La famille Granchère distille du cognac à Neuillac depuis 1878 et, à la marge, un peu de gin. C’est donc une révolution de la savoir brasser désormais du whisky et ce, à grande échelle. Fin juin, la distillerie charentaise de Fontagard d’une dizaine de salariés inaugurait un bâtiment pour abriter sa brasserie, composée de trois grandes cuves en cuivre de 200 hectolitres capables de produire 600 hectolitres de brassin par jour, grâce à un investissement de près de 3 millions d’euros (pour un chiffre d’affaires 2022 de près de 4 millions d’euros), soutenu par la Région.
Du grain à la bouteille
Quand le virage a été amorcé en 2018 par Adrien Granchère, représentant la quatrième génération à la tête de la Distillerie de Fontagard, le pari était osé : développer une branche whisky du grain jusqu’à la bouteille. "On sème nos propres orges, nous brassons - parce que le whisky ne se distille pas comme du cognac mais plutôt comme de la bière - et nous vendons en bouteilles", explique Richard Lambert, nouvel actionnaire et président de la société sœur montée pour l’occasion, Distill, et détenue à 65 % par la famille Granchère. "Le commerce en bouteilles est très différent du commerce en vrac pratiqué pour le cognac."
Les ambitions affichées sont claires : "Dans notre plan à cinq ans, nous voulons devenir un acteur clé du whisky français. Nous allons commencer l’export, d’abord en Europe puis en Asie, avant d’attaquer le marché américain."
Carton plein dans les concours
Les équipes s’appuient déjà sur des retours très encourageants des premières bouteilles mises sur le marché à partir de 2021, qui ont glané huit médailles dont deux d’or au concours agricole de Paris l’an dernier et une place sur le podium des World Whisky Award. Carton plein aussi pour le packaging, dont le design a remporté un prix. Les bouteilles noires proviennent d’un verrier espagnol et "sont composées à 100 % de bouteilles recyclées", assure le dirigeant. "Mais le plus important ce sont les bons avis des cavistes, signe que le produit plaît aux particuliers et aux professionnels." Si le whisky Fontagard ne représente aujourd’hui que 3 % du chiffre d’affaires, "demain ce sera 25 ou 30 %", estime Richard Lambert.