Au Mans, l’Atelier Fernand Robert symbolise le rebond du groupe vendéen Partson en 2023
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Au Mans, l’Atelier Fernand Robert symbolise le rebond du groupe vendéen Partson en 2023

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Fin de redressement judiciaire, repositionnement payant, hausse du chiffre d’affaires : la belle année du groupe vendéen Partson, l’un des derniers rescapés des chapeliers français, est à l’image de la transformation de l’atelier Fernand Robert. Le site sarthois, repris en 2020, produit 40 000 pièces de luxe par an.

Modelage à chaud d’un chapeau en feutre, dans les Ateliers Fernand Robert, en Sarthe — Photo : Frédéric Gérard

À deux rues du Mans, à Coulaines, l’Atelier Fernand Robert porte le nom de son créateur en 1905. Mais l’entreprise n’appartient plus à la famille, depuis que le Covid a bousculé les règles du jeu. Repris par le groupe Partson en 2020, avec cinq salariés et un savoir-faire de modiste, le fabricant de chapeaux, spécialiste des feutres et paille, a su rebondir et entrer dans une dynamique de recrutement. Avec 38 salariés aujourd’hui, formés "sur-mesure", l’atelier illustre à lui seul les projets et la réussite du groupe vendéen, grand rescapé de la chapellerie française, avec ses chapeaux et casquettes fabriqués en coupé-cousu. Axelle Jarrossay, fait la visite avec le sourire - "ce n’était pas forcément le cas, il y a un an", confie la jeune directrice du site sarthois.

Le chiffre d’affaires a doublé en un an

En 2023, après deux années difficiles, le chiffre d’affaires de l’entreprise sarthoise a doublé pour passer à 1,5 million d’euros. "Et il pourrait en être de même en 2024", annonce le PDG de Partson, Wilfried Guilment. Le chiffre d’affaires du groupe a également progressé de 3,6 %, proche d’un global à 4,5 millions d’euros, dont 2,5 millions pour le site de Fontenay-le-Comte, qui emploie une cinquantaine de personnes. Si le site vendéen est plus important, il se heurte à une réalité locale : la difficulté de recruter, avec un taux de chômage de 6 %. Un plan de formation va être lancé au printemps, pour un renouvellement et un perfectionnement des qualifications du personnel. Mais force est de constater : "Dans le bassin sarthois, où il existe un vrai savoir-faire local, c’est plus facile de recruter". Une bonne partie de la croissance de 2024 devrait donc encore se faire sur le site du Mans.

Une sortie de redressement judiciaire réussie

Le groupe Partson, créé en 2006, s’était donné pour mission de sauver les savoir-faire français de la mode, un "patrimoine vivant", et plus particulièrement des couvre-chefs, dans un premier temps. Mais après une série de reprises d’entreprises et d’ateliers en France, le PDG du groupe vendéen a placé le groupe en redressement judiciaire pour "sécuriser les emplois et les savoirs et afin de redémarrer avec l’aide d’un administrateur judiciaire". Le rebond de 2023 lui a permis d’en sortir sereinement, avec "un résultat net passé de -300 000 euros à +400 000 euros". Pour cela, "on est reparti de zéro, on a tout remis à plat".

"Si on avait été tenu par des financiers, on aurait fermé la boutique", résume Wilfried Guilment. À la tête d’un groupe qui fêtera ses 190 ans cette année, l’héritier de la maison Dandurand a cru dans l’avenir du haut de gamme made in France. "Le luxe n’a d’ailleurs jamais souffert", souligne-t-il. Pour traverser la mauvaise passe, une concentration de l’activité s’est faite sur deux sites, ceux de Fontenay-le-Comte et de Coulaines, avec la fermeture de l’atelier Mamet spécialisé dans le travail du cuir à Saint-Clément-des-Levées, dans le Maine-et-Loire.

Un abandon de ses propres marques

Autre décision drastique : le groupe Partson a abandonné ses propres marques (dont les casquettes Torpédo) pour se positionner fabricant à façon de grands noms (appartenant à LVMH, principalement). "Cela nous a permis de supprimer la gestion des stocks, qui peut coûter cher, avec des matériaux nobles", glisse le patron. Cela a aussi pu renforcer, s’il en était besoin, les liens privilégiés avec les clients : "On ne peut plus trouver nos propres produits à côté des leurs dans les magasins, il n’y a donc pas de comparaison possible. Ce qu’on crée aujourd’hui, c’est uniquement pour nos clients." Un retrait apprécié pour son élégance…

Axelle Jarrossay, directrice du site sarthois L’Atelier Fernand Robert, et Wilfried Guilment, PDG du groupe vendéen Partson, spécialiste des chapeaux et casquettes à façon de luxe, sortent d’une année 2023 réussie — Photo : Frédéric Gérard

Les grandes maisons du luxe apprécient aussi de pouvoir porter le savoir-faire français. Les séries vont de quelques unités à 20 000 pièces, en fonction des commandes. À chaque fois, la créativité et la rigueur sont mises au service des clients historiques du groupe, mais aussi de nouveaux. Et de temps en temps, de cours royales ou du cinéma. Certains modèles peuvent aussi être réclamés en haut de gamme "seulement", une entrée de gamme du luxe en quelque sorte, "accessible au plus grand nombre".

Un carnet de commandes de luxe rempli pour trois ans

L’atelier Fernand Robert est désormais équipé de presses centenaires qui permettent de mouler les feutres à chaud avant de les orner, avec des éléments cousus à la main, ce qui permet aussi d’augmenter la cadence à quelques milliers d’exemplaires par semaine. Le site sarthois fabrique 40 000 pièces par an. "La demande n’a jamais vraiment été le problème, indique Wilfried Guilment. Mais on a désormais une réelle sérénité avec un carnet de commandes à trois ans." Il voit même le réchauffement climatique comme un vecteur évident d’une relance du port du chapeau. Entre 80 et 90 % des produits sont vendus à l’étranger.

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