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Le verrier O-I Glass investit 95 millions d’euros pour moderniser et décarboner ses usines de Reims et des Vosges
Grand Est # Industrie # Investissement

Le verrier O-I Glass investit 95 millions d’euros pour moderniser et décarboner ses usines de Reims et des Vosges

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Le verrier américain O-I Glass lance un vaste plan d’investissement pour décarboner et moderniser deux de ses usines, à Reims et dans les Vosges. Deux fours et deux lignes de production sont concernés, avec une diversification de la production à la clé, dans les Vosges.

Le verrier américain O-I Glass possède 69 sites de production, à travers 19 pays — Photo : O-I Glass

Deux cent dix millions d’euros en cinq ans, dont 95 millions d’euros en 2023-2024. Le verrier O-I Glass multiplie les investissements dans ses deux sites du Grand Est, à Gironcourt-sur-Vraine dans les Vosges et à Reims. Avec un double objectif : moderniser l’outil de production et poursuivre la décarbonation des deux usines.

Un investissement "en ligne avec l’approche globale adoptée par O-I", appuie dans un communiqué Walter Ferrer, le directeur de la zone sud-ouest Europe pour O-I Glass (24 000 salariés, CA: 6,9 Md de dollars). Le groupe verrier américain opère dans 19 pays, à travers 69 sites de production. "Renforcer notre engagement en faveur du développement durable, augmenter l’efficacité énergétique de notre équipement, créer des chaînes d’approvisionnement plus résilientes et chercher constamment à améliorer les conditions de travail de nos équipes", sont les objectifs actuels de la politique du groupe, pointés par Walter Ferrer.

40 millions d’euros à Reims

À l’usine O-I de Reims, le groupe verrier a investi 40 millions d’euros en 2023. "Une majeure partie de l’investissement a servi à la rénovation du four", indique Laurent Guyot, le directeur du site qui comprend deux fours et sept lignes de production. Employant près de 250 salariés, l’usine produit 300 millions de bouteilles par an pour les marchés de Champagne, de Bourgogne, du Val-de-Loire et d’Alsace, avec des formats qui vont du 0,2 l au magnum (1,5 l). Le reste de l’investissement a principalement servi à moderniser une ligne de production.

L’usine O-I Glass de Reims produit 300 millions de bouteilles par an pour les marchés de Champagne, de Bourgogne, du Val-de-Loire et d’Alsace — Photo : O-I Glass

La rénovation du four et de la ligne de production a eu lieu entre septembre et décembre 2023. "Nous avons désormais deux fours récents, avec un investissement total de 90 millions d’euros", annonce Laurent Guyot. En 2019, le groupe O-I avait réalisé un investissement de 50 millions d’euros, notamment pour rénover le second four de l’usine.

55 millions d’euros à Gironcourt-sur-Vraine

À l’usine de Gironcourt-sur-Vraine, le groupe O-I a franchi un échelon supplémentaire en annonçant un investissement de 55 millions d’euros en 2024. Au programme, l’un des trois fours de l’usine s’apprête à être reconstruit et l’une des lignes de production sera modernisée. "Les travaux auront lieu de début juin à début décembre", précise Laurent Voyeux, le directeur de site de Gironcourt-sur-Vraine.

L’usine O-I Glass de Gironcourt-sur-Vraine produit 1,9 milliard de bouteilles par an pour le marché de la bière — Photo : O-I Glass

L’usine produit environ 1,9 milliard de bouteilles de 25 cl et de 33 cl par an, pour le marché de la bière. Employant près de 350 personnes, le site se compose de 3 fours et de 9 lignes de production. Depuis 2019 et la construction d’un troisième four, l’investissement total d’O-I sur son site de Gironcourt-sur-Vraine représente 120 millions d’euros.

Un four équipé de la technologie GOAT

"La reconstruction complète du four représente près de 40 % de l’investissement", calcule Laurent Voyeux. Le nouveau four de l’usine de Gironcourt-sur-Vraine sera équipé de la technologie GOAT (Gas Oxy Advanced Technology), qui utilise un mélange de gaz et d’oxygène pour chauffer. Il s’agit du deuxième site O-I français à en être équipé (après l’usine de Vayres, en Nouvelle-Aquitaine, en 2023).

L’équipement nécessite à l’usine d’installer une centrale de fabrication d’oxygène en son sein. Elle sera sous-traitée par le fournisseur de gaz industriel Airproduct. "Cela représente entre 20 et 25 % du budget", poursuit Laurent Voyeux.

Vers une diversification de la production vosgienne

Sur la ligne de production qui sera rénovée, "nous allons refaire les canaux de distribution et les couloirs de verre", énonce déjà Laurent Voyeux, à Gironcourt-sur-Vraine. Plus encore, le groupe prévoit d’installer une nouvelle machine sur la ligne, pour produire des bouteilles de bière d’une taille supérieure à 33 cl.

