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Le groupe coopératif Grap’Sud investit massivement dans sa décarbonation
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Le groupe coopératif Grap’Sud investit massivement dans sa décarbonation

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La coopérative gardoise Grap’Sud, qui valorise les coproduits de la filière vitivinicole, mobilise plus de 10 millions d’euros pour réduire ses émissions de CO2. Le plus gros investissement porte sur un système de chaufferie biomasse en circuit court.

Grap’Sud fabrique des produits agro-industriels en valorisant les coproduits de la vigne — Photo : Grap'Sud

Le développement durable est un credo du groupe coopératif gardois Grap’Sud (1 200 adhérents, 160 salariés, 53 M€ de CA) depuis sa création en 2007. En traitant les résidus des caves coopératives particulières et adhérentes (80 000 t de marc de raisin et 220 000 hl de liquide collectés par an), réparties entre le Var et les Pyrénées-Orientales, il agit pour dépolluer la filière vitivinicole tout en créant de la valeur. Grap’Sud valorise à 100 % ces coproduits sur différents marchés alimentaires (alcools, colorants, sucres, extraits de vins…) et non alimentaires (alcool pour biocarburation, amendements, engrais…).

Un système plus vertueux et économe

Ces actions étant très énergivores, Grap’Sud va décarboner le système de chaufferie de son site historique, à Cruviers-Lascours près d’Alès. D’ici 2025, le groupe substituera à sa chaudière au gaz naturel un modèle fonctionnant à 100 % par biomasse, réduisant de 90 % le recours à l'énergie fossile : la nouvelle chaudière, d’une capacité de 12 T/h, sera alimentée par des pulpes de raisin, des tourteaux, et des plaquettes forestières collectées en circuit court auprès de fournisseurs locaux. Avec cet équipement, Grap’Sud réduira de 5 000 tonnes de CO2 ses émissions de carbone annuelles, "soit l’équivalent de la circulation annuelle de plus de 1 000 véhicules diesel", illustre Frédéric Guinle, directeur général du groupe gardois.

L’opération mobilise à elle seule 7 millions d’euros, avec l’aide de l’Agence Régionale Énergie Climat (AREC) via son dispositif FITEEO (Financeur pour l’Industrie et le Tertiaire de l’Efficacité Énergétique en Occitanie). Elle nécessitera aussi la construction d’un bâtiment de 14 mètres de haut pour la chaudière et des silos autonomes pour l’alimenter. "Avec un prix du gaz multiplié par 3,5 en quelques années, il semble plus stratégique d’être autonome dans sa consommation énergétique. Mais nous le devons aussi à nos partenaires, de plus en plus sensibles à l’impact carbone des produits que nous commercialisons", explique Frédéric Guinle.

L’eau, nouveau défi prioritaire

Cette nouvelle chaudière n’est qu’un maillon d’un plan plus vaste de décarbonation. La société a déjà installé un process de compression de ses vapeurs, qui économise de l’énergie (coût : 1,8 M€). Grap’Sud projette aussi de lancer un projet de solarisation, en installant des centrales photovoltaïques pour valoriser le foncier encore non-exploité à l’échelle du groupe (4 sites de production en France et en Espagne, soit 100 000 m2 disponibles à ce jour). Enfin, une troisième étape verra la mise en place d’un projet de méthanisation. "Nous sommes en contact avec Alès Agglomération, car c’est un projet territorial appelé à être mutualisé avec d’autres acteurs", indique Frédéric Guinle. Au global, l’enveloppe de ce plan se monte à 10 millions d’euros d’investissement, hors volets solarisation et méthanisation.

Enfin, un autre défi accapare Grap’Sud. Le groupe a déjà installé des systèmes de recyclage de l’eau, ayant permis de réduire sa consommation de 30 % par rapport à 2020. Mais il veut aller plus loin en faisant de nouveaux aménagements techniques dans les bassins où il collecte et traite les effluents et les boues issus des caves coopératives, et en installant de nouveaux systèmes de dépollution par séparation membranaire. "Notre ambition est de réduire d’encore 50 % notre consommation d’eau en 2025. Puis nous lancerons une nouvelle étape de ce projet pour tendre le plus possible vers l’autosuffisance", se projette le dirigeant.

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