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Boutin Services investit 2 millions d’euros pour laver les bouteilles de vin et de bière réutilisables
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Boutin Services investit 2 millions d’euros pour laver les bouteilles de vin et de bière réutilisables

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Depuis plus de cinquante ans, en plus de faire de l’embouteillage pour les vignerons, Boutin Services vend et lave des bouteilles de vin et de bière. L’entreprise, implantée près de Nantes, vient d’investir près de 2 millions d’euros dans une nouvelle machine pour multiplier par plus de deux et demi son activité de lavage.

William Boutin, responsable du lavage de l’entreprise Boutin Services, et membre de la troisième génération de cette PME familiale, qui investit 2 millions d’euros dans une machine de lavage de bouteilles — Photo : David Pouilloux

On reconnaît souvent une entreprise familiale à la façon dont votre interlocuteur ouvre spontanément la discussion sur l’histoire de l’entreprise plutôt que sur son actualité. "J’appartiens à la troisième génération des Boutin. C’est mon grand-père Charles qui a créé l’entreprise en 1969, et mon père, Charles également, en a pris les rênes en 1998", rapporte William Boutin, responsable du lavage des bouteilles de cette PME implantée à Clisson, au cœur du vignoble nantais. L’entreprise vient d’accueillir une nouvelle machine, qui lave, sèche et sélectionne les bouteilles de bière, de vin ou de jus de fruits afin qu’elles puissent vivre une seconde vie. "C’est un investissement de 2 millions d’euros, avec un soutien de l’Ademe de 300 000 euros, annonce William Boutin, lui-même arrivé il y a seulement quelques mois dans l’entreprise familiale. Nous avons recruté quatre personnes et nous préparons déjà l’étape suivante : installer un système de palettisation automatique, afin que les bouteilles, une fois propres, ne soient plus touchées par une main humaine."

La propreté est la pierre angulaire de ce métier, qui consiste à assurer une prestation de services aux vignerons, brasseurs et autres producteurs de jus de fruit engagés dans le réemploi de leurs bouteilles. "Cette activité représente 10 % de notre chiffre d'affaires aujourd’hui, et l’on vise 25 % d’ici à 2025, précise William Boutin, qui pilote cette activité au sein de la PME de 52 salariés qui vient d’atteindre 13 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous lavons 2 millions de bouteilles par an, et l’on vise les 5 millions d’ici à deux ans." L’entreprise bénéficie d’un contexte favorable, après une période de vache maigre lorsque la consigne, en 2008, a laissé la place aux bouteilles à usage unique proposé par les géants du secteur, O-I et Verallia. "Nous sommes passés de 8 millions de bouteilles lavées par an, à 2 millions 15 ans plus tard, explique le trentenaire. Mais mon grand-père nous avait dit : "Gardez le lavage, ça reviendra !""

Réduire son empreinte carbone

William Boutin, responsable du lavage de l’entreprise Boutin Services qui lave près de 2 millions de bouteilles de vin, bière et jus de fruits par an — Photo : David Pouilloux

Sous l’effet de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, promulguée en septembre 2021, l’État soutient le changement de modèle de production et de consommation afin de limiter les déchets et de préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat. La seconde vie a donc le vent dans les voiles.

"Dans le monde du vin et des bières, les bouteilles représentent 80 % du bilan carbone des entreprises"

"Une bouteille réemployée est 50 % moins cher, et elle permet d’économiser 79 % d’énergie, beaucoup d’eau, et cela réduit de 76 % les émissions de CO2 par rapport à une bouteille neuve, argumente William Boutin. Dans le monde du vin et des bières, les bouteilles représentent 80 % du bilan carbone des entreprises. Le réemploi est donc un levier d’actions très important pour réduire son empreinte carbone." Aujourd’hui, dans un rayon de 200 km, une centaine de clients font appel aux services de Boutin, qui lave 40 types de bouteilles de vin. Et qui reconnait qu'il reste encore des choses à améliorer, avec notamment "un effort à faire sur les étiquettes, qui sont difficiles à retirer, car les colles sont trop fortes." L'entreprise élabore actuellement une charte avec des imprimeurs d'étiquettes, pour trouver des solutions innovantes.

Une autre partie du chiffre d’affaires de l’entreprise est liée à son activité d’embouteillage, à l’aide de camions embouteilleurs, sur place, pour le compte de vignerons (10 millions de bouteilles). Une autre consiste à vendre des bouteilles neuves (20 millions de bouteilles). "On ne peut pas récupérer celles qui sont parties à l’export ou celles qui sont jetées dans les containers à verre, dit William Boutin. Mais le potentiel de croissance de notre marché repose sur des milliards de bouteilles qui pourraient être lavées, au lieu d’être jetées, cassées et refondues à 1 500 °C."

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