C’est une première étape, mais elle augure bien pour Tiamat. Employant une vingtaine de salariés, la start-up amiénoise, qui développe depuis 2017 des batteries reposant sur une technologie sodium-ion, annonce avoir sécurisé 30 millions d’euros sur les 150 millions dont elle a besoin pour entamer la construction de sa propre gigafactory. Un projet ambitieux, puisqu’il prévoit d’avoir levé l’ensemble de la somme, en equity et en dette, d’ici la fin 2024, pour une inauguration de la première tranche de l’usine fin 2025. L’ensemble du projet nécessiterait, à terme, 500 millions d’euros d’investissement.
Fait notable, cette première phase de la troisième levée de fonds de Tiamat fait rentrer plusieurs gros acteurs industriels à son capital : le constructeur Stellantis, au travers de son fonds Stellantis Ventures, le spécialiste des adhésifs et coatings Arkema (11,5 Md€ de CA, 21 100 salariés), et le groupe aéronautique MBDA (4,2 Md€ de CA, 6 000 salariés). Ils sont accompagnés par les actionnaires historiques de l’entreprise, Finovam, CAP3RI, Nord France Amorçage, la SICAE de la Somme, Céleste Management, et par Bpifrance. De la dette vient compléter le tour de table, qui s’élèverait à 22 millions selon Arkema, non confirmé par le dirigeant de Tiamat qui préfère communiquer sur l’enveloppe globale, de 30 millions d’euros.
Entrée en phase industrielle
C’est dire en tout cas, si la technologie de Tiamat, alternative au lithium-ion, intéresse. La start-up, spin-off du CNRS et lauréate French Tech 2030, a déjà réussi cet automne un beau coup d’éclat en commercialisant ses batteries dans une gamme d’outillage à main, vendue chez Leroy Merlin. Elle est ainsi devenue la première entreprise au monde à mettre en œuvre cette technologie à grande échelle, dans un produit grand public. Fin 2023, elle recevait déjà des marques d’intérêt de Stellantis, qui l’a récompensée lors de la deuxième édition des Stellantis Ventures Awards. Le constructeur confirme aujourd’hui son envie d’aller plus loin, et l’applicabilité de la technologie sodium-ion pour l’industrie automobile.
"Stellantis a clairement l’intention d’adapter notre technologie aux besoins de l’automobile. Cela va demander des ajustements, et un certain travail de développement, mais cela s’inscrit aujourd’hui dans les objectifs du groupe", se réjouit Hervé Beuffe, le président de Tiamat. "Notre technologie, qui a l’avantage de demander un temps de charge très court pour beaucoup de puissance délivrée, mais avec une moindre autonomie, peut être adaptée à certains besoins, pour certains types de véhicules. Il faut imaginer un paysage demain, où différentes technologies de batteries co-existeront, toutes adaptées à des usages différents." De plus, cette technologie, affranchie du lithium et du cobalt, détient "la promesse d’une souveraineté accrue, ainsi que d’un véhicule plus abordable, et plus écologique. On va dans le bon sens," se félicite Hervé Beuffe.
La Picardie aura sa gigafactory
Si le calendrier est tenu, la Picardie aura donc elle aussi sa gigafactory, a priori la cinquième de la région, fin 2025. Elle sera implantée sur 25 hectares. "Nous voulons rester dans l’écosystème des Hauts-de-France, et nous avons des propositions foncières intéressantes. Nous ambitionnons de rester dans l’Amiénois", précise Hervé Beuffe. La première tranche prévoit une puissance de 0,7 GWh. La capacité totale, de 5 GWh, devrait être atteinte à l’horizon 2030. Un millier d’emplois sont annoncés sur le site à terme.
