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La société de biotechnologie Aliri se mue en un groupe international
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La société de biotechnologie Aliri se mue en un groupe international

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Créée en 2010 à Eurasanté, la société nordiste Aliri (ex-Imabiotech) poursuit l'ambition de devenir un groupe international de biotechnologie. Fort d'un chiffre d'affaires de 35 millions d'euros, son dirigeant et fondateur, Jonathan Stauber, veut voir l'entreprise doubler de taille d'ici 2027. Cela passera par le renforcement des activités d'imagerie à Lille et par une opération d'acquisition en Europe.

L'entreprise nordiste Aliri accompagne l'industrie pharmaceutique dans le développement de nouveaux médicaments, à travers une offre de service de R&D — Photo : Aliri

Quand il crée sa société de biotechnologie en 2010, via l’incubateur d’Eurasanté, Jonathan Stauber a déjà la volonté d’en faire un groupe international. "Mon ambition était d’atteindre les 500 salariés. Aujourd’hui, nous en comptons 200, nous ne sommes pas encore à l’objectif", souligne le dirigeant et fondateur. L’entreprise, née sous le nom d’Imabiotech puis devenue Aliri en 2023, poursuit donc son développement. À travers ses services d’imagerie et de bio-analyse, elle teste l’efficacité de molécules qui entrent dans la composition de nouveaux médicaments. Aliri est donc une société de recherche sous contrats, qui opère pour le compte des grands industriels pharmaceutiques (Sanofi, Merck, Servier, Amgen, etc.), "dont 80 % de l’activité de recherche clinique est externalisée à des sociétés comme la nôtre". L’entreprise nordiste affiche un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros, avec un prochain cap fixé à 60 millions d’euros, à l’horizon 2026/2027. Cette croissance sera à la fois portée par le développement de nouvelles technologies d’imagerie et par de la croissance externe, avec l’Europe en ligne de mire.

50 brevets déposés en 10 ans

"Nous sommes sortis de l’incubateur d’Eurasanté pour créer une société de diagnostic, avec une activité alimentaire de services, notamment en imagerie, qui a vite pris le dessus", relate Jonathan Stauber. Le dirigeant a finalement misé sur cette deuxième activité, qui lui a permis d’atteindre la rentabilité très rapidement, "quasiment dès le premier exercice". Depuis sa création, Aliri a déposé 50 brevets sur les techniques d’imagerie, afin d’apporter des solutions de plus en plus efficaces aux groupes pharmaceutiques. La PME nordiste a également développé son propre logiciel d’image, incluant l’intelligence artificielle, capable de mesurer un nombre important de paramètres et participant à obtenir une mesure de l’efficacité de médicaments.

Cette activité d’imagerie est réalisée dans les locaux lillois d’Aliri, au sein du parc Eurasanté, tandis que deux sites aux États-Unis sont le bastion de l’activité de bio-analyse (recherche autour du dosage de médicaments dans le sang). Après avoir concentré ses efforts sur le développement outre-Atlantique ces dernières années, Jonathan Stauber veut développer le site lillois. L’objectif est de répondre aux défis de demain en matière d’imagerie : avec les nouvelles thérapies – par exemple, les thérapies cellulaires et géniques – les besoins évoluent, appelant des techniques toujours plus innovantes.

Un nouveau laboratoire lillois de 300 m²

Dans cette optique, Aliri a décidé l’ouverture d’un nouveau laboratoire de 300 m², dans le prolongement de ses locaux actuels, sur le parc d’activité Eurasanté. Cet outil, dédié à 100 % aux nouvelles technologies d’imagerie, devrait être opérationnel au printemps. Il comptera une quarantaine de collaborateurs d’ici deux ou trois ans, "en fonction de la croissance du marché". Son activité sera dédiée aux nouvelles générations de molécules. "Il existe trois classes de molécules dans l’industrie pharmaceutique : les chimiques, qui sont le berceau de ce secteur, les protéines, arrivées il y a 15 ans et toujours en croissance et enfin, l’ADN/ARN qui se développent fortement depuis le Covid et demandent des outils différents en matière imagerie", détaille Jonathan Stauber. C’est donc à cette dernière catégorie de molécules que le nouveau laboratoire va consacrer son activité d’imagerie, avec des marchés cibles qui sont ceux "de l’oncologie, des maladies rares, auto-immunes ou l’immunité de manière générale".

Pour ce laboratoire, Aliri consent un investissement machines de "400 000 à 600 000 euros, pour commencer", annonce le dirigeant. Un investissement qui aurait selon lui frôlé les 2 millions d’euros s’il avait été réalisé quelques années plus tôt : "Le prix des machines a baissé ces dernières années, pour assurer aux fabricants une meilleure pénétration des marchés. Cette baisse est compensée par la hausse du prix des consommables, un coût qui est pris en charge par nos clients", explique le dirigeant. Pour ces nouvelles technologies d’imagerie, dédiées aux molécules ADN/ARN, Aliri a lancé un programme de R & D il y a un peu plus de 18 mois, "avec des résultats prometteurs". Chaque année, l’entreprise consacre un budget d’environ 1,5 million d’euros à la R & D.

80 % de l’activité réalisée aux États-Unis

Avec ce laboratoire, Aliri va doubler ses effectifs à Lille, qui s’établissent à une quarantaine de collaborateurs. Le reste des équipes, soit près de 160 salariés, se situe aux États-Unis, où la PME réalise 80 % de son activité, contre 5 % en France et 15 % dans le reste de l’Europe. Ce déploiement outre-Atlantique, Jonathan Stauber l’avait en tête dès la création. "C’est lié au fait d’avoir réalisé une partie de ma thèse sur l’imagerie aux États-Unis. J’ai établi un plan de développement américain avec Business France et dès 2013-2014, l’entreprise comptait 50 % dans ce pays".

Aliri a ensuite accéléré cette aventure américaine avec la mise en place, en 2016, d’un bureau commercial à Boston, avant d’y ouvrir un laboratoire de 750 m², en 2017. En 2018, Jonathan Stauber fait d’ailleurs le choix de s’expatrier aux États-Unis, avec sa famille, pour accélérer encore ce développement, avant un retour en France en 2021. "À la fin de la crise sanitaire, nous avons été approchés par des fonds. Cela coïncidait avec notre stratégie, qui était de faire de la croissance externe, dans le but d’élargir notre offre de services, mais aussi d’acquérir des talents". Courant 2021, la société de biotechnologie a donc signé avec le fonds lyonnais ArchiMed, "qui a pris une participation majoritaire au capital, pour accompagner l’entreprise dans ses opérations de croissance externe, afin qu’elle devienne un groupe". Les deux associés historiques d’Aliri, Finovam et Nord France Amorçage, ont cédé leurs parts à cette occasion.

Un développement par acquisitions

Dès 2021, Aliri a donc fait l’acquisition de la société Pyxant Labs, basée à Colorado Springs et d’un site de la société Covance, à Salt Lake City. L’opération lui a permis d’atteindre les 25 millions d’euros de chiffre d’affaires et surtout, de se doter d’une activité de bio-analyse, autrement dit de services complémentaires à son activité d’imagerie, pour proposer à ses clients une prestation plus complète dans l’analyse de l’efficacité des nouveaux médicaments. Avec ce rachat, Aliri a commencé à se muer en groupe international, "même si nous essayons de rester agiles, avec un fonctionnement en mode start-up". L’entreprise porte à présent un projet d’acquisition en Europe, sans destination précise, l’idée étant de se doter à nouveau de services complémentaires. "La recherche pharmaceutique est un sujet mondial, l’endroit où se situent les acteurs importe peu".

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