À peine la centrale photovoltaïque de Kingersheim (5 MW) mise en service début février que le directeur de Tryba Energy Mathieu Foerderer se projette déjà vers les chantiers à sortir en 2024 pour une puissance de 43 MW. Le projet majeur, la centrale de Réguisheim (23 MW) dans le Haut-Rhin devrait entrer dans sa phase de travaux en septembre 2024. Comme le chantier de l’hôpital de Haguenau.
Avec 200 centrales solaires en exploitation, l’équivalent de 63 MW exploités dont 20 MW en propre, la filiale du menuisier Atrya (343 M€ de CA 2022) s’est fixé d’ambitieux objectifs. Au mois de mai dernier, Tryba Energy (26 salariés ; 3,1 M€ de CA 2023, hors exploitation et maintenance) a levé 100 millions d’euros auprès d’un pool bancaire pour financer l’existant et les projets futurs. "Nous avons actuellement 250 MW en développement à différents stades, cette enveloppe va nous permettre de nous développer sur quatre ans, le cycle de développement d’une centrale photovoltaïque", affirme Mathieu Foerderer.
Une dynamique porteuse
Il faut dire que les voyants sont au vert : la création des zones d’accélération dans les communes, le développement de l’Agri-PV, les politiques d’aides aux entreprises, laissent entrevoir de belles opportunités de croissance. "Tout va dans le bon sens", confirme Mathieu Foerderer.
La dynamique est porteuse alors qu’en attendant la gigafactory d’Holosolis à Hambach, la filière européenne de production de panneaux solaires connaît une débâcle qui rappelle celle de 2010 sur un marché à l’époque beaucoup moins mature. "On essaye, chaque fois que c’est possible, d’utiliser des panneaux d’origine française ou européenne, mais c’est de plus en plus compliqué puisque la filière industrielle n’existe pas ou pratiquement plus. Aujourd’hui, pour de grands projets photovoltaïques, peu de fournisseurs européens sont capables de fournir les modules, observe Mathieu Foerderer. Mais il faut reconnaître que les prix des panneaux chinois ont été divisés par trois en deux ans et sont extrêmement attractifs."
Cap sur l’autoconsommation
L’un des axes majeurs du développement de Tryba Energy pour les années à venir portera sur le marché de l’autoconsommation et sur "le corporate power purchase agreement", le marché de la revente de gré à gré. "Nous souhaitons être très actifs sur le B to B et être beaucoup plus présents sur le marché industriel qui va se développer massivement", précise le directeur de Tryba Energy.
Un nouveau marché, celui de l’hôpital de Haguenau dans le nord du Bas-Rhin, le premier projet d’envergure en autoconsommation doit faire office de vitrine. Il s’agit d’ombrières sur le parking du centre hospitalier qui devront développer 1,7 MW pour alimenter le site. À terme, le développeur alsacien entend proposer ses services aux industriels, logisticiens ou aux centres commerciaux qui souhaitent consommer leur propre production ou la revendre à des tiers identifiés.
S’assurer des prix constants
"Il y a une demande pour ce type de projets en autoconsommation, l’industrie a connu il n’y a pas si longtemps des tarifs de l’énergie qui étaient sensiblement plus élevés. Les entreprises cherchent à s’assurer des prix constants, et le photovoltaïque est une énergie renouvelable. De nombreux industriels cherchent donc à valoriser leur toiture, leur parking, et parfois même de la réserve foncière, en recherchant un développeur indépendant des gros énergéticiens", estime Mathieu Foerderer qui précise, "que pour l’instant ce type de projets représente 15 % du chiffre d’affaires de Tryba Energy."