Sclavo construit une usine pour déconstruire les bateaux
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Sclavo construit une usine pour déconstruire les bateaux

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Spécialisé dans la gestion des déchets, le groupe niçois Sclavo construit à Fréjus une usine pour démanteler des bateaux de plaisance. Une filière structurée depuis peu et particulièrement porteuse dans la Région Sud.

Le groupe niçois Sclavo présidé par Jean-Marc Sclavo, fait construire une usine de 5 000 m² dans le Var pour y recycler les bateaux de plaisance — Photo : Olivia Oreggia

Ferrailleur devenu recycleur, le spécialiste de la collecte et du traitement de déchets Sclavo, se lance dans la déconstruction nautique. « Nous recyclons déjà les bateaux mais uniquement à la demande », explique Jean-Marc Sclavo, président du groupe familial niçois né en 1918. « Nous nous structurons désormais pour répondre à la problématique grandissante des abandons et du recyclage des bateaux de plaisance de moins de vingt-cinq mètres. » Le terrain de jeu de l'entreprise s'étendra de Toulon et la frontière italienne. Trop tôt pour en estimer le développement, mais l'activité s'annonce importante. Des collaborateurs sont déjà en formation. D'autres seront recrutés.

Un investissement de 10 millions d'euros

Cette nouvelle activité passe par la construction d’une usine de 5 000 m², basée à Fréjus, dans le Var, juste à côté de l’un des centres de tri de la PME. L’entreprise niçoise a remporté l’été dernier l’appel d’offres de l’APER. L’Association pour la Plaisance Éco-Responsable est un organisme agréé, chargé depuis mars 2019 du recyclage des bateaux de plaisance en fin de vie. Sous son impulsion, une nouvelle filière économique est en train de voir le jour. L’objectif à l'échelle nationale est de déconstruire entre 20 000 et 25 000 bateaux d’ici 2023. Pour cela, environ 40 centres de traitement devraient mailler le territoire français. Si l’APER se charge de toutes les étapes, y compris administratives, le démantèlement en lui-même est confié à des prestataires, choisis selon les exigences du ministère de la Transition Ecologique et Solidaire.

Ainsi Sclavo a investi 10 millions d’euros dans son usine dont la livraison est prévue dans le courant du deuxième semestre. « Aujourd'hui, nous sommes les seuls à avoir pris le risque de construire une usine dédiée à la déconstruction navale. Il s’agit de déconstruire mais aussi de dépolluer », précise le président à l’accent niçois. « Dans un bateau, on trouve du liquide de moteur, des batteries, des bonbonnes de gaz, des fusées de détresse, des capots en amiante... Nous séparons les parties métalliques, le bois, les plastiques que nous valorisons. Cela reste notre coeur de métier. »

La société familiale qui voit aujourd’hui travailler la quatrième génération. Le groupe affiche un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros pour 140 collaborateurs, et envisage de recruter pour asseoir le développement de sa nouvelle activité nautique. Avec une croissance annuelle comprise entre 15 et 20 %, l’entreprise ne connaît pas la crise. Entre le réchauffement climatique et l’épuisement mondial des ressources naturelles, le recyclage a plus que jamais de l’avenir. « Prenons l’exemple du cuivre. Il y a encore des mines à ciel ouvert, notamment en Amérique du Sud. Une fois extrait, il faut le transporter puis traiter le minerai dans des usines avant de l’emmener en affinerie ou en fonderie. Avec nous, les récupérateurs recycleurs, il va directement en fonderie, nous ne lui faisons faire qu’un seul tour ! »

Le BTP, source première d'activité

Le négoce des métaux représente l’activité première du groupe qui vend cuivre, aluminium ou ferraille en Italie, en Espagne, en Allemagne, au Portugal et jusqu’en Inde où le marché explose alors que la demande en Europe est faible et le marché vite saturé. Sa source principale reste le BTP mais Sclavo travaille aussi avec l’industrie locale, notamment celle du parfum grassois comme l’entreprise Mane, qui au-delà de ses précieuses effluves, génère des produits chimiques, des déchets en inox (cuves…) ou en carton (emballage).

Sclavo recycle aussi des « déchets dangereux » : piles, néons, ordinateurs en fin de vie, liquides de refroidissement, batteries de voiture ou de téléphone portable… Il dispose pour ce faire de deux centres, un dans les Alpes-Maritimes, le second dans le Var.

Hormis les ordures ménagères et les déchets hospitaliers auxquels Jean-Marc Sclavo ne souhaite pas s’intéresser, l’entreprise qu’il dirige avec son frère, Michel, valorise donc tout. Ou presque. Restent les « déchets ultimes », ceux dont la technologie actuelle ne permet pas (encore) d’être revalorisés. « Ils sont enfouis mais il ne reste plus de produits toxiques. Aujourd’hui, sur 100 tonnes que nous rentrons en vrac, nous trions et recyclons 90%, du carton, des gravats. Environ 10% partent donc à la décharge. Il y a une vingtaine d’années à peine, tout était enfoui. C'était ça l'écologie à l'époque : on disait qu’il valait mieux mettre les déchets en décharge que sur le bord de la route ! Nous, nous récupérions grossièrement ce qui nous intéressait : la ferraille, le carton et le bois que nous vendions en Italie. » Le groupe Sclavo reçoit annuellement un volume global de 300 000 tonnes à trier.

Quant à l’avenir, du secteur, comme de l’entreprise, le président se dit « très serein. Notre activité n'est pas délocalisable. Ce n'est pas internet qui va nous prendre le boulot ! »

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