Il y a la fast fashion, cette mode jetable contre laquelle les députés français ont adopté un projet de loi le 14 mars 2024. Il y a même l’ultra fast fashion, comme les géants chinois Temu ou encore Shein qui met en ligne plus de 7 500 références en ligne… chaque jour. Et puis, à l’exact opposé, il y a Noliju. Minuscule Poucet aux grandes valeurs.
Made in Europe
L’azuréenne installée près de Sophia Antipolis habille des femmes sportives, en conjuguant technicité, confort, esthétique et durabilité. "Je travaille avec des ateliers familiaux au Portugal ou en France", précise sa fondatrice, Norah Luttway. Les tissus sont quant à eux français ou italiens. "Ce sont des tissus techniques comme le polyamide recyclé issu de la récupération des filets de pêches ou du polyester qui provient de la récupération des bouteilles plastiques. Ce qui m’intéresse, c’est leur respirabilité, que ne permettent pas forcément les matières naturelles. Je teste en prototypage actuellement des matières, biodégradables à terme ou biosourcées, notamment à base d’huile de ricin. Je suis les innovations de près."
Après une première carrière dans l’habillement, chez Petit Bateau, Naf Naf et Carnet de Vol, Norah Luttway a créé Noliju en 2016. Si elle refuse de donner un chiffre d’affaires, elle confie timidement avoir enregistré une croissance de 80 % au dernier exercice, tout en précisant par ailleurs que ce n’est pas le positionnement écoresponsable de la marque qui attire sa clientèle. "Disons que c’est la cerise sur le gâteau mais l’achat est avant tout motivé par l’esthétique."
Le vêtement devient un outil RSE
De quoi en tout cas pousser l’une de ses clientes, directrice d’un hôtel à Monaco, à lui demander de fabriquer les robes de ses gouvernantes. Ou quand les vêtements servent la politique RSE des entreprises… "J’ai relevé le challenge, moi qui n’avais jamais fait de robes dans mes collections, reprend Norah Luttway. J’ai même réussi à les faire totalement sur la Côte d’Azur. Elles leur ont tellement plu que j’ai ensuite équipé tout le personnel de l’hôtel, en partant des besoins de chacun." Près de 300 pièces ont ainsi été créées pour l’hôtel Colombus : chemises, jupes, pantalons, vestes… "Travailler sur le bien-être des salariés au quotidien, me dire que ces textiles peuvent contribuer à ce que des gens évoluent dans de meilleures conditions, ça me plaît beaucoup."
Un bureau d'études dédié
Noliju a ainsi donné naissance à Nolipro, bureau d’étude dédié. Pour l’heure le tourisme surtout, est demandeur, avec un deuxième projet pour un hôtel, toujours à Monaco, et un troisième dans l’hôtellerie-restauration. "À l’approche de l’été, j’aimerais apporter du confort à ceux qui travaillent dans la chaleur. Il y a des tissus techniques tout à fait adaptés." Le projet suivant se fait cette fois avec un client dans le paramédical. Ce pourrait aussi être dans l’événementiel, l’aérien, le yachting, l’industrie ou le commerce : la liste est longue des entreprises qui voudraient cocher à la fois les cases QVT (Qualité de vie au Travail) et empreinte environnementale. Noliju (3 collaborateurs à ce jour) devra alors recruter pour répondre à la demande qui s’ouvre à elle.
