Nichée au cœur du Pays d’Auge, à Cormeilles (Eure), Maison Busnel cultive et transforme la pomme depuis plus de deux cents ans. Traditionnellement ancrée dans la production du calvados, dont c’est le cœur de métier, la distillerie normande, qui emploie dix-huit salariés, s’est fixé de nouveaux défis : se diversifier et s’ouvrir à de nouveaux marchés de spiritueux. Après s’être lancée dans la création de gin et de vodka 100 % à base d’alcool de pommes à cidre en 2022, elle a franchi une nouvelle étape en 2023 en créant son premier whisky normand, entièrement brassé, distillé et vieilli dans la distillerie euroise. "Cette nouvelle production est le fruit d’une réflexion qui a pris sa source il y a une dizaine d’années avec, notamment, la volonté de Gaëtan Delamare, notre maître de chai de se lancer dans l’aventure du whisky", explique Philippe Terlier, directeur de la Distillerie Busnel. "Nous avons souhaité avoir la même exigence et le même cahier des charges que pour le calvados. Nous travaillons donc avec des matières premières locales, soit de l’orge cultivé en Normandie", précise le dirigeant.
Se développer à l’export
L’entreprise normande, qui a enregistré 7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 (dont 55 % à l’export), en croissance de 15 % par rapport à 2021, a dû adapter sa chaîne de production pour sortir ses premiers whiskies, un alcool qui nécessite au minimum trois années de vieillissement (contre deux pour le Calvados). "Notre choix a été, dans un premier temps, de 2019 à 2021, de profiter de nos matériels de production et d’adapter nos process pour le whisky", explique le directeur qui a voulu "se donner le temps de bien comprendre ce nouveau métier". Résultat : une première production au printemps 2023 qui affiche déjà 50 000 bouteilles. En 2022, Maison Busnel a voulu professionnaliser son process et a investi près de 1,5 million d’euros pour automatiser ses alambics et aménager une salle de brassage automatisée dédiée au whisky.
Porte d’entrée pour les autres gammes
Deux marques de whisky single malt sont d’ores et déjà en vente chez les cavistes indépendants et dans la grande distribution : Cormeil et le whisky Busnel. Si le marché de production de whisky français est encore naissant, l’entreprise souhaite pouvoir s’inscrire comme un leader dans le futur. "Nous voulons vendre notre whisky à l’export, notamment en Chine et aux États-Unis" ajoute Philippe Terlier qui a déjà entamé des démarches en ce sens. Et paradoxalement, pour cette entreprise connue et reconnue pour son calvados depuis deux cents ans, le whisky agit comme un accélérateur et même une porte d’entrée pour les autres gammes de produits, y compris pour ses calvados.
