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Le château La Peyruche commence à récolter les fruits de sa conversion au bio
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Le château La Peyruche commence à récolter les fruits de sa conversion au bio

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Quatre ans après avoir racheté le Château La Peyruche, à Langoiran (Gironde), Charles et Bertrand Weisgerber vont commercialiser leurs premières bouteilles de vin certifiées bio. Une première étape dans la nouvelle stratégie du domaine.

Le Château La Peyruche, situé sur l’appellation Cadillac Côtes de Bordeaux, dispose d’un vignoble de 20 hectares d’un seul tenant — Photo : La Peyruche

Lorsque Bertrand Weisgerber et son fils Charles rachètent en 2017 le Château La Peyruche (8 salariés), situé sur les coteaux de Langoiran, ils font un double pari sur la conversion. Celle de Charles d’abord, ingénieur de formation, issu du secteur informatique pour les banques et assurances, qui aspirait à quitter Paris pour entreprendre dans le domaine viticole. Puis celle de ce vignoble étendu sur 20 hectares, d’un seul tenant, sur l’appellation Cadillac côtes de Bordeaux.

"Cela faisait partie du cahier des charges quand nous sommes partis en quête d’un domaine. Nous voulions mener cette conversion vers la viticulture biologique", précise Charles Weisgerber, 38 ans.

Avant de dénicher La Peyruche, père et fils sillonnent les terroirs français, des coteaux d’Aix aux côtes-du-Rhône en passant par les Alpilles, et font même un détour par l’ouest des États-Unis, dans l’Oregon. Leur choix se porte finalement sur ce domaine tenu par la même famille depuis quatre générations, identifiant des leviers intéressants pour faire évoluer le domaine et sa production.

100 000 bouteilles bio en 2022

Le processus de conversion démarre en 2018, sur 10 % de la propriété. Un test qui verra prochainement son dénouement alors que le millésime 2021, le tout premier à avoir reçu le label bio de l’organisme de certification Ecocert, s’apprête à être commercialisé. Cela représente 5 000 bouteilles. Quant à la cuvée 2022, elle sera entièrement estampillée bio, soit 100 000 bouteilles à la vente.

Mais le passage au biologique a un prix, difficile à évaluer pour le moment, affirme le jeune viticulteur. "Les coûts sont étalés sur les trois ans que dure le process de conversion et ensuite les bénéfices ne sont pas forcément enregistrés l’année où l’on sort la bouteille", étaye Charles Weisgerber. Une certitude toutefois : "c’est le temps passé par les vignerons qui coûte le plus cher dans le passage du conventionnel au bio. On n’utilise plus de glyphosate par exemple, donc il faut désherber manuellement. En 2020, cela nous a pris un mois à deux salariés". Quant aux traitements, ils viennent juste se coller sur les feuilles, leur application est renouvelée régulièrement. En 2021, 40 jours ont été consacrés au traitement des vignes. "Ce passage au bio est plus compliqué sur le bordelais car le climat est très humide donc les maladies sont plus fréquentes", explique-t-il. Mécaniquement, le prix des bouteilles va augmenter : une bouteille de rosé bio sera vendue aux alentours de 8 euros, contre 6,5 euros précédemment.

100 % de la production en bouteille

"L’ancien propriétaire vendait 10 % de sa production en bouteilles. Le reste était vendu en vrac à d’autres propriétés, Mouton Cadet ou Rothschild, par exemple. Au rachat, nous avons immédiatement décidé qu’il fallait vendre 100 % de la production en bouteilles", raconte Charles Weisgerber.

Toutes les pistes sont étudiées pour atteindre la rentabilité espérée pour 2025. Avec une mise initiale de 4 millions d’euros (comprenant l’achat de la propriété, la restructuration des bâtiments, les travaux dans le chai à barriques et le cuvier et l’achat de matériel), les Weisgerber visent un chiffre d’affaires de 500 000 euros pour atteindre le point d’équilibre. En 2021, il était de 150 000 euros.

Pour augmenter son volume d’activité, le Château La Peyruche a élaboré une stratégie de distribution qui n’existait pas jusqu’alors puisque les quelques bouteilles de la propriété étaient vendues en direct. Pour le marché tricolore, le château cible les cavistes indépendants. Concernant le marché extérieur, ils travaillent avec des agents. "Ils vendent notre vin, moyennant commission, à des importateurs ou des distributeurs dans d’autres pays. Nous voudrions que l’export représente 5 % de notre chiffre d’affaires. Nous prospectons pas mal en Suisse, en Belgique, mais aussi au Japon, au Canada, en Espagne".

Des canettes pour l’international ?

Pour mieux s’exporter et coller aux attentes des consommateurs internationaux, La Peyruche réfléchit même au vin en canette. "Nous avons des discussions avec Cacolac, on regarde combien cela nous coûterait", admet Charles Weisgerber. Il faut dire qu’à quelques kilomètres de là, à Léognan, l’industriel girondin qu’est Cacolac prépare une nouvelle usine dédiée au conditionnement du vin en canette.

Une autre étape cruciale attend Charles Weisgerber : racheter dans un premier temps au moins 10 % de l’entreprise qui appartient pour le moment à son père afin d’obtenir le statut de jeune agriculteur et se voir octroyer quelques subventions et des droits de plantation. "Puis dès 2023, j’espère racheter la totalité de l’entreprise. C’est aussi la raison pour laquelle il faudra que l’on atteigne l’équilibre le plus rapidement possible".

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