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HoloSolis, Sew Usocome, Liebherr : les investissements qui marqueront 2024 dans le Grand Est
Grand Est # Industrie # Investissement

HoloSolis, Sew Usocome, Liebherr : les investissements qui marqueront 2024 dans le Grand Est

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Les montants investis par l’industrie dans le Grand Est vont s’envoler en 2024. L’annonce de l’installation d’une gigafactory à Hambach, en Moselle et des centaines de millions injectés en Alsace commencent à redessiner les contours d’un secteur qui pâtit encore d’une image négative. Au-delà des annonces gouvernementales, peut-être les prémices d’une réindustrialisation effective se dessinent-elles ?

Loop Industries exploite déjà une usine à Terrebonne, au Canada — Photo : Loop industries

Holosolis va mobiliser 710 millions d’euros pour sa gigafactory d’Hambach

Holosolis a choisi Hambach, dans la Communauté d’agglomération Sarreguemines confluences, comme emplacement pour sa méga-usine de panneaux photovoltaïques. La capacité de production annuelle de cette usine atteindra 5 gigawatts (GW) une fois qu’elle sera pleinement opérationnelle, dépassant ainsi le plus grand site européen de production de panneaux solaires situé à Catane en Italie, dont la capacité prévue est de 3 GW. L’investissement programmé est de 710 millions d’euros. Installée sur 50 hectares dans l’Europôle d’Hambach, achetés 5 millions d’euros à la Communauté d’agglomération Sarreguemines confluences, cette usine produira chaque année 10 millions de panneaux photovoltaïques, ce qui correspond aux besoins énergétiques d’un million de foyers et représente 8 % des importations européennes de modules photovoltaïques chinois en 2022. La production débutera en 2025 et à partir de 2027, lorsque l’usine tournera à plein régime, près de 1 700 employés seront recrutés principalement dans le bassin de Sarreguemines, mais aussi dans le bassin houiller et le pays de Bitche.

Sew Usocome prévoit 300 millions d’euros d’investissements

Filiale française du groupe allemand Sew Eurodrive, Sew Usocome se porte bien. Alors qu’elle avait passé la barre des 550 millions d’euros de chiffre d’affaires fin 2022 avec 2 000 collaborateurs, l’entreprise bas-rhinoise spécialisée dans la fabrication de systèmes d’entraînement et de solutions d’automatisation pour l’industrie, programme de nouveaux investissements à hauteur de 300 millions d’euros. L’entreprise prévoit une nouvelle usine de bobinage, un centre de services, un nouveau bâtiment administratif et un parking en silo à Brumath, et prochainement un nouveau centre de services et de montage rapide en Île-de-France, le tout pour 120 millions d’euros. La future usine de production de Haguenau nécessitera, quant à elle, 180 millions d’euros d’investissement. Ce programme d’investissement s’étalera jusqu’en 2031. Il prolonge les quelque 100 millions déjà injectés dans l’extension de ses sites industriels de Forbach en Moselle dès 2020 et de Brumath depuis 2021.

Labellisée « Vitrine industrie du futur » en 2016, Sew Usocome vient d’être retenue dans le cadre du programme européen Modapto — Photo : SEWUsocome2023

Une usine de PET recyclé en Moselle pour 450 millions d’euros

450 millions d’euros vont être investis par les groupes Suez, Loop Industries et SKGC pour l’implantation d’une usine de polyéthylène téréphtalate (PET) 100 % recyclé en Moselle. Le consortium d’industriels s’appuie sur l’expérience du groupe coréen SKGC dans l’industrie pétrochimique, du français Suez dans la gestion des ressources et sur la technologie innovante de Loop Industries. Le site de production, d’une capacité prévue de 70 000 tonnes par an, s’installera sur un terrain de 20 hectares situé sur la plateforme industrielle Chemesis et appartenant à la Communauté d’agglomération Saint-Avold Synergie. Ces nouvelles capacités devront répondre à la demande des industriels basés en Europe engagés dans l’augmentation de matériaux recyclés dans leurs emballages et produits. Les trois partenaires visent un début des travaux pour 2025 et le démarrage de l’activité pour 2027, avec plus de 200 emplois directs à la clé et 1 200 emplois indirects.

