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Pour les usines d’Arquus, l'"économie de guerre" tarde à se concrétiser
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Pour les usines d’Arquus, l'"économie de guerre" tarde à se concrétiser

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Leader européen des véhicules blindés, avec un chiffre d’affaires de 550 millions d’euros en 2022, Arquus a récemment renforcé ses capacités de production. Mais l'"économie de guerre" promise par Emmanuel Macron tarde à se concrétiser, malgré des investissements dans son usine de Limoges.

L’usine de Limoges d’Arquus est loin de tourner à 100 % de ses nouvelles capacités — Photo : Nicolas Broquedis

Des investissements, en espérant des commandes. "Depuis 2020, nous avons investi 12 millions d’euros dans notre outil industriel pour répondre à une exigence nouvelle de nos clients : raccourcir les délais de production, augmenter les cadences, livrer un maximum de matériel en un minimum de temps afin de concentrer la formation, la prise en main, et se déployer plus vite sur le terrain", explique Michel Brun, directeur des opérations chez Arquus. Cette filiale de Volvo produit 90 % des véhicules à roues de l’armée de terre française, sur quatre sites : Garchizy (Nièvre), Marolles-en-Hurepoix (Essonne), Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et Limoges (Haute-Vienne).

Les camions des canons Caesar

À Limoges, l’entreprise a ainsi construit une plateforme logistique de 9 000 m², attenante à l’usine, restructuré toute sa supply chain, ajouté une ligne de production, créé une école des métiers, qui lui confèrent une hyper-flexibilité et la capacité de monter rapidement en puissance. "Nous pouvons désormais produire jusqu’à 6 véhicules blindés par jour et par ligne, contre 2 auparavant. Et passer si besoin en rotation 2x8 ou 3x8", explique Sophie Rol, la directrice du site limougeaud. L’agression russe en Ukraine a servi de baptême du feu industriel. Pour remplacer les 30 canons mobiles Caesar livrés par la France à Kiev, l’armée a commandé 36 nouveaux modèles à Nexter (canon) et Arquus (camion porteur), avec un délai de production ramené à 18 mois, contre 44 auparavant.

L’export pèse 20 % des ventes

Produire plus et plus vite : un double impératif au cœur de "l’économie de guerre", décrétée à l’été 2022 par Emmanuel Macron pour préparer le pays à des conflits de haute intensité. Des paroles encore peu suivies d’effet. Bien qu’annoncée avec une dotation record - 413 milliards d’euros sur 7 ans -, la loi de programmation militaire 2024-2030 prévoit un étalement dans le temps du programme Scorpion, visant à renouveler les capacités de combat de l’armée de terre. Dans ce cadre, Nexter, Thales et Arquus - pour la partie mobilité - étaient chargés de fabriquer 1 872 blindés Griffon et 300 Jaguar d’ici 2030. Le planning pourrait donc être allégé. Certes, le site de Limoges a conclu d’autres grands contrats, comme la modernisation des Véhicule de l’avant blindé (VAB), la production de 382 Griffon et de 60 Jaguar pour l’armée belge, ou encore la fabrication de véhicules pour les forces spéciales françaises. Mais il est loin de tourner à 100 % de ses nouvelles capacités. En attendant une clarification de la stratégie française, l’entreprise se tourne vers l’export, qui représente aujourd’hui 20 % de ses ventes. Si l’Afrique boude désormais la présence et les matériels français, l’Europe de l’Est, au contact direct des prédations russes, montre un vif intérêt. Face à la concurrence américaine, sud-coréenne, turque ou israélienne, Arquus et ses partenaires auraient bien besoin d’un soutien affirmé de l’État.

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