Officiellement fondée depuis quelques jours seulement, en octobre 2023, la start-up montpelliéraine MB Therapeutics lance déjà son premier produit sur le marché naissant de la médecine personnalisée par impression 3D. Créée par Stéphane Roulon et Ian Soulairol, ex-ingénieur chez Sanofi et pharmacien hospitalier au CHU de Nîmes respectivement, elle propose une imprimante capable de produire des médicaments solides par fabrication additive, de façon personnalisée, avec une reproductibilité de qualité industrielle.
La prise en compte des enfants
Les fondateurs de MB Therapeutics ont exploité plus de huit ans d’expérience dans le secteur des imprimantes 3D industrielles pour finaliser ce process. Par rapport aux rares start-up européennes qui font le même pari pour des applications pharmaceutiques, ils mettent en avant la prise en compte précoce des problématiques de patients, notamment chez les enfants souffrant de pathologies. Le système de MB Therapeutics, baptisé "Med-U Modular", permet l’impression 3D de gels pharmaceutiques qui, une fois déposés sur un plateau, durcissent sous des formes, des tailles et avec un goût adaptés à l’enfant. "L'industrie pharmaceutique n'a pas de réponse pour les enfants car le dosage ou la taille du médicament n'est pas adaptée. Les pharmaciens répondent au besoin en fabricant des médicaments, souvent sous forme de suspension liquide, ce qui peut provoquer des erreurs de dosage à cause d'une mauvaise agitation ou d'une mauvaise manipulation par les parents des seringues doseuses", commente Stéphane Roulon. Ce dernier ajoute que la R & D a aussi servi, en plus de lever le verrou technologique, à sécuriser le procédé sur le plan réglementaire.
Un marché florissant
L’imprimante 3D pharmaceutique de MB Therapeutics cible d’abord les pharmacies hospitalières dans le cadre de leur activité de pharmacotechnie (préparation et contrôle des médicaments), les pharmacies officinales équipées d’un préparatoire, mais aussi les universités qui lancent des études scientifiques, et même l’industrie pharmaceutique qui, selon Stéphane Roulon, "a parfois besoin de d’une grande flexibilité, avec une reproductibilité industrielle, pour développer un nouveau médicament". Dans un deuxième temps, MB Therapeutics prévoit de fabriquer les cartouches pharmaceutiques utilisables sur le système. "Nous proposerons le tout sous forme de solution clé en main, intégrant l’imprimante, les cartouches, et des prestations telles que la maintenance et la customisation des machines", précise le PDG de la start-up.
Financée sur fonds propres, MB Therapeutics est accompagnée et aidée par le BIC de Montpellier, la Région Occitanie et Bpifrance. La start-up, qui planche sur une levée de fonds prévue en 2024, projette de passer à cinq collaborateurs l’an prochain. Les systèmes d’impression 3D sont produits par un fournisseur, la société basque Lynxter. Si, à l’avenir, ils continueront d’être fournis par des prestataires, MB Therapeutics projette déjà de construire une usine dédiée à la fabrication des matières premières utilisées dans ses cartouches pharmaceutiques, d’ici 2026. Ses effectifs compteront alors une vingtaine de salariés. D’ici là, la start-up projette de vendre ses imprimantes auprès d’une dizaine d’établissements développeurs de médicaments dès 2024. "La fabrication de médicaments personnalisés par impression 3D va devenir fréquente parce qu’elle adresse plusieurs enjeux. Elle va redonner du pouvoir aux pharmaciens en cas de rupture de stocks. Et elle va limiter le gaspillage de médicaments, qui représente 15 000 tonnes par an en France", se projette le startupeur.
