Le groupe Getlink, concessionnaire des infrastructures du Tunnel sous la Manche, vient de publier un chiffre d’affaires 2020 en recul de 24 % par rapport à 2019. Celui-ci s’établit à 815,9 millions d’euros : un repli qui n’est pas à mettre en lien avec le Brexit, mais avec la crise sanitaire.
Un Brexit qui se conjugue désormais au passé
Comme pour les ports de Calais et Dunkerque, le Brexit semble désormais appartenir au passé pour Getlink. Il faut dire que ces différentes infrastructures ont eu le temps de se préparer. Voté en juin 2016, le Brexit n’est effectif que depuis le 1er janvier 2021. Un accord sur les relations commerciales, signé in extremis fin décembre, est venu apaiser les craintes de part et d’autre de la Manche.
Pour ces trois acteurs, qui ont préféré prendre les devants, le Brexit apparaît presque comme un non-événement. L’enjeu est pourtant de taille : chaque année en moyenne, 138 milliards d’euros de marchandises transitent par le tunnel et les ports de Calais et Dunkerque, depuis ou vers le Royaume-Uni. Getlink a investi 47 millions d’euros pour s’adapter aux nouvelles formalités douanières. Une initiative qui lui a permis de se déclarer « Brexit Ready » dès la fin de l’année 2019, juste avant que la crise sanitaire ne vienne changer la donne.
Un chiffre d’affaires satisfaisant face à la crise
Face à ces résultats 2020, direction de Getlink évoque "une bonne tenue du chiffre d’affaires dans un contexte difficile. La crise sanitaire et économique née en mars 2020 n’aura pas épargné le groupe de transport. Sur son activité navettes, le groupe enregistre un chiffre d’affaires de 521,4 millions d’euros, soit un recul de 17 % par rapport à 2020. 1,5 million de camions ont ainsi traversé la Manche en 2020, à bord des navettes. Quant aux véhicules de tourisme, ils étaient 1,4 million : "une performance remarquable comparée à nos concurrents", commente le groupe.
C’est surtout pour Eurostar que le bât blesse. La compagnie ferroviaire basée à Londres, qui exploite les trains à très grande vitesse passant par le tunnel, affiche sur toute l’année 2020 une baisse de son chiffre d’affaires de l’ordre de 77 %. Avant la crise, près de 50 trains empruntaient chaque jour le tunnel, contre un seul TGV aujourd’hui. Une situation tendue pour la compagnie ferroviaire, qui va avoir besoin d’un coup de pouce financier pour éviter la cessation de paiements.
Enfin, du côté d’Europorte, la filiale fret ferroviaire de Getlink, le chiffre d’affaires 2020 s’établit à 122,7 millions d’euros, en recul de 3 % par rapport à 2019 et ce, malgré l’arrêt temporaire d’activité de certaines usines en mars et avril. "En 2020, l’activité d’Europorte s’est développée vers l’Allemagne, ainsi que sur les segments céréaliers (export Chine) et ciments (Grand Paris) ; la société a fait preuve de flexibilité et a gagné des trafics de dernière minute. Plusieurs contrats importants ont été renouvelés ou gagnés (Grand Port Maritime de Dunkerque, Geogaz)", précise le groupe.
