Tuan Huy Nguyen, le président fondateur de GoLiver Therapeutics, spin-off de l’Inserm et de l’université de Nantes, compare la thérapie cellulaire à ce qu’était l’ARN messager il y a une dizaine d’années. " On pensait qu’il y avait un potentiel mais il fallait construire une nouvelle industrie pharmaceutique et ça ne faisait pas rêver les investisseurs, alors qu’aujourd’hui il a permis de développer en un temps record les premiers vaccins pour lutter contre le coronavirus."
Comme pour l’ARN messager, le dirigeant fondateur de GoLiver Therapeutics veut convaincre de la nécessité d’un développement industriel de la solution de la société nantaise : pour soigner des maladies hépatiques aiguës et éviter une greffe du foie, elle a mis au point un biomédicament permettant de régénérer l’organe, par l’injection de cellules hépatiques fabriquées à partir de cellules souches reproductibles à l’infini. Principal atout de cette technologie, la facilité de fabrication et de traitement, beaucoup moins complexe que la préparation d’un médicament.
Vers une nouvelle industrie en France
Le travail de GoLiver Therapeutics ne s’est pas arrêté à la conception de ce biomédicament. L’entreprise a aussi réfléchi avec un prestataire de la région nantaise à la possibilité de l’industrialiser en produisant ces cellules à très grande échelle. " Nous avons levé cette barrière technologique, affirme Tuan Huy Nguyen, en réussissant à produire plusieurs milliards de cellules. Cette même technologie permettra d’aller jusqu’à un trillion de cellules. " Soit mille milliards de cellules, dont la production ne nécessitera pas, selon le dirigeant nantais, un investissement élevé, pour obtenir un médicament au prix raisonnable pour un coût faible. C'est une nouvelle industrie mais avec des outils, comme les bioréacteurs, qui existent déjà, indique Tuan Huy Nguyen. Notre objectif était de ne pas avoir à créer une usine ou une ligne de production mais de confier la production à un sous-traitant ayant déjà toute l'infrastructure pour amener plus rapidement notre produit au chevet du patient."
Lauréat de France Relance, GloLiver Therapeutics va bénéficier d’un million d’euros qui couvrira la moitié de l’investissement envisagé pour la plateforme de bioproduction industrielle. La start-up va pouvoir lancer la production de lots pour la première phase d’essais cliniques qu’elle voudrait commencer en 2022 avec l’hôpital Paul Brousse de Villejuif, premier centre français de greffe de foie. La mise sur le marché est espérée courant 2026 et le biomédicament de la start-up nantaise de 9 personnes pourrait bien ouvrir une nouvelle ère thérapeutique : au-delà du traitement du foie, le procédé de régénération par l’injection de cellules pourrait aussi en effet s’appliquer à d’autres organes, tels que le cœur ou les poumons.
GoLiver Therapeutics est maintenant engagé dans une double course industrielle et médicale, dans un secteur où il faudra être le premier. Mais la start-up nantaise possède une longueur d’avance, en termes de bio-prédiction, de rendement, de coût ou encore de préparation du médicament. Pour créer à terme une véritable industrie en France dans ce domaine, elle va maintenant devoir trouver d’autres financements, à hauteur de deux à trois millions d’euros. "Il faut des investisseurs audacieux, confie Tuan Huy Nguyen, qui acceptent de nous accompagner sans que nous disposions encore de données cliniques."
