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La gigafactory photovoltaïque d’Holosolis va s’installer à Hambach
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La gigafactory photovoltaïque d’Holosolis va s’installer à Hambach

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Un projet à 710 millions d’euros, pour 1 700 emplois créés et 10 millions de panneaux photovoltaïques produits chaque année en rythme de croisière : l’usine mosellane d’Holosolis a été dimensionnée pour devenir un des plus grands sites de production d’Europe, avec une capacité de production de 5 GW.

Holosolis va s'installer sur 50 hectares sur la zone de l'Europôle à Hambach — Photo : L'Europe vue du ciel - Moselle Attractivité

Le projet devait être dévoilé par le président de la République, lors du sommet "Choose France" : quelques indiscrétions auront eu raison de l’effet d’annonce imaginé par Emmanuel Macron. Holosolis a choisi Hambach, dans la Communauté d’agglomération Sarreguemines confluences, comme emplacement pour sa méga-usine de panneaux photovoltaïques. La capacité de production annuelle de cette usine atteindra 5 gigawatts (GW) une fois qu’elle sera pleinement opérationnelle, dépassant ainsi le plus grand site européen de production de panneaux solaires situé à Catane en Italie, dont la capacité prévue est de 3 GW. L’investissement programmé est de 710 millions d’euros : le montant des aides publiques, qui devraient cumuler des subsides venant de l’Europe, de l’État et de la Région Grand Est, n’est pas encore connu.

40 sites en compétition

Installée sur 50 hectares dans l’Europôle d’Hambach, achetés 5 millions d’euros à la Communauté d’agglomération Sarreguemines confluences, cette usine produira chaque année 10 millions de panneaux photovoltaïques, ce qui correspond aux besoins énergétiques d’un million de foyers et représente 8 % des importations européennes de modules photovoltaïques chinois en 2022. "Nous avons dépensé 21 millions d’euros pour aménager cette plateforme", rappelle Roland Roth, le président de la Communauté d’agglomération Sarreguemines confluences. Un projet similaire, porté par REC Solar, devait en effet s’installer à Hambach, avant son abandon fin 2022. Avant de fixer son choix sur la Moselle, Holosolis a étudié les propositions de 40 sites dans six pays. "Les savoir-faire et la disponibilité de la main-d’œuvre, la réputation des ingénieurs français, la qualité des infrastructures, le caractère bas carbone de l’énergie made in France - à prédominance nucléaire et hydraulique - ont fait pencher la balance en faveur de l’Hexagone", détaille la communication d’Holosolis.

Le projet REC Solar devait s’installer sur l’Europôle d’Hambach — Photo : REC Solar

Raccourcir les délais d’instruction

La production débutera en 2025 et à partir de 2027, lorsque l’usine tournera à plein régime, près de 1 700 employés seront recrutés principalement dans le bassin de Sarreguemines, mais aussi dans le bassin houiller et le pays de Bitche. Un partenariat avec Pôle Emploi devra faciliter l’embauche et la formation de personnes en situation de précarité. "Il y a un vrai enjeu autour de la mobilité des futurs salariés de l’usine", reconnaît Roland Roth. Parmi les autres défis de la collectivité, celui de réduire à "8 voire 6 mois les délais d’instruction", fixe le président de la Communauté d’agglomération Sarreguemines confluences, évoquant notamment l’obtention du permis de construire, de l’autorisation d’exploiter et l’enquête publique.

Jan Jacob Boom-Wichers, président d’Holosolis, affirme que l’objectif est de fabriquer les modules photovoltaïques les plus efficaces sur le plan énergétique, intégrant les dernières technologies du secteur, tout en réduisant au maximum l’empreinte carbone et en respectant les normes sociales les plus élevées. Grâce aux effets d’échelle et à l’automatisation des lignes de production, Holosolis vise à proposer des coûts compétitifs pour rivaliser avec les géants mondiaux du secteur. "Nos modules seront destinés aux toitures résidentielles, aux toitures industrielles et commerciales, ainsi qu’à l’agrivoltaïque", détaille dans un communiqué Jan Jacob Boom-Wichers.

Jan Jacob Boom Wichers est le CEO d'Holosolis — Photo : Holosolis

Dans un vaste plan européen de développement du photovoltaïque

L’entreprise Holosolis a été créée à Grenoble par trois acteurs. Tout d’abord, EIT InnoEnergy, soutenu par l’Union européenne, qui est l’un des plus importants investisseurs dans les technologies propres et les énergies durables, et qui a déjà investi dans 180 start-up, portefeuille qui devrait générer 72,8 milliards d’euros de revenus et permettre d’économiser potentiellement 1,1 milliard de tonnes de CO2e par an d’ici à 2030. "Avec ses 5 GW de production, Holosolis contribuera à plus de 15 % de l’objectif de l’Alliance européenne industrielle du photovoltaïque, soit une capacité annuelle de 30 GW d’ici 2025, correspondant à 60 milliards d’euros de nouveau PIB annuel en Europe et à la création de plus de 400 000 nouveaux emplois", explique Karine Vernier, directrice générale pour la France d’EIT InnoEnergy. L’usine d’Holosolis s’inscrit dans le plan "REPowerEU", lancé par l’Union européenne en 2022 pour s’affranchir des énergies fossiles russes, en investissant massivement dans les énergies renouvelables. Le programme prévoit notamment la mise en service, d’ici 2030, de 600 GW d’énergie solaire, contre 150 GW en 2022. La Chine produit aujourd’hui 70 % des panneaux photovoltaïques installés dans le monde, contre 3 % pour l’Union Européenne, et "le risque est grand de quitter la dépendance au gaz russe pour tomber dans une dépendance au solaire chinois", avance la communication du groupe Holosolis.

Deux sociétés au capital

Autre acteur du consortium piloté par Holosolis, le Groupe IDEC : pesant 521 millions d’euros de chiffre d’affaires et employant 1 250 collaborateurs, le groupe se présente comme un acteur de l’immobilier en France, pionnier de la production d’énergie renouvelable intégrée aux bâtiments. "L’engagement d’Holosolis et de ses équipes pour développer les énergies vertes et la décarbonation, tout en s’intégrant dans une logique de souveraineté et d’indépendance énergétique européennes, nous a séduits", résume dans un communiqué Patrice Lafargue, le président de Groupe IDEC.

Dernier partenaire industriel impliqué à ce stade du projet, le groupe TSE. Basée à Sophia Antipolis, dans les Alpes-Maritimes, la société est un producteur indépendant français d’énergie solaire pesant 27 millions d’euros de chiffre d’affaires et employant 250 salariés. Le groupe est déjà connu dans le Grand Est pour avoir lancé la deuxième plus grande centrale photovoltaïque de France, située à̀ Marville, dans la Meuse, pour une surface de 150 ha. Pour Mathieu Debonnet et Pierre Yves Lambert, codirigeants de TSE, l’implantation d’Holosolis "s’inscrit bien dans notre modèle de production d’électricité au cœur des territoires". TSE veut en effet développer un total de "10GW de projets solaires d’ici à 10 ans", et compte "apporter à ce projet sa vision, la qualité de son savoir-faire, son expérience du marché et sa capacité d’innovation dans un secteur aussi indispensable qu’en constante évolution. TSE, en ajoutant cette nouvelle brique, maîtrisera toute la chaîne de valeur de la production d’énergie solaire".

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