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Verallia installe des fours électriques à Cognac pour réduire son empreinte carbone
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Verallia installe des fours électriques à Cognac pour réduire son empreinte carbone

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Le groupe français Verallia multiplie les investissements dans ses usines françaises de production verrière. L'industriel installe deux fours entièrement électriques dans son usine de Cognac, en Charente, qui va servir de site pilote pour tenir les engagements du groupe d’aller vers la neutralité carbone en 2050.

L’usine de fabrication de verre pour la filière spiritueux de Verallia à Cognac, en Charente — Photo : Verallia/Franck Dunouau

Un test grandeur nature. C’est ce que va devenir, à partir de novembre 2023, l’usine de Cognac (Charente) du groupe français Verallia (2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, 10 000 salariés). Spécialisée dans la fabrication de verre blanc, notamment pour la filière spiritueux (cognac en tête), l’usine qui produit chaque jour 1,3 million de bouteilles va réaliser un vaste investissement de 35 millions d’euros. Il comprend la conception, par le groupe d’ingénierie industrielle Fives, de deux fours électriques utilisant une technologie de fusion à voûte froide. Si un premier four sera livré avant la fin de l’année, le deuxième, lui, ne sera pas installé avant 2024.

Le renouvellement des anciens fours de l’usine, qui produit du verre blanc et coloré (vert), correspond à un plan plus vaste du groupe, qui compte sept sites de production verrière en France : celle de réduire de 46 % ses émissions de CO2 d’ici 2030. "Pour atteindre ce chiffre, nous devions intégrer des changements dans l’énergie ou la consommation d’énergie que nous utilisions, notamment l’énergie fossile", assure Romain Barral, directeur des opérations de Verallia.

Fours hybrides vs électriques

Le remplacement des fours, qui pèsent 80 % des émissions de CO2 du groupe (2,8 millions de tonnes en 2021), représentent donc un axe hautement stratégique. A fortiori pour une filière de la transformation du verre qui représente 3 % des émissions de gaz à effet de serre de l'industrie et qui est en pleine recherche d’alternatives. "Les deux fours actuels sont électriques entre 5 et 10 %, le reste est constitué d’énergie fossile, principalement du gaz naturel ou du fioul. Nous allons donc tester deux solutions : des fours hybrides, utilisant l’énergie électrique (à 80 %) et la combustion, et les fours électriques de Cognac", précise le responsable, révélant que la localisation des fours hybrides n’a pas encore été décidée. La stratégie finale de Verallia est de déployer l'une ou l'autre des technologies plus massivement (le groupe dispose de 59 fours dans le monde, 14 en France) "à l'horizon 2027", précise le directeur des opérations. "Nos cadences d’investissements sont calées sur la durée de vie des fours, soit environ douze ans. Le site de Cognac devait les renouveler prochainement. De plus, les fours électriques ne permettent pas de fabriquer tous les types de verres, ils sont très efficaces pour le verre blanc et extra-blanc, typiquement celui que l’on fabrique dans cette usine."

Les nouveaux fours, qui produisent 150 à 200 tonnes de verre par jour, auront donc pour but de "remplacer complètement la capacité du four en verre blanc, qui produit environ 300 tonnes par jour. Cela va nécessiter trois mois de travaux. Les 35 millions d’euros d'investissement à Cognac comprennent aussi des rénovations d’équipements actuels.

Alternative énergétique

Une bouffée d'air frais pour l’usine de Cognac, concernée en 2020 par une restructuration de son activité et la suppression de 130 postes dont 80 sur place. Verallia avait pris la décision de ne pas reconstruire le troisième four de l’usine, dédié à la fabrication de bouteilles pour le marché du vin, arrivé en fin de vie. En cause : la baisse de la demande et la hausse des imports verriers. Pourtant, l’investissement local dans des fours électriques, au moment où la facture d’électricité flambe et menace l’arrêt de certaines activités industrielles, n’a pas été remis en question par la maison mère, qui multiplie les annonces d’investissement depuis le début de l’année, dont six millions d’euros pour récupérer la chaleur fatale des fours de son usine de Lagnieu (Ain) et 65 millions d’euros pour moderniser son usine de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).

Selon Verallia, les fours électriques sont les plus efficaces énergétiquement par rapport à la tonne de verre produite. "Quasiment 100 % de l’énergie électrique amenée au four est transmise au verre, contre 75 % pour la combustion. Les autres alternatives, comme le biogaz, sont possibles mais si nous pouvons les tester, or nous n’avons pas les capacités ni les écosystèmes pour les déployer à l’échelle du groupe", élude le porte-parole de Verallia. "Nous travaillons avec nos fournisseurs d’énergie pour mettre en place des contrats sur le long terme (plus de dix ans) pour garantir notre approvisionnement", détaille Romain Barral. "Nous avons beaucoup échangé avec les autorités pour expliquer nos contraintes : soit nous trouvons des énergies de substitution au gaz comme le fioul, soit nous opérons des baisses d’activité."

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