Le feuilleton a commencé il y a deux ans, par une avalanche de chiffres stupéfiants : une usine à 680 millions d’euros, puis plus d’un milliard d’euros, capable de produire 4GW de modules photovoltaïques à hétérojonction, le tout s’installant sur la zone d’Hambach, en Moselle, en créant plus de 1 500 emplois. Le groupe Rec, aujourd’hui propriété de l’Indien Reliance Industries, vient de confirmer que ce projet était enterré. Du fait de "divers changements sur le marché", indique la communication du groupe.
Depuis quelques mois, l’affaire semblait franchement mal engagée : si l’Europe avait apporté un soutien financier, dans le cadre du Fonds européen d’innovation pour les grands projets, sans préciser le montant attribué au projet sur le 1,8 milliard d’euros engagés, le groupe Rec faisait état d’une capacité de production déjà réduite à 2GW. Fin 2021, Reliance Industries avait confirmé son intention de poursuivre le projet, mais, alors que toutes les autorisations étaient sur la table, "le dossier ne progressait pas comme cela aurait dû être le cas".
Cap sur les États-Unis
Réagissant à l’abandon du projet, le président de la communauté d’agglomération Sarreguemines Confluences, Roland Roth, a dégoupillé une petite bombe en pointant les "distorsions de concurrence induites par l’Inflation Reduction Act". Cet été, le gouvernement américain a en effet adopté un plan de 370 milliards de dollars visant, entre autres, à financer l’installation d’usines sur le territoire américain, dans des domaines aussi stratégiques que la fabrication de microprocesseurs ou de panneaux photovoltaïques. Selon Roland Roth, c’est bien aux États-Unis que Rec Solar ira construire sa future usine, "jugeant ce projet plus rentable", d’après l’élu. Entre la hausse du coût de l’énergie en Europe et à la baisse de l’euro face au dollar, pour un groupe réfléchissant à l’échelle du monde, s’implanter à Hambach n’avait plus de sens. Passée la déception, le président de la communauté d’agglomération Sarreguemines Confluences veut désormais retenir que "ce foncier industriel exceptionnel" est disponible pour d’autres "projets industriels de grande envergure", qui avaient déjà fait connaître leur intérêt.
