Côtes-d'Armor
La Tonnellerie du Trégor veut s'imposer dans le monde du whisky
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La Tonnellerie du Trégor veut s'imposer dans le monde du whisky

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La Tonnellerie du Trégor a l'ambition de s’imposer parmi les producteurs de whisky bretons. Mais son gérant, Benjamin Lefloch, compte également sur le développement du vignoble breton pour la croissance de son entreprise de fabrication de barriques sur mesure.

Benjamin Lefloch est à la tête de la Tonnellerie du Trégor, créée en novembre 2022 et qui a commencé son activité en mai 2023 — Photo : Matthieu Leman

Benjamin Lefloch, gérant et seul employé de la Tonnellerie du Trégor, dont l’activité a débuté en mai 2023, a de l’ambition pour le début d’activité de son entreprise de fabrication sur-mesure et de réparation de barriques. "Le point d’équilibre économique se situe à 300 barriques de 400 litres fabriqués par an (au prix unitaire de 1 200 euros, cela donnerait un chiffre d’affaires de 360 000 euros, NDLR)", confie l’entrepreneur costarmoricain qui peut réaliser une barrique en 10 heures. "Mais mon ambition est de grandir, de prendre des apprentis, de vendre le plus de fûts possible aux producteurs de whisky de l’Ouest, puis de toute la France. Et même à l’export."

Vignerons en cours d’installation

Pour réaliser cette croissance, Benjamin Lefloch commercialise ses produits fabriqués sur place ou restaurés sous le nom de Tonnellerie Lefloch - un nom utilisé dans le passé par son père Jean-baptiste, qui exercait le même métier à Douarnenez (Finistère) - et mise également sur un nouveau marché qui se développe en Bretagne. Car si ses clients sont aujourd'hui à 80 % des producteurs de whisky bretons (Warenghem à Lannion, Celtic Whisky distillerie à Pleubian, Distillerie des Menhirs à Plomelin…), Benjamin Lefloch espère trouver une nouvelle clientèle avec les vignerons bretons. Il y a en effet 33 vignerons professionnels adhérents actuellement en Bretagne et les dossiers d'installation sont encore plus nombreux selon l'Association des Vignerons Bretons. "Je pense que ces nouveaux vignerons se tourneront vers la barrique en bois (il en existe aussi en inox ou en argile, NDLR), même si aucune réglementation ne l’impose pour eux, contrairement aux professionnels du whisky, du cognac ou du pommeau."

Pour grandir correctement, la tonnellerie du Trégor, installée dans une partie des anciens abattoirs de Lannion, aura besoin de nouveaux locaux. Le dirigeant souhaite ainsi privilégier de petites structures de production, afin de préserver l'investissement des ouvriers, "sinon les gens finissent par se désintéresser du travail", a constaté le dirigeant âgé de 30 ans, qui a travaillé dans des tonnelleries du sud de la France avant de revenir en Bretagne.

Très cher chêne à merrain

Monter en puissance demandera des investissements importants puisque le bois utilisé pour la fabrication des différentes barriques (de 10 litres, pour les particuliers qui pèsent 10 % du chiffre d’affaires, à 600 litres) est très majoritairement du chêne à merrain. Cette matière première coûte 5 200 euros de mètre cube et doit sécher trois ans avant son utilisation. L’entreprise débutant son activité, il a fallu acquérir du bois sec, en plus du bois vert pour se constituer un fonds de roulement. "La facture s’élève à 500 000 euros pour trois ans d’activité", reprend le diplômé du centre de formation de tonnellerie de Beaune. Le local de 176 m² a également dû être aménagé, avec notamment un système d’aspiration de 17 000 euros.

Une réflexion est également menée pour l’achat d’une machine qui régénère les fûts. Cet investissement permettra notamment de réaliser de manière plus rapide l’opération de recarbonisation des fûts, au cours de laquelle l’intérieur des barriques est gratté et rebrûlé, afin de dégager des arômes qui diffèrent selon la température de chauffe du chêne.

La tonnellerie du Trégor, qui fait face à une concurrence d’une soixantaine de tonnelleries en France dont une dizaine artisanale, est détenue à 51 % par la distillerie Warenghem (Lannion), dirigée par David Roussier, qui est propriétaire également des anciens abattoirs de la commune où est installée l’entreprise de Benjamin Lefloch qui en possède, lui, 24 %. Le reste du capital est aux mains de deux autres actionnaires qui souhaitent rester discrets.

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