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Realmeca progresse dans le sillage du chasseur Rafale
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Realmeca progresse dans le sillage du chasseur Rafale

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La hausse des cadences de production de l’avion de combat de Dassault Aviation pousse le fabricant meusien de sous-ensembles pour l’aéronautique Realmeca à investir 5,5 millions d’euros et recruter 25 personnes.

L’entreprise va augmenter sa surface d’atelier de 1500 mètres carrés — Photo : Philippe Bohlinger

C’est un fleuron de la mécanique industrielle en Lorraine. En ce début d’année, le fabricant de sous-ensembles pour la défense et l’aéronautique Realmeca à Clermont-en-Argonne (Meuse) voit son activité décoller, portée par la hausse des ventes à l’export du chasseur français, le Rafale. Dans ce contexte, l’entreprise qui émarge au rang des quelque 500 fournisseurs de l’avion de combat de Dassault Aviation, injecte 5,5 millions d’euros sur ses exercices 2022 et 2023. L’objectif consiste à augmenter son parc machines, étendre de 15 % la superficie de ses ateliers et gagner en autonomie énergétique. Sur le Rafale, la PME de 140 salariés (chiffre d’affaires de 34 millions d’euros en 2022) assemble le système de guidage automatique des missiles, mais aussi un dispositif optronique destiné à la vision nocturne et diurne, ainsi que plusieurs sous-ensembles du système d’autodéfense (brouillage, détection, etc.). Dans une salle de montage, la spectaculaire ossature en aluminium du radar à antenne active qui équipe le nez de l’avion, s’apprête à recevoir ses cartes électroniques, ses systèmes de câblage, etc.

Le calme à l’intérieur des ateliers situés en bordure de la Meuse et de la Marne, ne laisse guère transparaître l’effervescence actuelle. "Nous devons parvenir à doubler dans le courant de l’année 2023 notre niveau de production pour notre principal client, le groupe Thales qui équipe le Rafale", résume Bruno Gailly, le président de Realmeca.

Procédés alimentés en énergie solaire

Dassault Aviation avançait jusqu’à ces dernières années au rythme d’un Rafale assemblé chaque mois. L’avionneur entend tripler cette cadence d’ici la fin de l’année. Aussi Realmeca investit-il depuis un an dans ses capacités industrielles pour passer de 40 machines en 2021 à 58 machines à la fin de l’année. Certaines sont équipées d’une logistique automatisée ouvrant la possibilité de produire en dehors des horaires d’ouverture. Le dirigeant met en parallèle la robotisation avec le projet d’installation de 5 000 m² de panneaux photovoltaïques (500 kilowatts crêtes en autoconsommation). "La production d’énergie solaire va couvrir une partie de nos besoins électriques pour fabriquer en continu", note-t-il. Afin d’absorber les cadences, la société de mécanique de haute précision élargit également son panel de sous-traitants et organise le recrutement de 25 salariés cette année pour couvrir les départs en retraite et la hausse du carnet de commandes.

Bruno Gailly, nouveau président de Realmeca — Photo : Philippe Bohlinger

La collaboration entre Thales et la PME lorraine ne date pas d’hier. Dans les années 80, l’électronicien français alors baptisé Électronique Marcel Dassault, était venu à Clermont-en-Argonne rencontrer Jean Friess, le fondateur de Realmeca décédé il y a un an et demi à l’âge de 88 ans. "Le gouvernement incitait les grands donneurs d’ordres de l’aéronautique à identifier des PME lorraines susceptibles de fabriquer des pièces pour leurs programmes industriels. Il s’agissait de compenser les effets de la crise de la sidérurgie sur l’emploi", narre le président de Realmeca.

Posée sur une palette, une série de pièces de robinetterie industrielle rappelle les origines de la société : créée en 1962, elle était au départ tournée vers ce secteur. Mais ce qui fait le succès actuel de Realmeca, c’est la combinaison de l’assemblage de sous-ensembles pour l’aéronautique-défense avec l’activité de son département "machines-outils". L’entreprise assemble en effet ses propres machines et distribue celles de l’allemand Spinner et de l’américain Haas pour une grande diversité de clients : horlogerie, automobile, division des applications militaires du CEA (Commissariat à l’énergie atomique).

Transition managériale

Ces activités se nourrissent mutuellement. "Nous usinons une partie des composants destinés à Thales sur nos propres machines et nous réalisons en parallèle des opérations de contrôle extrêmement poussées. Au final, on peut dire que Realmeca apporte 50 % de valeur ajoutée sur un sous-ensemble du Rafale", précise Bruno Gailly.

Cette polyvalence – les deux départements génèrent chacun environ la moitié du chiffre d’affaires – associée au souci de l’excellence a permis de traverser la pandémie de Covid-19, juge Jean-Baptiste Medot, directeur commercial du département des machines-outils. "L’année 2020 a paradoxalement été notre meilleure année en prise de commandes. Avec la paralysie des supply chain mondiales, de nombreux commanditaires ont redécouvert les territoires du nord-est de la France, leur forte culture industrielle, leurs PME efficaces, rapides, capables de proposer des solutions clé en main." L’exercice 2022, le meilleur des années 2000 pour le département machines-outils, s’est conclu par une hausse de 25 % du chiffre d’affaires global, soit un retour au niveau de 2019. La société table encore sur une progression cette année pour atteindre plus de 40 millions d’euros. Cette dynamique coïncide avec une transition managériale. Bruno Gailly est devenu récemment l’actionnaire majoritaire de l’entreprise, après l’acquisition des parts des deux héritiers de Jean Friess. Le nouveau président, entré chez Realmeca comme ingénieur à sa sortie des Arts et métiers, parle d’une transition dans la continuité, insistant sur son attachement à l’esprit familial de Realmeca.

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