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Le lunetier nantais Binocle Eyewear veut multiplier par 4 son chiffre d’affaires d’ici à dix ans
Nantes # Industrie # Investissement

Le lunetier nantais Binocle Eyewear veut multiplier par 4 son chiffre d’affaires d’ici à dix ans

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La PME Binocle Eyewear s’est fait connaître avec une paire de solaires abordable, personnalisable et solide. Sa gamme compte désormais 90 modèles pour 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires prévu en 2024. Plusieurs acquisitions sont envisagées pour multiplier par quatre le chiffre d’affaires d’ici à dix ans.

Deux des trois co-fondateurs de Binocle Eyewear, Philippe Perdriau et Samuel Jouzel — Photo : (c) Binocle Eyewear

Une marque de lunettes, solaires ou optiques, de plus en plus en vue. Binocle Eyewear est partenaire du festival de métal Hellfest (Clisson) ou de la course automobile des 24 heures du Mans (Sarthe), et très présente sur les réseaux sociaux. Cette entreprise vient d’écouler 90 000 paires, en 2023, un record pour la marque. Fondée en 2016 à Sautron, au nord de Nantes, elle prévoit en 2024 un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros (en croissance de 9 %). "Nous avons passé avec succès toutes les étapes de croissance rapide, de structuration de la première décennie d’une entreprise, se félicite Samuel Jouzel, 41 ans, PDG et cofondateur. Nous préparons la deuxième décennie sereinement".

1,3 million d’euros investis à Sautron

En location dans des bureaux de 200 m², la PME de 19 salariés est en train de faire construire un bâtiment de 800 m². Toujours du côté de Sautron, pour un déménagement prévu en juillet. Investissement total : 1,3 million d’euros, alors que tout est internalisé de la création à la logistique. À l’exception notable de la fabrication (en Asie ou à Nantes, suivant les gammes). "Nous réfléchissons à intégrer une partie de la production, indique Samuel Jouzel, ingénieur qui monte ainsi sa quatrième société. Nous sommes déjà sur plusieurs dossiers de croissance externe, sur des marques avec ou sans usine. C’est qu’ainsi que nous pourrons atteindre les 10 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 10 ans."

Sur les 800 mètres carrés des nouveaux locaux, 300 seront loués en attendant que l’entreprise grossisse. Les 500 autres mètres carrés auront trois rôles différents : un open space pour les fonctions support, un espace de stockage, et enfin un espace de préparation de commande permettant montage, assemblage, nettoyage, et expédition. "Nos lunettes partent dans le monde entier, jusqu’au Japon, et l’export représente 5 % de nos ventes", note Samuel Jouzel.

Peu de concurrence sur le milieu de gamme

Depuis l’origine, ils sont trois associés nantais possédant un tiers du capital chacun, avec donc Nicolas Bézier, 34 ans, et Philippe Perdriau, 41 ans. Ce dernier, opticien depuis 20 ans, dessine de A à Z les 90 modèles commercialisés. "Nous combinons ce qui se fait de mieux dans différentes marques. Une forme avec une cote par exemple, à partir des envies des clients en magasin. Sinon nous inventons la monture dont nous avons envie, détaille-t-il. Binocle, c’est une lunette lifestyle qualitative, vendue à un prix honnête et juste".

La marque – au nom trop commun pour être déposable – connaît d’abord le succès avec son premier modèle de solaires, "Original", écoulé à 100 000 unités. Car quasiment incassable – plastique polycarbonate ; fixations et non vis pour les branches – unisexe et ultra-personnalisable avec 1 500 combinaisons de formes et couleurs. "L’idée s’avère basique, mais il y a dix ans, vous aviez peu ou pas de concurrents sur le milieu de gamme", rappelle Samuel Jouzel.

Marque omnicanal

En solaire, les prix des "Binocle" (60 modèles) s’étalent de 35 à 89 euros, alors que l’optique fait l’objet de remboursements sous conditions de l’Assurance maladie. Le lunetier nantais est une marque omnicanal : 60 % des ventes se font via 1 000 revendeurs physiques, dont 800 opticiens et 200 magasins autres, comme des surfs shops. 20 % des ventes se font en ligne et les 20 % restants lors d’évènements, mais uniquement en solaire dans ces deux derniers cas. "Sur la partie optique, il y a beaucoup de concurrents, mais de la place pour tous. Car un opticien doit proposer 20 ou 30 marques en boutique, note Samuel Jouzel, en solaire de qualité et looké autour de 50 euros, il n’y a presque que Izipizi [créée en 2010 à Paris, 300 salariés, NDLR]. "

Lancement d’une nouvelle marque

Lunettes de la gamme " Bonne Franquette " lancée par Binocle Eyewear à la fin 2023, s’inspirant de l’univers de la gastronomie — Photo : (c) Binocle Eyewear

Fin 2023, Binocle Eyewear a aussi lancé une deuxième marque, "Bonne Franquette", en jouant sur l’univers de la gastronomie. 30 modèles d’optiques uniquement, plus chères, car de fabrication française dans les usines nantaises de MB Production (18 salariés) et Production Lunetière à Nantes (20 salariés). Ce qui permet de cibler des clientèles complémentaires. "Pour la solaire Binocle, ce sont plutôt de jeunes trentenaires, hommes ou femmes, qui se soucient de leur look, plus que de la marque et ne veulent pas avoir peur de les perdre", note le cofondateur Philippe Perdriau. Bonne Franquette, c’est une clientèle un petit peu plus âgée, de 40 à 60 ans, qui a l’habitude d’aller en magasin. Elle veut passer du classique au design pour ses lunettes de vue, mais pas trop loufoque non plus", poursuit-il.

À l’avenir, l’entreprise nantaise vise d’autres segments, plus spécifiques, notamment les lunettes sportives et techniques pour le ski, le cyclisme et le nautisme par exemple. " Il y a des parts de marché à aller chercher et c’est assez fun", en sourit le PDG Samuel Jouzel.

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