Les acteurs de la filière drone étaient tout sourire début juin quand ils ont présenté deux avancées majeures pour le développement professionnel du secteur : une zone d’essai de 100 km sur le littoral girondin et un espace dédié au sein de la concession de l’aéroport Bordeaux-Mérignac. Des premières au niveau national voire européen.
S'étendant initialement sur une surface de 50 km sur 5 km, celle qui était déjà depuis 2018 la plus grande zone d’essai de France se déploie désormais sur 100 km de long - depuis le nord du bassin d’Arcachon jusqu’à l’estuaire -, sur 7 km de large. Soit la plus grande zone de longue élongation (au-delà de ce qui est visible à l’œil nu) d’Europe. Mieux, elle est désormais reliée par un corridor au nouveau centre d’essai dédié, qui a quitté Sainte-Hélène pour Hourtin, avec de belles perspectives d’évolution.
Une zone sécurisée pour les professionnels
Toujours piloté par Cesa Drone (SAS détenue à 80 % par la technopole Technowest et 20 % par l’entreprise de Haute-Garonne Boréal), ce centre d'essai abrite déjà des Algeco pour accueillir les entreprises en quête de tests grandeur nature, une station météo et peaufine des pistes d’atterrissage et décollage vertical et horizontal sur sa zone de vol de 6 km par 4 km, et jusqu’à 500 pieds (environ 150 m). "C’est un outil technique au service de toute la filière qui permet d’effectuer des essais en toute sécurité et légalité, sous notre responsabilité", résume François Baffou, directeur général de Technowest, convaincu que chaque région devrait être dotée d’un centre d’essai similaire.
Aujourd’hui, les vols de drones professionnels sont soumis à des autorisations drastiques. "Hors de question d’effectuer des essais dans un champ voisin", explique Nicolas Parant, directeur de Cesa Drones. "Ici, la zone de vol est autorisée et référencée par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Elle apparaît sur la carte", détaille François Baffou. Sachant que les vols sont suspendus en saison touristique, de mai à septembre. Les premières réservations sont déjà enregistrées pour octobre.
"En général les entreprises viennent plusieurs jours. Certaines demandent la privatisation du site pour la plus grande confidentialité", raconte Nicolas Parant. À terme, Jean-Marc Signoret, maire d'Hourtin, vite séduit par le projet, n’exclut pas d’héberger une pépinière d’entreprises dans des bâtiments vacants sur le site. "Chaque fois qu’une entreprise veut s’installer dans le secteur, on l’accueille les bras ouverts", affirme-t-il.
En attendant les taxis volants
Il a fallu aussi montrer patte blanche pour créer une zone de vol au sein de l’aéroport de Mérignac, mais la tâche s’est avérée plus simple que prévue. "Quand j’ai formulé ma demande je m’attendais à un refus. À l’inverse, l’aéroport comme la DGAC ont œuvré pour qu’il voie le jour", raconte François Baffou. C’est - presque - chose faite. Une convention a été signée entre Bordeaux Technowest et l’aéroport, et la DGAC a donné son feu vert pour la création d’un vertiport destiné aux taxis volants. "Nous devons nous préparer au transport de personne par drone, c’est le sens de l’histoire. Difficile de se prononcer sur des dates, mais concrètement, des essais seront forcément menés avant 2030", estime Simon Dreschel, le directeur de l’aéroport Bordeaux-Mérignac qui imagine déjà des relais sur les petits aérodromes, en attendant des vertiports sur les sites touristiques du Médoc et du Bassin.
"L’idée est de voir cohabiter le drone avec des aéronefs", poursuit François Baffou, les yeux rivés sur le premier drone qui décolle de la concession aéroportuaire ce jour de début juin, "la preuve que c’est possible". Une prochaine démonstration est prévue - publique cette fois - pendant l’UAV Show, le Salon européen du drone professionnel organisé tous les deux ans par Technowest et dont la prochaine édition se tient du 10 au 12 octobre à Bordeaux.
