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La distillerie Warenghem veut être plus vertueuse pour produire ses spiritueux
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La distillerie Warenghem veut être plus vertueuse pour produire ses spiritueux

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La distillerie Warenghem s’apprête à investir un million d’euros pour réorganiser sa production de spiritueux et l’optimiser sur le plan environnemental. Une somme qui pourrait doubler si un système de récupération de chaleur se concrétisait. Le producteur de whisky devrait également racheter les anciens abattoirs de Lannion.

David Roussier, directeur de la Distillerie Warenghem dans le chai de l’entreprise lannionnaise — Photo : Matthieu Leman

David Roussier le confie dans un sourire : "On ne s’ennuie pas." Et on comprend le directeur général de la distillerie Warenghem (5,1 millions d’euros en 2021, 22 salariés) qui produit et commercialise whisky, chouchen, liqueurs et bières, lui qui vient de lancer plusieurs chantiers majeurs au sein de son entreprise, dont un qui vise à rendre la distillerie plus vertueuse pour l’environnement.

De fait, une grande réorganisation de l’outil industriel est prévue et devrait être mise en place dès septembre 2022, avec l’objectif de diminuer les consommations d’eau et d’énergie. Un investissement d’un million d’euros pour optimiser le process de la distillerie mais aussi un engagement environnemental. "Nous allons réorganiser la production, mettre en place des échangeurs pour récupérer la chaleur", explique le dirigeant. Mais cette évolution pourrait se convertir en révolution si le système actuellement en phase d’essai pouvait être appliqué. "Il permettrait de récupérer la chaleur produite par l’alambic au moment du changement d’état, afin de la réinjecter. Avec ce système, il ne faudrait plus utiliser d’énergie que pour la montée à température et non plus pour le maintien à température." Une installation qui entraînerait un coût supplémentaire d’un million d’euros mais qui diviserait la consommation de gaz par cinq et ferait passer la consommation annuelle d’eau d’un million de m3 à 200 000 m3.

Responsabilité de faire

Des bénéfices qui semblent impressionnants mais qui ne le sont pas autant qu’ils le paraissent. La facture annuelle de l’entreprise de gaz se monte actuellement à 60 000 euros et l’eau est puisée dans une source présente sur le terrain de l’entreprise et qui lui appartient. "Nous solliciterons des subventions : il est de notre responsabilité de faire mieux que ce qu’on fait aujourd’hui. Et notre activité nous permet aussi de dégager des marges de manœuvre pour financer des projets où nous ne pouvons pas être soutenus." Cette politique environnementale volontariste peut en effet s’appuyer sur un dernier exercice où le chiffre d’affaires a bondi de 30 %, en pleine pandémie. Une progression que le chef d’entreprise costarmoricain explique par l’envie de consommer local (le whisky de la société, qui assure 80 % du chiffre d’affaires, est commercialisé sous la marque Armorik), par une capacité financière plus importante des clients et par le lancement de nouveaux produits en 2021.

"L’exceptionnel ne se refait pas"

L’année 2022 a commencé plus calmement en termes de ventes. "L’exceptionnel ne se refait pas", philosophe David Roussier. Mais la conscience écologique se retrouve dans trois nouveautés destinées au réseau de la grande distribution, qui représente 50 % du chiffre d’affaires (contre 95 % en 2009), devant les cavistes (20 %) et l’export, les boutiques de souvenirs et la boutique de l’entreprise, qui représentent chacune 10 %. Les deux whiskys Armorik vendus en grandes surfaces passent en bio, le chouchen est désormais réalisé avec du miel français, tandis que les liqueurs, produits historiques de l’entreprise née en 1900, bénéficient d’un nouveau packaging. "Ces changements s’accompagnent d’une hausse de tarifs, ce qui crée une incertitude", observe le dirigeant.

La Distillerie Warenghem possède des gammes différentes suivant les canaux de distribution — Photo : Matthieu Leman

Cette migration de l’orge, qui sert à la production des whiskys et des bières de l’entreprise, vers le bio et un approvisionnement de plus en plus costarmoricain pourrait être complétée par le maltage de l’orge sur le site de Lannion, alors qu’il est aujourd’hui réalisé dans le nord de la France, d’où était originaire le fondateur de la distillerie.

Installation d’une tonnellerie

Enfin, l’entreprise installée route de Guingamp à Lannion dans 5 800 m² de bâtiments depuis 1974, après avoir longtemps été au centre-ville, devrait racheter le site des anciens abattoirs de la commune. "Nous devrions signer la promesse de vente au printemps", estime David Roussier. Dans un premier temps, une tonnellerie pourrait s’installer dans une partie des locaux. La distillerie s’est associée avec un jeune professionnel, fils de celui avec lequel travaillait l’entreprise, pour monter cette structure qui fournira les besoins de la société costarmoricaine, estimée à 50 fûts par an, mais aussi ceux d’autres producteurs. "C’est une façon de préserver le savoir-faire et le patrimoine. Cette tonnellerie sera ouverte aux visiteurs", anticipe le chef d’entreprise, qui organise déjà des visites de la distillerie, qui attire de 10 000 à 12 000 personnes par an.

Le reste des bâtiments pourrait, dans un second temps, en 2023, être transformé en bar… à whiskys, et accueillir les "petites" productions que sont les liqueurs et la bière, mais aussi un laboratoire de R & D. En attendant, trois recrutements viennent d’être effectués depuis le début de l’année pour accompagner la croissance.

David Roussier devant le vénérable alambic de la distillerie — Photo : Matthieu Leman
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