Bas-Rhin
Christophe Boule, président du groupe Boulle :  "Pour contrer la crise, nous avons accéléré la vente en bloc aux institutionnels"
Bas-Rhin # BTP

Christophe Boule, président du groupe Boulle :  "Pour contrer la crise, nous avons accéléré la vente en bloc aux institutionnels"

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Promoteur-constructeur, le groupe Boulle, dirigé par Christophe Boule, basé dans le Bas-Rhin (CA : 70 M€ ; 150 collaborateurs) a anticipé la crise du logement neuf en se réorientant vers la vente en bloc, les projets multiples et tertiaires, à l’image du Tribock, son projet phare pour un investissement de 30 millions d’euros dont il s’apprête à démarrer la construction dans le nord de Strasbourg.

Christophe Boule — Photo : groupe Boulle

Dans quelle mesure votre entreprise est-elle impactée par la crise du logement ?

Nous l’avions anticipée il y a trois ans parce que nous savions que les taux allaient forcément remonter et que cela aurait un impact fort. Nous avions bénéficié de taux faibles et de l’engouement pour du logement neuf de sortie de confinement, et nous savions que ça ne pourrait pas durer. J’ai donc donné pour consigne, il y a trois ans, d’aller massivement vers les institutionnels, les banques, les assurances, les bailleurs sociaux pour vendre en bloc les logements neufs.

Et dans le même temps, nous avons créé Ruck & Wind pour nous diversifier dans les sorties multiples à l’image du projet que nous menons à Châtenois (Bas-Rhin) qui comprend une gendarmerie, des logements pour gendarmes, une maison médicale, une maison des notaires et du logement social. Avec 40 millions d’euros de chiffre d’affaires (prévisionnel, NDLR), notre filiale représente plus de la moitié du chiffre du groupe.

En conséquence, alors qu’elle était traditionnellement majoritaire chez nous, nous n’étions plus exposés qu’à 24 % à la VEFA (vente en l’état futur d’achèvement) en 2022 et en 2023 la part (dédiée à la vente au détail au particulier) est tombée à 17 % de notre production. Nous étions donc très peu exposés.

La diversification du groupe vous protège-t-elle ?

Avec nos cinq pôles (immobilier, commercial, travaux, numérique, industriel) et nos 22 sociétés, dont seulement deux qui font de la promotion, nous sommes plus un petit Bouygues qu’un pure player de la promotion immobilière. Notre taille et nos différents entrants nous ont protégés. Un chiffre résume bien la complémentarité de nos métiers : 60 % des flux pour chaque lot que nous vendons passent par nos sociétés, de l’acquisition des terrains au terrassement en passant par le gros œuvre, la charpente, les façades à ossature bois, le sanitaire jusqu’à la gestion.

Quels sont les axes de développement pour 2024 ?

Nous misons sur le numérique et la décarbonation. Nous avons développé en interne des outils numériques qui nous permettent d’être moins exposés à nos fournisseurs d’outils, dont un CRM, Keep VEFA, qui permet de gérer l’ensemble du process pour chaque client, du premier contact jusqu’à un an après la livraison. Le pôle digital génère pour l’instant un million d’euros de chiffre d’affaires mais il constitue pour nous une part stratégique de notre développement. Le pôle industriel est également en devenir avec, notamment, un investissement de 4,2 millions d’euros dans un site de bioconstruction de structures à ossature bois.

Nous avons pour 2024 des projets à sorties multiples et des projets de zones artisanales en co-conception avec les futurs artisans qui s’y installent. Pour moi, le plus impactant n’est pas la crise. Le plus impactant, c’est l’emploi. Si nous sommes passés de 20 à 12 collaborateurs sur la partie promotion immobilière, en partie parce que la vente en bloc est moins chronophage que la VEFA, nous proposons 30 postes sur le pôle travaux (une centaine de collaborateurs) et nous avons du mal à les pourvoir.

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