Le groupe normand Grandis veut relancer sa nouvelle filiale sarthoise Macosa avec du prêt-à-porter
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Le groupe normand Grandis veut relancer sa nouvelle filiale sarthoise Macosa avec du prêt-à-porter

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En Sarthe, Macosa a été racheté par le groupe normand des Ateliers Grandis. Le nouveau propriétaire réoriente l’atelier spécialisé dans la lingerie dans le plus haut de gamme et le prêt-à-porter. D’ici trois ans, les 85 salariés pourraient passer au nombre de 120.

Dans les ateliers de Macosa à Bonnétable, une partie de la ligne de production de lingerie va être aiguillée dans le prêt-à-porter et le piqué main. Des couturières viennent de terminer leur formation avant de s’installer à ces nouveaux postes — Photo : Grandis

Ce vendredi 19 avril 2024, 17 salariées de l’entreprise de couture à façon Macosa ont achevé leur formation pour pouvoir s’installer aux nouveaux postes créés dans l’atelier de Bonnétable, en Sarthe. Spécialiste de la lingerie, dernier corsetier de France, la PME veut se diversifier dans le prêt-à-porter, un marché à plus forte valeur ajoutée. Le nouveau directeur André Gagnon ne le cache pas : cette diversification est devenue nécessaire pour aller chercher de nouveaux clients et des liquidités. La date de ces formations coïncidait avec une activité au ralenti : "Nous étions en activité partielle jusqu’au 31 mars".

Préserver un savoir-faire français

La PME a été reprise en octobre 2023 par les Ateliers Grandis (1 100 salariés, 15 ateliers en France), un fabricant normand de vêtements pour le secteur du luxe. L’entreprise sarthoise était en liquidation lorsque le groupe manchot l’a mise dans son giron. Avec deux motivations : celle de "préserver un savoir-faire français" et celle de "diversifier ses gammes". "Nous sommes parmi les seuls en France à être spécialisés dans la lingerie et le dernier en corseterie", souligne le directeur de Macosa.

Philippe Hache, fils du fondateur de la Macosa a voulu sauver ce savoir-faire entretenu durant cinquante ans mais s’est trouvé face à une concurrence bon marché. Même en délocalisant en partie à Madagascar, ses produits étaient "encore trop chers". Macosa était ainsi passée de 250 salariés à la fin des années quatre-vingt-dix à 84 en 2023.

Six premiers mois sous tension

Dès le rachat en octobre, la nouvelle direction a souhaité arrêter "ce que tout le monde faisait : les polos, les marinières, etc.". Mais elle a aussitôt été confrontée à un effet ciseau imparable. "Le principal client s’est retiré, avec un préavis de dix jours, il représentait environ 30 % du chiffre d’affaires. En conséquence, l’un de ses sous-traitants qui travaillaient avec nous a arrêté également", retrace André Gagnon. Dans le même temps, poursuit le directeur, l’inflation a frappé de plein fouet le commerce de la lingerie et des maillots de bain, la demande globale a chuté : "On a perdu encore quelques clients, confrontés à des difficultés. Au total, nous avons perdu 50 % de notre portefeuille en quelques semaines."

Aller chercher de la valeur ajoutée

Néanmoins, insiste André Gagnon, "nous allons retrouver de nouveaux clients avec des productions à plus forte valeur ajoutée. Du luxe, mais que : il peut s’agir de petits créateurs de lingerie, synonymes de qualité et de beaux projets. Le groupe Grandis croit toujours qu’on peut développer un créneau ici, en misant sur le made in France. C’est un groupe familial qui a une vision à long terme. Il pense que la demande va revenir et progresser d’ici deux ans. Le groupe a d’abord voulu pérenniser l’outil en augmentant les volumes de production avec du prêt-à-porter. Mais pour cela, il faut que le personnel soit prêt dès que la demande arrivera."

Plus d’une centaine de salariés d’ici trois ans

Cette stratégie correspond aux 140 heures de formation qui viennent d’être effectuées pour consacrer l’une des trois lignes de production au piqué main. "Ces formations seront suivies par trois semaines de semi-production et d’une semaine de lancement." Le groupe Grandis espère "une progression de l’activité de 10 à 15 %" sur le site de Bonnétable et multiplier les embauches pour "atteindre les 120 à 130 salariés d’ici trois ans", chiffre le directeur. "On est équipé pour le faire, sans devoir s’agrandir" affirme André Gagnon. Pour l’heure, les recrutements sont gelés. Ils pourraient reprendre d’ici l’automne.

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