020, qui veut faire du port un acteur clé de la logistique régionale et nationale, comme de la décarbonation."
Vers un port "généraliste"
Dans le détail, ce sont les activités liées aux conteneurs (+ 14 %) et au GNL (+133 %) qui ont assuré la croissance pour le Port en 2022. Les autres secteurs, et notamment le vrac solide, lié de très près à l’activité des industries sidérurgiques, sont plutôt en retrait sur l’année : - 23 % sur les minerais de fer, -11 % sur les autres vracs solides, -5 % sur les marchandises diverses, -4 % sur les céréales… Au-delà de la conjoncture, c’est aussi le signe, selon le directeur commercial du Port, d’une évolution profonde. "Nous sommes en train de devenir un port généraliste, et plus seulement un port industriel. La hausse continue de l’activité sur les conteneurs en est la preuve. Avec 745 000 EVP, 2022 est la dixième année de hausse consécutive sur le trafic conteneur. Et la progression sur les deux dernières années, à +62 %, est la plus forte du rang nord-européen. Dunkerque est désormais le premier port français de transbordement en valeur relative", se félicite Daniel Deschodt.
Le tourisme transmanche, s’il est en train de reprendre, fait encore grise mine : avec 1,3 million de passagers transportés, soit une hausse de 86 % par rapport à 2021, c’est encore un million de passagers qui manquent à l’appel comparé à 2019.
Le retour des investissements
Le Port compte désormais continuer sur une trajectoire de croissance, et récolter les fruits des investissements réalisés en 2022. Portés à 80 millions d’euros l’année dernière, après 20 millions d’euros en 2020 et 50 millions en 2021, les investissements ont fortement repris. Pour 2023, l’enveloppe est estimée à 78 millions d’euros.
2022 a ainsi vu le doublement du "Dry port", le terminal ferroviaire (10,7 M€ investis), l’inauguration de la zone Dunkerque Logistique internationale (DLI) et ses 41 000 m² d'entrepôts livrés, ou les extensions du terminal céréalier et du terminal des Flandres. Et l’année a été marquée par de fortes annonces, comme l’implantation de Verkor et de sa gigafactory, ou les investissements d’Arcelor Mittal pour la décarbonation de ses activités.
En 2023, les chantiers qui vont s’ouvrir sont encore multiples. Est avant tout attendu, le résultat de l’appel à projets Zibac (Zone Industrielle Bas Carbone), synonyme de financements très importants pour les projets de décarbonation du Port. En outre, est prévue la reprise de l’activité sur le Quai Pondéreux Ouest, en attente d’un nouveau projet. Mais aussi, le lancement des études pour la création d’une deuxième zone DLI, sur 150 ha. Ou encore, le lancement des travaux sur un transstockeur à température négative, d’une capacité de 68 000 palettes, dédié à l’agroalimentaire, et par l’inauguration de la nouvelle usine du belge Clarebout Potatoes, qui a investi 140 millions d’euros sur le port. Quant à 2024, elle verra la mise en service de l’usine de SNF, spécialiste du traitement des eaux, fruit d’un investissement de 160 millions d’euros.
