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Food Pilot va lancer une plateforme qui évalue l’empreinte environnementale des produits alimentaires
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Food Pilot va lancer une plateforme qui évalue l’empreinte environnementale des produits alimentaires

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Née à Dijon en 2022, la start-up Food Pilot déménage à Montpellier pour déployer sa plateforme mesurant l’impact des acteurs agricoles, du champ au produit fini. Elle veut profiter d’un nouvel affichage plus sévère pour croître rapidement auprès des acteurs de la filière.

Frédéric Volle (à gauche), aux côtés de ses associés et cofondateurs de Food Pilot — Photo : Food Pilot

De la fourniture de matières premières à la production, plus de 20 intermédiaires peuvent participer à la fabrication d’un seul paquet de biscuits : comment mesurer son bilan carbone réel ? Pour résoudre ce casse-tête scientifique, la start-up montpelliéraine Food Pilot (10 salariés) développe la première plateforme permettant de mesurer et de réduire l’impact environnemental des produits alimentaires. "L’impact se joue dans les champs agricoles et les doses d’azote utilisées pour avoir les meilleurs rendements. Mais il est compliqué pour une entreprise de réunir ces informations. Notre plateforme lui permet d’évaluer plus facilement son produit, par rapport notamment aux nouvelles normes fixées par la réglementation", décrit Frédéric Volle, cofondateur de Food Pilot.

Les données au cœur de la machine

Face aux solutions concurrentes, Food Pilot présente son produit comme "la seule plateforme du marché utilisant des données réelles et vérifiées". La start-up a en effet noué des accords avec SMAG et MesParcelles, deux éditeurs de logiciels agricoles leaders en France, qui travaillent en contact direct avec près de 50 000 agriculteurs. "Les plateformes concurrentes utilisent souvent des données génériques ou simulées, tandis qu’avec nos partenaires, nous exploitons des données réelles, qui existent déjà, mais pour une autre application. De plus, nous ne nous contentons pas de mesurer le bilan carbone, mais bien l’ensemble des indicateurs de performance d’une entreprise agricole", insiste Frédéric Volle.

Sur cette base, l’algorithme développé par Food Pilot génère des recommandations pour que l’entreprise utilisatrice puisse modifier ses pratiques. Dans sa dernière version, la plateforme peut même puiser d’autres indicateurs dans le système informatique de l’utilisateur pour adapter sa stratégie RSE (responsabilité sociétale des entreprises). "Le système établit un score, mais il identifie aussi des moyens pour améliorer ce score avec des préconisations pragmatiques : réduire les intrants, définir un plan d’action pour les emballages, etc. Notre ambition est d’accompagner la filière, au-delà de simples indicateurs, vers un réel progrès environnemental", affirme Frédéric Volle.

Un nouvel aiguillon réglementaire

Créée en 2022 à Dijon (Côte-d’Or), Food Pilot vient de s’implanter dans l’Hérault pour poursuivre son incubation au sein du BIC de Montpellier et de l’Institut Agro Montpellier. Dans son premier cycle de maturation en R & D, la start-up a déjà conclu un accord avec la coopérative Dijon Céréales, pour l’aider à mesurer le score de ses baguettes de pain. Elle a aussi pris part au projet Open Wine Data, un outil qui valorise les données de la filière viticole de Bourgogne Franche-Comté. Ouvrant un nouveau chapitre à Montpellier, Food Pilot bénéficie d’une enveloppe de plus d’un million d’euros, réunie auprès de plusieurs financeurs (MesParcelles, France 2030, French Tech, SATT AxLR), pour finaliser le développement de sa plateforme. Elle gère déjà une douzaine de clients dans cette phase pré-commerciale, et affiche huit autres prospects. La plateforme sera lancée sous forme d’abonnements en septembre 2023, avant une deuxième version jouissant de fonctionnalités de préconisations enrichies en fin d’année.

Food Pilot veut aller vite, aidée par un environnement réglementaire favorable : équivalent du NutriScore, un nouvel "Affichage environnemental" est recommandé par l’Europe aux acteurs des filières agri et agro en 2023, avant d’être imposé en 2025. Surfant sur ces nouveaux besoins, la start-up prévoit de réaliser un chiffre d’affaires d’1,3 million d’euros en 2023, puis 3 millions en 2024. Pour financer cette croissance, elle planche sur une levée de fonds de 3,5 millions d’euros d’ici juin 2023, qui lui permettra notamment de recruter 10 personnes. "Nous ciblons d’abord les grandes marques de l’agroalimentaire. Mais nous collaborons avec l’agence économique Ad’Occ pour nous rapprocher des petites exploitations, qui constituent 80 % du tissu régional. Nous lancerons une nouvelle version conçue pour leurs besoins en 2026", se projette Frédéric Volle, prédisant un nouveau boom de croissance à cet horizon.

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