En franchissant le seuil de Parean Biotechnologies, on entre dans une autre dimension. Celle de l’infiniment petit. Créée à Saint-Malo en juin 2021, par Valentin Quiniou, Marwan Touati et Hang-Phuong Pham, l’entreprise est la seule en France et en Europe à être spécialisée dans la génération et l’analyse de données "omics" en immunologie. Son activité consiste à réaliser des analyses du système immunitaire (système de défense, de tolérance ou de régulation) à partir de prélèvements sanguins ou de tissus. Parean récupère les cellules d’intérêt puis le matériel génétique, qu’il amplifie et séquence, pour en extraire une masse d’informations et décoder le système immunitaire (les anticorps ou biomarqueurs présents sur une partie de cellule ou de lymphocyte par exemple). Il s’ensuit un codage informatique de l’analyse, et l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle, mis au point par le mathématicien de l’équipe, Hang Phuong Pham. La majorité du nombre infime d’entreprises qui travaillent sur ce segment se trouve aux États-Unis, et habituellement, les laboratoires ne traitent pas ces données. "Nous avons créé Parean Biotechnologies pour fournir ce service aux laboratoires européens, explique Valentin Quiniou, pharmacien de formation. Nous travaillons donc pour des unités de recherche publiques, spin-off académiques et des biotechs."
Auprès des biotechs et big pharma
À la clé de ce savoir-faire de haut vol qui comprend de la data science, il y a des publications dans des revues de recherche scientifique. Elles sont indispensables pour asseoir le sérieux du laboratoire et gagner en visibilité. "C’était l’objectif de cette première année d’exercice", confie Valentin Quiniou qui a investi, avec ses associés, 500 000 euros pour créer l’entreprise (dont 350 000 de prêt bancaires). Trois publications ont ainsi été faites en 2021. Pour cette deuxième année qui démarre, Parean vise les sociétés des biotechs, pour "leur apporter du conseil, de l’analyse et un wet-lab qui traite les échantillons, car elles n’ont pas toutes nos équipements." Faire des prestations de service permet aussi à l’entreprise de préparer le déploiement de ses programmes de recherche.
En parallèle, la jeune entreprise multiplie les rendez-vous commerciaux avec les big pharma et biotechs. "Le contexte du Covid nous a aidés car tout le monde était en télétravail, ce qui nous a permis de déclencher plus facilement des rendez-vous en visio partout en Europe. Nous n’aurions pas pu faire tous ces rendez-vous en présentiel !" souligne Valentin Quiniou. Résultat, Parean Biotechnologies est allé plus vite dans sa phase de lancement. Pour l’instant, il a confirmé une douzaine de contrats. "Avec les big pharma, les process prennent plus de temps. Nous leur proposons d’intervenir dans leur R & D thérapeutique ou diagnostique. Dans le cadre du développement de médicaments d’immunothérapie par exemple, ou pour caractériser des maladies que l’on connaît mal. Nos tests permettent de découvrir de nouvelles cibles de médicament, ou de prédire si tel médicament sera efficace sur tel patient."
Service R & D et programme européen
Pour aller plus loin, Parean Biotechnologies va lancer son propre service de R & D en interne en 2022, pour développer des produits ou applications sur les traitements contre le cancer, par exemple. Les Malouins sont d’ailleurs sélectionnés pour un programme de recherche européen, et plusieurs dossiers de financement sont montés pour lancer les pilotes des programmes de recherche interne. "Nos programmes sont prêts, le deuxième trimestre verra le lancement opérationnel et les recrutements de talents". Les objectifs 2022 et 2023 sont clairs : étoffer l’offre de services et s’étendre en Europe.
