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"Notre objectif est de doubler les effectifs en alternance d’ici à 2030"
Interview Moselle # Logistique # Ressources humaines

Laurent Leleu DRH France du groupe FM Logistic "Notre objectif est de doubler les effectifs en alternance d’ici à 2030"

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Le DRH pour la France du logisticien mosellan FM Logistic (CA : 1,7 Md€ ; 28 000 salariés), Laurent Leleu, veut recruter toujours plus grâce à l’alternance. Outre la possibilité de soutenir la croissance de l’entreprise, ce mode de recrutement permet surtout au groupe de miser sur la promotion interne.

Laurent Leleu est le DRH pour la France du groupe FM Logistic — Photo : FM Logistic

Pourquoi avez-vous choisi de développer l’alternance chez FM Logistic ?

Notre objectif est de doubler les effectifs en alternance d’ici à 2030. Aujourd’hui, nous sommes à 150 personnes en alternance, sur un total de 6 400 salariés en France, et nous devrions réussir à clôturer l’année à 175, chiffre comprenant les apprentis et les contrats de professionnalisation. Je suis un ancien alternant, un ancien apprenti et cela va bientôt faire 21 ans que je suis au sein du groupe, donc je suis d’autant plus convaincu par le modèle. Aujourd’hui, en tant que DRH, j’ai la conviction que l’avenir de l’entreprise passe par les jeunes. Notre objectif, c’est que les jeunes mettent un pied dans l’entreprise, aient envie de rester auprès de nous pour ensuite aller saisir les opportunités qu’il est possible de leur proposer au sein du groupe.

Il y a toujours un risque à utiliser l’alternance : le jeune formé peut toujours aller se vendre ailleurs…

Je le vois plutôt comme une opportunité. L’opportunité de le faire venir dans l’entreprise, de lui donner envie de rester. Et c’est généralement ce qui se passe. Au-delà de cette première étape, au-delà du contrat pro et de l’apprentissage, il y a l’après. Notre promesse, à FM Logistic, c’est un "Graduate Program", un parcours de 30 mois sur-mesure, structuré pour le jeune diplômé, au-delà de ces études. C’est un tremplin, un accélérateur de carrière. C’est ce que j’ai fait il y a un peu plus de 20 ans. À Bac +5, j’ai suivi un parcours de 3 ans qui m’a permis d’accéder à un premier niveau de management. Dans ce dispositif, nous créons une promotion de 15 à 20 personnes, avec des formations théoriques et pratiques, et nous allons former des responsables logistiques, des responsables de production industrielle, et des responsables de transport. À ces métiers, s’ajoutent aussi les fonctions support, qui sont clés pour nous.

Quel est votre niveau d’investissement dans la formation de vos salariés ?

Chaque année nous investissons entre 3,5 et 4 % de notre masse salariale en formation, au titre de notre plan de développement de compétences. Nous avons une particularité dans l’entreprise, c’est d’avoir une école de formation, qui s’appelle "FM University". Les jeunes sont au cœur de notre dispositif de formation. Ils vont l’être en apprentissage, ensuite au travers du "Graduate Program", pour les jeunes diplômés, et tout au long de leur carrière, nous allons continuer à les alimenter en formation ou en parcours d’évolution. Le modèle de l’entreprise ne consiste pas à aller débaucher des talents dans d’autres entreprises, mais notre credo, c’est : "On forme, on forme, on forme". Notre offre de valeur est claire : quand un salarié arrive dans l’entreprise, il est possible, s’il en a la volonté et le potentiel, d’évoluer. Avec un autre dispositif, que sont les groupes de potentiel, il est possible de continuer à évoluer sur toutes les fonctions clés opérationnelles et jusqu’au poste de directeur de plateforme. Donc, quelqu’un qui sera amené à gérer un centre de profit de 200 voire 300 collaborateurs et de 20, 30, 40 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Les métiers de la logistique représentent environ 10 % de l’effectif salarié en France, soit entre 1,7 et 1,8 million de personnes — Photo : FM Logistic

Tous ces efforts liés au recrutement et au développement des compétences sont-ils liés à la croissance de l’activité ?

Chaque année, nous avons entre 500 et 600 postes à pourvoir au sein de l’entreprise, avec 200 intitulés possibles de fonctions. Et effectivement, l’entreprise monte 2 à 3 sites par an. Aujourd’hui, nous exploitons 36 plateformes logistiques en France. Donc la croissance de l’entreprise fait que nous avons des postes à proposer, aux jeunes et au moins jeunes.

Pour vous, est-ce facile de recruter ? Quelle est l’appétence de la jeune génération pour les métiers de la logistique ?

Aujourd’hui, les métiers de la logistique représentent environ 10 % de l’effectif salarié en France, soit entre 1,7 et 1,8 million de personnes qui travaillent dans la logistique. Et nos emplois sont en relative tension. Il y a aussi des opportunités chez les confrères donc nous devons être différencients. Les atouts que nous pouvons avoir au travers de la formation, au travers de l’investissement, au travers du "Graduate Program" ou encore des groupes de potentiels, tout cela fait notre différence pour attirer les collaborateurs vers le secteur de la logistique. Ne compter que sur le recrutement externe, ce n’est pas le choix qu’a fait l’entreprise. Et nous avons un objectif de faire a minima 60 % de promotion interne. Aujourd’hui, nous y sommes et j’aimerais passer à 70 % de promotion interne. La promotion interne, c’est la garantie d’être formé à nos méthodes et à notre niveau d’expertise, pour avoir le bon niveau de qualité pour nos clients.

FM Logistic a aussi investi sur la robotisation, notamment en Pologne. Est-ce un axe de travail pour soutenir la croissance ?

Nous avons le souhait d’innover et d’accompagner nos collaborateurs avec un certain nombre de tâches robotisées, mais toujours avec le souci de faire cohabiter les innovations avec les humains. La robotisation et les innovations doivent être au service de l’homme, notamment pour améliorer le quotidien, supprimer des taches à moindre valeur ajoutée pour que les équipes puissent se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.

Dans votre métier de DRH, avez-vous fait évoluer votre façon de gérer les nouvelles générations qui entrent sur le marché du travail ?

Notre métier est en perpétuelle évolution. Et nous devons être capables de répondre aux demandes de nos collaborateurs, jeunes et moins jeunes. Aujourd’hui, les jeunes cherchent des missions qui ont du sens. Avec le Covid, tout le monde a compris que la logistique est un axe majeur de l’économie. Ce que nous demandent nos jeunes collaborateurs, c’est de pouvoir accélérer, d’avoir une richesse de missions qui s’enchaînent. Mais l’entreprise garde un ADN fort de bienveillance, et cela quelles que soient les générations.

Est-ce que les efforts menés par l’entreprise pour réduire son empreinte environnementale font partie des questions posées par vos jeunes salariés ?

Bon nombre de jeunes candidats posent la question de nos actions dans ce sens. Sommes-nous une société inclusive ? Quels sont nos engagements en matière de développement durable ? Quels sont nos engagements en matière de RSE ? Quand on travaille une marque employeur pour faire savoir ce que nous faisons de bien au sein de l’entreprise, c’est aussi pour pouvoir marketer tous les engagements que nous prenons au sein du groupe. Nous avons, par exemple, une politique en faveur des collaborateurs handicapés, et nous employons plus de 9 % des collaborateurs ayant un handicap au sein de l’entreprise, avec notamment des ESAT internes qui nous permettent d’accueillir en milieu protégé ces collaborateurs, soit plus d’une centaine.

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