Liebherr investit 170 millions d’euros pour un nouveau site de production à Nambsheim

Le fabricant colmarien de pelles sur chenilles et d’engins spéciaux Liebherr France (CA 2021 : 692 M€ ; 1 435 salariés) va créer un nouveau site de production à Nambsheim (Haut-Rhin) sur la zone industrielle EcoRhéna. Un investissement chiffré à 170 millions d’euros par l’entreprise qui occupera une surface d’environ 47 hectares à proximité du grand canal d’Alsace. Il générera la création de 300 emplois pour une ouverture prévue en 2025. Le projet porté par Liebherr consiste à relocaliser une unité de production de dernière génération à proximité de son siège colmarien. Une zone sera dédiée à la production de pièces soudées, de composants du châssis et de l’équipement de travail pour les pelles sur pneus et sur chenilles, les chargeuses sur pneus et bouteurs, et autres engins de terrassement. Une deuxième unité de production accueillera des travaux de prémontage et de montage des cabines de conduites des engins de chantier du groupe allemand. Il s’agit de la première implantation sur la ZAC EcoRhena qui est située sur quatre communes haut-rhinoises (Balgau, Geiswasser, Heiteren et Nambsheim). Elle s’étend sur 82,4 hectares (zone industrielle de 56,6 ha et zone portuaire de 25,8 ha) et doit contribuer à la reconversion économique du territoire avec l’arrêt des activités liées la centrale nucléaire de Fessenheim.

Baccarat injecte 68 millions d’euros dans la modernisation de ses moyens de production

Le groupe Baccarat a lancé en 2023 le principal volet d’un plan de 68 millions d’euros d’investissement. Ce programme vise principalement à renouveler l’outil de production vieillissant du site de Baccarat (Meurthe-et-Moselle) où travaillent 650 salariés et 150 intérimaires. Le chiffre d’affaires record de 202 millions d’euros atteint en 2021 en progression de 43 % par rapport à 2020, ainsi que la nette amélioration de la profitabilité du groupe, ont ouvert une fenêtre pour investir. Face à une conjoncture inflationniste défavorable, la célèbre maison entend se concentrer sur ses projets vitaux, à commencer par la construction d’un nouveau four d’une capacité de 18 tonnes de cristal par jour sur sa manufacture de Meurthe-et-Moselle. Cet équipement, dit four F, a débuté sa phase de réglage en septembre. La cristallerie lance en parallèle le renouvellement du four A d’une capacité de 9 tonnes, ceci après avoir rénové le four C. Ces chantiers sont complétés par des investissements dans de nouveaux équipements de taille, de polissage, des machines à commande numérique pour la fabrication de moules, etc. Pour les salariés de la vénérable maison, qui fêtera ses 240 ans en 2024, ces investissements inédits vont permettre à Baccarat de "redevenir une grande maison du luxe".

Le cristallier Baccarat va devoir adapter sa production à l’évolution de la réglementation européenne sur l’utilisation du plomb dans les processus de fabrication — Photo : Baccarat - Laurent Parrault

À Strasbourg, le stade de la Meinau agrandi pour 160 millions d’euros

Les travaux d’extension du stade de football du Racing Club de Strasbourg Alsace (RCSA), de 26 000 à 32 000 places, ont débuté alors que le club alsacien est passé sous pavillon américain en étant racheté par le consortium américain BlueCo, déjà propriétaire de Chelsea depuis mai 2022. Le RCSA appartenait depuis 2012 à une dizaine d’actionnaires locaux réunis autour de Marc Keller, son président, qui a conservé son fauteuil à l’issue de cette opération estimée à 75 millions d’euros.

Initialement chiffrée à 100 millions d’euros, la facture de la rénovation et de l’extension du stade de la Meinau est pour sa part passée à 160 millions d’euros pour une livraison à l’été 2026. Raisons de ce surcoût : l’inflation et la flambée du coût des matières premières. L’opération est cofinancée par l’Eurométropole de Strasbourg (à hauteur de 75,8 M€), la Région Grand Est (37,5 M€), la Ville de Strasbourg (18,8 M€), la Collectivité Européenne d’Alsace (18,8 M€). Le club interviendra à hauteur de 9,1 millions d’euros alors que le financement initial était exclusivement public. Le RCSA mettra également la main à la poche pour l’aménagement des espaces commerciaux à hauteur de 14 millions d’euros en plus de la rénovation de son centre de formation.

Daimler Truck va investir 50 millions d’euros dans l’usine meusienne d’Evobus

Till Oberwörder, le chef de la division Daimler Bus et président du directoire d’EvoBus, s’est rendu lui-même dans l’usine de Ligny-en-Barrois, dans la Meuse, pour apporter la nouvelle aux salariés. À partir du premier trimestre 2024, l’usine meusienne d’Evobus France (CA : 735 M€ ; 2 500 salariés) va produire le eCitaro, soit la version électrique de l’autobus phare du constructeur allemand, le Citaro. Pour se mettre en ordre de marche et être capable de produire la version électrique du Citaro, l’usine de Ligny-en-Barrois va bénéficier, d’ici à 2030, d’un investissement de 50 millions d’euros. Depuis 2021, 150 postes ont été créés par Evobus en Meuse, et la croissance des effectifs va se poursuivre : 250 nouveaux postes seront nécessaires pour accompagner "l’électrification" des lignes de production du Citaro. Entité séparée du groupe Daimler depuis 2021, produisant des poids lourds, des autocars et des autobus, Daimler Truck, la maison mère d’Evobus, a vu son chiffre d’affaires bondir de 28 % au cours de l’exercice 2022, pour atteindre 50,9 milliards d’euros. Le bénéfice net avant intérêts et impôts a suivi le même rythme pour grimper à 3,9 milliards d’euros contre 2,5 milliards sur l’exercice précédent. Des résultats qui s’expliquent par la demande post-Covid, mais aussi par le positionnement du groupe, qui accélère sur la transition énergétique et met en production, sur tous les segments de marché, des véhicules électriques : en 2022, les ventes de bus et de camion électrique ont déjà représenté 14 % des ventes du constructeur, soit plus de 520 000 unités.

