Le promoteur Seemo engage une délicate phase de transition
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Le promoteur Seemo engage une délicate phase de transition

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Spécialisé dans des programmes originaux, souvent élaborés en co-construction, le promoteur lorientais Seemo marque le pas. Après une forte croissance qui lui a permis d’édifier plus de 100 000 m2 de plancher depuis sa création en 2016, son dirigeant Benoît Ruseff ouvre un temps d’étude et conception pour ses équipes.

Benoît Ruseff, dirigeant du promoteur Seemo — Photo : DR

Le millésime 2024 s'annonce des plus modestes pour Seemo. Pas de mise en chantier avant la fin de l’année, alors que 5 programmes avaient été lancés en 2023. Dans le sillage de la résidence Symétrie, livrée en novembre dernier à proximité de la gare de Lorient, l’ambition affichée dans les derniers programmes concoctés par les équipes de Benoît Ruseff semble avoir été rattrapée par la conjoncture.

"Nous subissons de plein fouet une crise de l’offre. La hausse des taux d’intérêt rend difficilement atteignable des prix de vente qui peinent à s’ajuster dans un climat inflationniste doublé par des préoccupations structurelles, comme la nécessaire limitation de l’emprise foncière. Les investisseurs comme les futurs propriétaires, qu’ils soient primo-accédants ou bien retraités, peuvent difficilement s’engager. Il en découle une pression gigantesque sur le marché locatif, et dans le même temps, les entreprises du bâtiment voient leur plan de charge s’amenuiser dramatiquement", analyse Benoît Ruseff.

Diluer le risque

Pas de recette miracle pour le dirigeant : "Nous allons très simplement liquider les programmes en cours, dont tous les lots ont été vendus. Nous allons aussi conforter un modèle patrimonial avec la conviction que nous fournissons des biens de première nécessité. Le temps qui s'ouvre va être consacré à la conception de nouveaux logements faciles d'accès."

Selon Benoît Ruseff, les besoins restent colossaux, puisque sur les 500 000 biens qu'il faudrait construire chaque année en France, à peine la moitié a été réalisée en 2023. "Avec Seemo, nous en avons dimensionné 400 dans le Pays de Lorient, en particulier sur des zones ANRU à 5,5 % de TVA. Dans le même temps, pour diversifier notre catalogue et diluer le risque, nous continuons de miser sur l'excellence", précise le promoteur.

Mais pour rêver encore un peu durant les prochaines semaines chez Seemo, il n’y a plus guère que l’immeuble en escalier Le Saint-Michel au boulevard Franchet-d’Esperey, et surtout l’ensemble hybride Ulteam, chiffré à près de 15 millions d’euros, hangar à bateaux surmonté de bureaux, livrable fin 2024, dans le très prisé quartier de Lorient La Base.

Vers un statut de bailleur privé ?

Employant 18 salariés entre Lorient et Paris pour plus de 1 000 lots développés et un volume d'activité de 300 000 millions d'euros, Seemo compte 15 000 m2 de surface en propriété pour une valeur de 30 millions d'euros.

L'entreprise vise à s'appuyer sur ses valeurs de collaboration et de transparence pour rester à flot durant ce cap difficile. "En associant des particuliers et des apporteurs de projet, nous créons ainsi une nouvelle chaîne de talents et de valeurs. La puissance du collectif fait naitre les plus beaux projets", résume Benoît Ruseff.

Espérée depuis de longs mois par le promoteur, la mise en place d'un statut de bailleur privé pour mieux sécuriser les investisseurs et déployer plus largement les logements locatifs intermédiaires reste indispensable, selon Benoit Ruseff, pour redonner un peu d'oxygène à un marché au bord de l'asphyxie.

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