Alpes-Maritimes
Ippolito : "Le déchet amène à l’énergie, qui devient un enjeu stratégique pour l’entreprise "
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Pierre Ippolito directeur général du groupe Ippolito "Le déchet amène à l’énergie, qui devient un enjeu stratégique pour l’entreprise "

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Le groupe Ippolito (940 collaborateurs, CA 2022 : 244 M€) poursuit son chemin vers la diversification. Après l’automobile, son métier historique, l’industrie, le tourisme et l’immobilier, le groupe familial azuréen lance une nouvelle branche dédiée à la valorisation des déchets et à la production d’énergie. Directeur général du groupe du même nom, Pierre Ippolito explique les nouveaux enjeux à la fois pour l’entreprise et pour le territoire.

Pierre Ippolito dirige le groupe familial éponyme — Photo : Olivia Oreggia

Comment est née l’idée de cette cinquième branche d’activité au sein du groupe Ippolito ?

La démarche autour du déchet a commencé il y a trois ans et demi. Nos partenaires, acteurs du secteur comme Veolia, nous questionnaient de plus en plus sur des spécificités de matériels : Faut-il des véhicules électriques pour ramasser les ordures ménagères ? du biocarburant ? du biogaz ? Nous avons commencé à leur louer des containers enterrés… Ils avaient besoin d’un accompagnement qui dépassait la seule problématique de la mobilité, d’un opérateur de services pour leur offrir des solutions globales. Avant, je pensais que la valeur était dans la collecte des ordures, or elle est dans le traitement et maintenant aussi dans la transformation de ces ordures en énergie.

La reprise de la casse automobile Autochoc en 2021 a-t-il été l’élément déclencheur ?

Nous avions de la matière et des déchets mais nous ne suivions pas cela de près. Pour les traiter, nous faisions appel à des partenaires locaux, ce n’était pas notre cœur de business. Autochoc nous a permis d’identifier ces filières-là, via l’économie circulaire, le réemploi, de comprendre davantage la valorisation de chaque typologie de déchets. Nous sommes alors entrés dans une logique d’optimisation pour Autochoc et pour l’ensemble du groupe au sein duquel nous produisons 15 000 tonnes de déchets non dangereux par an. À titre de comparaison, les encombrants de la ville de Nice, cinquième ville de France, pèsent 30 000 tonnes. Ces volumes nécessitent une structuration afin de mutualiser et professionnaliser le sujet.

"Quand je vois un déchet je vois désormais un potentiel énergétique."

Quel est le lien entre le déchet et l’énergie ?

Quand je vois un déchet, je vois désormais un potentiel énergétique. Jusqu’à présent, l’énergie du réseau était bon marché, il n’était donc pas intéressant d’en produire. Mais la crise énergétique a rebattu les cartes. Non seulement le prix d’achat de l’énergie a significativement augmenté et est instable, mais il a aussi mis en lumière notre dépendance vis-à-vis d’environnements macroéconomique et politique que nous ne maîtrisons pas en tant qu’entrepreneurs.

Au sein du groupe, comme pour nos clients, les besoins énergétiques vont augmenter à travers l’électromobilité. Si on remplace le pétrole, et notamment le diesel, par les véhicules électriques, il va nous falloir de l’énergie pour recharger. En l’état, nos clients comme nous-mêmes, n’avons pas la capacité d’acheter l’électricité sur le réseau à moindre coût, il faut donc la produire. Il y a plusieurs façons de créer de l’énergie, nous en avons identifié deux, le photovoltaïque et le déchet, via l’incinération et la méthanisation. Le déchet amène ainsi à l’énergie qui devient un enjeu stratégique pour l’entreprise. Demain, celui qui aura une énergie à un prix maîtrisé et en quantité suffisante sera potentiellement plus compétitif que ceux qui subiront l’environnement.

Le groupe Ippolito a fait installer 700 m2 d’ombrières photovoltaïques au siège pour alimenter véhicules et bâtiment — Photo : Groupe Ippolito

Comment avez-vous structuré ces nouvelles activités ?

Nous sommes à la fois dans la croissance organique pour mailler, développer, tester mais aussi dans de la croissance externe, avec Assainissement Services pour le déchet liquide. Il y a beaucoup de petits acteurs indépendants sur le territoire et des opportunités de concentration, le secteur de l’énergie et du déchet étant de plus en plus réglementé. Une ETI est la bonne taille pour à la fois accompagner la concentration de ce marché et être le relais des grands groupes par la proximité qu’on représente sur notre région. Pour le déchet solide, nous avons eu l’opportunité de nous associer avec Thomas et Jimmy Humphreys (ex Sclavo Environnement, ndlr) en créant Orion organisé en deux filiales, Orion Métaux et Orion Trade.

Nous allons proposer également des solutions photovoltaïques. Nous avons créé pour cela la société Sun Mobilités avec Sun and Go (entreprise grassoise créée par Jean-Paul Decroix et Olivier Béchu, NDLR). Nous avons installé 700 m2 d’ombrières photovoltaïques au siège, avec une dizaine de bornes électriques, quand celles-ci ne rechargent pas, le bâtiment utilise l’électricité produite. Des clients sont déjà intéressés. Nous allons d’abord être le "beta testeur" du mode opératoire, du montage juridique et opérationnel, et nous proposerons le tout à nos clients en 2024.

Quels sont les objectifs de cette nouvelle branche ?

Elle a vocation à peser une trentaine de millions d’euros d’ici cinq ans avec un peu plus d’une centaine de collaborateurs, comme une belle PME pour, à terme, se positionner sur d’autres marchés. Car nous sommes dans une logique d’écosystèmes, de collaborations. S’il y a de nouveaux projets de méthaniseur, on ne les portera pas seuls, nous nous associerons à d’autres acteurs. Nous nous rôdons, bien sûr, dans les Alpes-Maritimes mais la logique est régionale. Sur le déchet solide, notre premier comptoir de fer et métaux sera d’ailleurs ouvert à Vitrolles dans les Bouches-du-Rhône.

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