Le site de Ligny-en-Barrois emploie le quart des 2 500 salariés en poste d’Evobus France — Photo : Evobus

Bauder construit en Alsace sa tête de pont pour le Rhin supérieur

Construire l’usine de systèmes de toitures la plus moderne d’Europe : c’est le projet qu’a engagé le groupe allemand Bauder (CA 2022 : 1,079 Md€, 1 400 salariés dont un peu plus de 800 en Allemagne) sur la zone d’activité de Herrlisheim-Drusenheim (Bas-Rhin). L’ETI familiale y investit plus de 100 millions d’euros pour faire sortir de terre deux lignes de production de membranes bitumineuses d’étanchéité et de panneaux en polyuréthane. La mise en service du site est prévue en 2025. À la clé, la création d’une centaine d’emplois. Le fabricant anticipe en une forte croissance du marché des produits d’isolation, poussé par les politiques allemande et européenne de limitation de l’impact du changement climatique. En plus de Drusenheim-Herrlisheim, d’autres investissements productifs sont en cours en Allemagne (Schwepnitz et Landsberg) ainsi qu’en Autriche.

MGE lance un chantier à 50 millions d’euros pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre

Basé à Chavelot, à côté d’Épinal dans les Vosges, MGE, groupe spécialisé dans le transport de marchandises, qui pèse 100 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 700 salariés, vient de dévoiler une stratégie visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de son groupe de 33,5 % d’ici à 2028. Un chantier à 50 millions d’euros, dont la première étape a été d’ouvrir à Chavelot une station-service délivrant un carburant alternatif au gasoil, le HVO, pour alimenter les poids lourds du groupe. Contraint à l’utilisation du HVO pour engager sa transition, le dirigeant de MGE estime que "le transport zéro émission est pour quelque part entre 2035 et 2045. Mais, d’ici là, il faut démarrer tout ce qu’il est possible de faire." Débordant d’idées pour décarboner son activité, Philippe Virtel veut mettre en service, "d’ici à 2023-2024, d’un à trois tracteurs électriques à batterie, à titre expérimental".

35 millions d’euros investis par le groupe Mars en Alsace

Les quatre sites alsaciens du groupe Mars vont bénéficier d’une part des 130 millions d’euros investis par le géant de l’agroalimentaire et du bien-être animal. 32 millions vont être injectés dans la division Mars Wrigley dont 23 pour l’usine de Haguenau (Bas-Rhin) et 9 millions pour celles de Steinbourg (Bas-Rhin) et Biesheim (Haut-Rhin). L’objectif étant "d’augmenter (ses) capacités de production de M & M’s, d’innover en faveur de la recyclabilité des emballages et de poursuivre (sa) transition écologique". La multinationale ambitionne également d’optimiser sa supply chain "avec des filtres additionnels et la livraison des matières laitières sous format big bag". Enfin, l’usine Mars Petcare située à Ernolsheim-sur-Bruche (Bas-Rhin) et spécialisée dans la fabrication d’alimentation pour animaux, bénéficiera des 3 millions d’euros restants.

Mars Wrigley produit ses M & M’s dans son usine d’Haguenau dans le Bas-Rhin — Photo : © DR

TotalEnergies met 11,7 millions d’euros en Moselle dans la production de polypropylène

Disposant déjà de deux lignes de production de polypropylène sur la plateforme de Carling, en Moselle, le groupe TotalEnergies veut répondre à la demande des constructeurs automobiles en investissant dans une nouvelle ligne hybride, capable d’intégrer des matières recyclées. La nouvelle ligne doit démarrer au troisième trimestre 2024, pour un investissement de 11,7 millions d’euros, qui devra permettre d’ajouter 15 000 tonnes de capacité, en complément des 30 000 tonnes déjà produites sur deux lignes. À Carling, les équipes de TotalEnergies se sont appuyées sur l’expérience d’une filiale du groupe, le normand Synova, racheté en 2019, qui produit déjà des matières pour l’industrie automobile totalement recyclées. La nouvelle ligne sera capable d’intégrer des plastiques "post-consommation", donc triés pour en refaire de la matière neuve.

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