"Il y a une demande. Sur le marché de la bière, les bouteilles avec une plus grande capacité commencent à prendre du volume. C’est important d’être présent sur ce marché, et de répondre aux besoins des clients", justifie le directeur de site. Si la date de mise en place de cette diversification n’est pas communiquée, Laurent Voyeux prévoit déjà des sessions de formations à l’utilisation de cette nouvelle machine, pour les salariés de l’usine.

Réduire la consommationd’énergie de 25 % en 2030

Dans son dernier rapport de développement durable, le groupe O-I s’est engagé à réduire de 25 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. D’ici 2025, le verrier américain espère atteindre les -10 %. Grâce à l’investissement engagé par le groupe O-I en 2023, "nous avons estimé 5 % d’économies d’énergies sur le site de Reims", lâche Laurent Guyot.

"Avec la mise en place de la technologie GOAT, sur ce four, nous allons faire baisser les NOX (les oxydes d’azote, gaz d’échappement nocifs pour la santé, NDLR) de 60 % et le taux de CO2 émis de 18 à 20 %. La réduction de notre consommation d’énergie sur ce four est de l’ordre de 15 à 20 %", complète Laurent Voyeux, à Gironcourt-sur-Vraine.

Préchauffer avec l’énergiefatale, "une première en France"

À Gironcourt-sur-Vraine, ces économies d’énergie sont notamment générées par la gestion de l’énergie fatale. "Nous allons la récupérer, dans un système qui va permettre de préchauffer les matières premières", prévoit Laurent Voyeux. "La matière première arrive à température ambiante. Nous estimons qu’elle montera à 400 °C en passant dans le système". Un système de préchauffage que le directeur de site qualifie de "première en France".

En plus d’économiser la consommation d’énergie du four, le temps de cuisson du verre sera augmenté de 12 %, ce qui devrait permettre la production d’un verre de meilleure qualité. "Plus nous augmenterons le temps de séjour du verre dans le four, plus nous serons capables d’éliminer et de mieux fondre les éléments perturbants dans la fonte du verre. Mais l’objectif principal est d’économiser de l’énergie", rappelle Laurent Voyeux. Mais, si le temps de cuisson augmente, la production du four ne baissera pas. Le nouveau-né de l’usine vosgienne accueillera une plus grande capacité de verre, en passant de 110 m² à 130m².

Poursuivre des engagements verts

Sur le site de Reims, l’énergie fatale est déjà récupérée depuis 2019. Reliée au réseau de chauffage de la collectivité, elle alimente près de 1 400 logements. "Notre économie circulaire va du recyclage du calcin ménager, à la production et l’augmentation du taux de calcin, jusqu’à la livraison, en utilisant des biocarburants pour les camions, qui livrent à proximité ", analyse Laurent Guyot.

Depuis 2019, l’usine O-I Glass de Reims récupère son énergie fatale pour alimenter le réseau de chaleur de la ville — Photo : O-I Glass

Actuellement, l’usine de Reims traite des matières premières composées à plus de 90 % de verre recyclé. "C’est un axe majeur pour l’économie d’énergie et c’est un levier sur lequel nous travaillons toujours actuellement", lâche le directeur de site de Reims.

Pas de subventions de l’Ademe dans les Vosges

Pour l’heure, le projet de modernisation et de décarbonation de l’usine O-I Glass de Gironcourt-sur-Vraine n’a reçu aucune subvention. Une décision en lien avec le type de four utilisé dans la verrerie. "Les participations de l’Ademe sont aujourd’hui orientées sur des solutions où l’on n’utilise plus de gaz naturel. Certaines verreries le font, mais cela dépend fortement des teintes", interprète Laurent Voyeux. Or, le nouveau four utilisera de l’oxygène et du gaz pour sa combustion.

Le siège d’O-I Glass se trouve aux États-Unis — Photo : O-I Glass

"Pour toucher des aides, la solution serait de passer à un four électrique. Mais, dans les teintes où nous sommes, cela nous oblige à réduire les taux de recyclage du verre". Actuellement, l’usine emploie 80 % de matières recyclées composées de verre recyclé localement. "Le coût, ce serait de recycler moins de verre. Avec les technologies existantes nous sommes pris dans ce dilemme", conclut-il. À Reims, le groupe O-I ne communique pas sur les subventions potentiellement reçues.

En 2026-2027, un nouvel investissement vosgien

"Aujourd’hui, nous prévoyons une installation de production d’oxygène qui peut s’étendre au prochain four", annonce Laurent Voyeux. En 2026-2027, un nouveau four de l’usine de Gironcourt-sur-Vraine devra être reconstruit. "Il faut profiter de ces moments-là pour faire des drops technologiques", anticipe le directeur de site.

Le nouveau four installé pourrait être relié à la centrale de fabrication d’oxygène. Pour autant, le directeur de site ne s’avance pas encore sur le type de four choisi, ni sur le montant de l’investissement qui sera engagé, préférant rester prudent face aux avancées technologiques des outils de production.

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