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Ces entreprises qui remettent la consigne du verre au goût du jour
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Ces entreprises qui remettent la consigne du verre au goût du jour

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Plusieurs petites entreprises d’Auvergne Rhône-Alpes, comme les lyonnais Oé et Rebooteille ou le grenoblois Dabba, contribuent à relancer la filière du réemploi du verre à travers la consigne.

La jeune entreprise lyonnaise Rebooteille a collecté 20 000 bouteilles consignées en 2021 — Photo : Theo Viallard

L’évolution de la législation, qui pousse au réemploi et au recyclage, ne laisse pas le choix aux industriels… mais à ce stade ce sont les TPE et PME qui donnent l’exemple. Ainsi la jeune pousse lyonnaise Oé (ex-Pinot Bleu) s’est lancé le défi de réintroduire la consigne dans l’univers du vin. Une première en France. Fondée en 2015 par Thomas Lemasle et François-Xavier Henry, Oé commercialise une gamme de 15 références de vins bio et végan créés en collaboration avec des viticulteurs et distribuées dans 600 magasins et épiceries en France.

Filière en pleine structuration

Depuis l’été 2020, grâce à une levée de fonds de 2,5 millions d’euros, la jeune entreprise organise une collecte de bouteilles dans la moitié de ses points de ventes; Elles sont ensuite lavées et remises sur le marché. Oé observe pour l’instant un taux de retour de 30 %. "Une bouteille lavée nous coûte deux fois plus chère qu’une bouteille neuve, car nous absorbons tous les coûts logistiques. Donc plus nous serons nombreux, plus les prix baisseront", indique Thomas Lemasle. Avec la consigne, l’entreprise, qui a vendu 400 000 bouteilles cette année et multiplié par quatre son chiffre d’affaires, mise sur une filière en pleine structuration.

A Lyon, Oé travaille en partenariat avec le lyonnais Rebooteille, une société coopérative d’intérêt collectif qui s’emploie depuis un an à organiser le circuit de réemploi des bouteilles : collecte, lavage et livraison.

En 2021, elle a récupéré 20 000 bouteilles consignées dans l’Ain, le Rhône et la Loire, et compte multiplier ce chiffre par dix l’an prochain. La coopérative, qui sous-traite aujourd’hui le nettoyage à Ma Bouteille s’appelle Reviens, dans la Drôme, projette de construire sa propre ligne de lavage d’ici 2023. "Nous espérons atteindre un seuil de rentabilité dès 2024 grâce à un volume d’au moins un million de bouteilles", présente Étienne Perrin-Gouron, cogérant de Rebooteille. La TPE compte 15 associés : des collectivités, des distributeurs ou des producteurs comme La Brasserie Stéphanoise, Ninkasi ou le fabricant de jus et de fruits Bissardon.

Former les professionnels au réemploi

Dans l’écosystème de la consigne, la start-up Dabba, créée à Grenoble en 2020, a choisi de s’attaquer au secteur de la restauration et de ses emballages jetables pour la vente à emporter. Elle met à disposition des cafés et restaurants des contenants en verre réutilisables. Le client paie une consigne de 5 euros à la première utilisation et peut ensuite ramener le contenant dans l’un des 70 établissements du réseau, où il sera lavé et réutilisé. Pour ce service, Dabba facture 35 centimes l’utilisation.

"Un emballage plastique ou carton coûte entre 30 et 66 centimes. Notre objectif est d’inciter les restaurateurs à transférer le budget du jetable vers le réutilisable", décrit Marion Scapin, l’une des cofondatrices. La start-up, labellisée Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale, propose aussi d’accompagner et de former les professionnels au réemploi. Présente à Grenoble, Lyon, Chamonix et Annecy, Dabba aurait évité de jeter plus de 30 000 emballages depuis son lancement. Selon l’Ademe, le réemploi du verre consomme quatre fois moins d’énergie et 30 % moins d’eau que son recyclage.

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