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Préservation de la nappe phréatique : une obligation de résultat pour les agriculteurs
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Préservation de la nappe phréatique : une obligation de résultat pour les agriculteurs

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Les acteurs de la filière agricole alsacienne se sont engagés à accentuer la réduction du recours aux herbicides et à maximiser "les surfaces à bas niveau d’impact sur la qualité de l’eau" de la nappe phréatique. Avec une obligation de résultat.

Une trentaine d’acteurs régionaux se sont engagés dans la préservation de la nappe phréatique et des aquifères du Sundgau — Photo : Pascale Schaeffer

Atrazine, micosulfuron, simazine, métolachlore… En 2016, l’observatoire de la nappe phréatique (Aprona) rend les conclusions d’un vaste inventaire des contaminants des eaux souterraines du Rhin supérieur. Le programme Ermes (financé en partie par des fonds européens) pointe la présence de molécules utilisées à des fins agricoles dans la nappe phréatique.

De ce constat naît un partenariat incitatif. Une première convention sur cinq ans (2018-2022), liant les acteurs de la filière agricole à l’État notamment, fixe alors une première feuille de route à l’échelle alsacienne. Elle implique la réduction du recours aux produits phytosanitaires et le choix de cultures "à bas niveau d’impact" (agriculture biologique, chanvre, myscanthus, herbe…) autour des zones de captage d’eau critiques. 15 000 hectares sont concernés. Selon les calculs de l’Agence de l’eau Rhin Meuse, une enveloppe de 32 millions d’euros d’aides, tous financeurs confondus, a été consacrée à la transition.

L'usage des herbicides déjà réduit de 25%

À l’heure du bilan, les cultures à bas niveau d’impact couvrent désormais 24 % de la surface agricole utile à l’échelle de la nappe alsacienne et 32 % autour des zones de captage. 7 % des surfaces sont passées en agriculture biologique. Les efforts ont permis de réduire d’un quart l’usage d’herbicide à l’échelle de la nappe et d’un tiers à l’échelle des aires d’alimentation de captage.

7 % des surfaces en bio, un bilan encore insuffisant

Début décembre, une trentaine de partenaires dont la Chambre d’agriculture, le comptoir agricole et les négoces (qui vendent les intrants), l’Agence de l’Eau, l’État, la Région Grand Est et le Sage ont durci le dispositif. Solutions EAU Nappes d’Alsace et Sundgau 2027 substitue désormais aux contrats de solutions "des contrats de résultats". Toujours sur le territoire alsacien, mais sur 51 zones de captages (dont 29 nouveaux captages cibles).

6 millions d'euros débloqués par an

Ceux-ci seront scrutés à la loupe : le recours aux herbicides devra y être divisé par deux d’ici 2025 pour les aires d’alimentation de captages, 20 % des surfaces devront être cultivées en bio, les surfaces en cultures à bas niveau d’impact devront également être maximisées. Un programme de 6 millions d’euros annuels devrait accompagner le mouvement.

"Il va falloir nous adapter, a commenté Denis Nass, président de la Chambre d’agriculture. Dans le même temps, nous devons rester compétitifs dans un marché de plus en plus libéral et ouvert. On avancera donc prudemment." Denis Nass exhorte aussi à ne pas perdre les aides accordées (dont les PSE, paiements pour services environnementaux). Pour Gérard Lorber, secrétaire général de la FDSEA passera notamment par l’innovation. "Avec le réchauffement climatique, nous aurons aussi beaucoup plus d’agresseurs de cultures à l’avenir, rappelle-t-il. La sélection variétale apportera une part de la solution."

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