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Paul Midy : "On double le nombre d'entreprises qui sont éligibles au statut de jeunes entreprises innovantes"
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Paul Midy député Renaissance "On double le nombre d'entreprises qui sont éligibles au statut de jeunes entreprises innovantes"

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Paul Midy, député Renaissance de l’Essonne, a remis un rapport au gouvernement en juin 2023, la mission Midy. Ce rapport porte sur le soutien à l’investissement dans les start-up, les PME innovantes et les PME en croissance. Il est à l’origine d’un dispositif "jeune entreprise innovante", prévu dans la loi de finance 2024, et qui s’étoffe depuis le premier janvier 2024.

Paul Midy, député Renaissance, au centre de la photo, et porteur du dispositif Jeune entreprise innovante. Ici, en déplacement chez Fairmat, qui recycle des fibres de carbone, près de Nantes — Photo : David Pouilloux

Vous avez remis au gouvernement un rapport pour favoriser l’investissement dans les start-up et les PME innovantes, dont plusieurs des propositions ont été reprises par la loi de Finances pour 2024, notamment la modification de statut de jeunes entreprises innovantes (JEI). Quel est l’objectif ?

C’est un dispositif qui doit aider des milliers de jeunes entreprises innovantes, deux fois plus que ce qu’on avait avant, soit passer d’environ 6 000 aujourd’hui à 12 000 d’ici à 5 ans. On les aide sur tout ce qui est une difficulté pour les entrepreneurs : l’embauche, les levées des fonds, la trésorerie et l’accès à la commande publique. Cette mesure doit permettre d’aller chercher plusieurs milliards d’euros dans la poche des particuliers-investisseurs pour financer nos start-up et créer de l’emploi. Cette seule mesure pourrait créer entre 30 000 et 50 000 emplois dans les prochaines années.

"Nous proposons une incitation fiscale pour que les particuliers qui investissent dans ces entreprises aient une réduction d’impôts"

Vous proposez une évolution du dispositif JEI…

Le dispositif JEI existe depuis plusieurs années en effet. On l’augmente d’une façon considérable sur deux aspects. En premier, on double le nombre d’entreprises qui sont éligibles, en créant notamment une nouvelle catégorie JEIC, jeunes entreprises innovation et de croissance pour toutes les entreprises qui ont un taux de R & D entre 5 et 15 %. On crée en parallèle une nouvelle catégorie JEIR jeune entreprise innovante de rupture. Celui-ci est dédié aux start-up deeptech qui ont vocation à participer à la réindustrialisation de notre pays.

Comment inciter les particuliers à investir dans les start-up ?

Les Français ont 5 000 milliards d'euros en épargne, ce qui est considérable. Nous avons des incitations fiscales pour investir dans l’immobilier ou la dette de l’État. Mais cela ne sert pas nos entreprises innovantes. Nous proposons une incitation fiscale pour que les particuliers qui investissent dans ces entreprises aient une réduction d’impôts. Ce sont évidemment des investissements très risqués. Il faut donc un levier fort. L’autre motivation, c’est d’avoir à l’esprit que cet argent est utile pour participer à la réindustrialisation de notre pays, pour le plein-emploi et la transition écologique.

Au centre, Paul Midy, député Renaissance, et Mounir Belhamiti, député de Nantes, en déplacement chez Underdog, qui reconditionne du gros électroménager, à Nantes, lors du Tour de France de l’Innovation — Photo : David Pouilloux

Souvent, on a collé au Président de la République l’image négative de la start-up nation. Qu’en pensez-vous ?

C’est devenu une vilaine caricature. Mais il faut reconnaître une chose : si on regardait ce que c’était la French Tech, notre écosystème de start-up, voilà 10 ans, c’était peut-être trop cantonné à des start-up qui faisaient du digital, des sites internet, dans le 8e arrondissement de Paris, avec des cofondateurs qui sortaient d’HEC. On pouvait se demander à quoi ça servait tout ça. Mais notre écosystème de l’innovation, ce n’était pas que ça, et ce n’est plus du tout ça.

C’est aujourd’hui entre 5 à 10 % de l’emploi créé en France. Ce sont des entrepreneurs et des entrepreneuses qui bossent comme des chiens pour développer leurs entreprises et créent de l’emploi. Dans tous les secteurs et avec tous les types d’innovations ! Depuis quelques années, on voit naître des start-up de la deeptech, qui portent des innovations de rupture, avec des nouvelles technologies issues notamment dans laboratoires de recherche, comme Verkor, à Grenoble, qui vient de lever 850 millions d’euros et va construire une usine de batterie à Dunkerque. C’est une vraie chance pour notre pays.
Paris ne mobilise plus autant l’attention ?

Il y a des start-up partout sur le territoire français qui sont extraordinaires. Et, en nombre, environ 70 % nos start-up et de nos PME innovantes sont hors d’Île-de-France. Ces entreprises génèrent tout type d’emplois. J’ai dirigé des start-up dans l’e-commerce, et la majorité de mes salariés, c’était des préparateurs et préparatrices de commande, des cuisiniers, des cuisinières, des personnes dans des services téléphoniques. Il n’y a pas que des développeurs dans une start-up.

"Nos start-up, nos PME innovantes et nos PME en croissance peuvent être à l’origine de 300 000 à 500 000 créations d’emplois dans les prochaines années"

Nantes est la 10e étape de votre Tour de France de l’innovation. Vous avez visité Underdog et Fairmat, deux entreprises de l’économie circulaire…

Nos start-up sont des pépites de toutes les tailles. Elles sont des futures championnes. Underdog est très intéressante parce qu’elle fait trois choses qui me plaisent beaucoup. Un : ce sont trois cofondatrices, trois femmes qui ont créé cette start-up et, il faut le dire, ça manque dans notre écosystème d’innovation de start-up qui est encore très masculin. Il faut qu’on les aide encore plus, qu’on les soutienne et qu’on pousse les femmes à aller entreprendre. Deux : elles font de la transition écologique en reconditionnant de l’électroménager, ce qui nous permet de baisser notre empreinte carbone. Trois : elles créent de l’emploi industriel. La majeure partie de leurs salariés sont des reconditionneurs, c’est-à-dire des personnes qui réparent des machines, des personnes qu’elles forment sur place en quelques mois. Nous avons besoin de ce genre d’emplois dans notre économie. Fairmat, c’est pareil : ils exploitent des fibres de carbone périmées et en font de nouvelles pièces pour différents secteurs de l’industrie. Grâce à un nouveau projet de R & D, ils seront capables d’utiliser la fibre de carbone usagée, issue de pièces de l’aéronautique par exemple, pour en faire des raquettes de padel, du mobilier, et des éléments de chaussures de sport. C’est aussi de l’industrie, de l’économie circulaire et de la transition écologique.

Quel est votre regard sur l’avenir et quelle ambition portez-vous ?

Je suis né dans ce pays il y a 41 ans, et je n’ai quasiment connu que le chômage de masse. On le voit enfin diminuer depuis 7 ans. Je veux qu’on aille au bout de l’exercice et qu’on tue le chômage. Et pour tuer le chômage, il faut encore créer entre un million et un million et demi d’emplois. Nos start-up, nos PME innovantes et nos PME en croissance peuvent être à l’origine de 300 000 à 500 000 créations d’emplois dans les prochaines années. Grâce à elles, dans les 3 à 5 ans, on peut donc faire jusqu’à un tiers du chemin pour aller au plein-emploi. Nous allons tout faire pour les aider afin qu’elles y parviennent.

France # Start-up # PME # Collectivités territoriales # Fiscalité