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En pleine levée de fonds, VoltR revoit ses ambitions à la hausse sur ses batteries reconditionnées
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En pleine levée de fonds, VoltR revoit ses ambitions à la hausse sur ses batteries reconditionnées

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La start-up angevine qui reconditionne les cellules de batteries au lithium va lever plusieurs dizaines de millions d’euros. Le président Alban Regnier, l’un des quatre fondateurs de VoltR, détaille la nouvelle feuille de route d’ici à 2030. L’objectif est de construire un leader européen avec quatre usines de pointe, 600 salariés et 120 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Initiateur, cofondateur et président de VoltR, Alban Regnier veut créer un leader européen des batteries au lithium reconditionnées — Photo : VoltR

Après avoir levé 4 millions d'euros fin 2023, VoltR prépare un nouveau tour de table beaucoup plus conséquent. "On va lever plusieurs dizaines de millions d’euros" en 2024, indique Alban Regnier. Le président de la start-up reste évasif : "Entre 20 et 80 millions d’euros… En tout cas, c’est un changement d’échelle dû à l’engouement du projet." La start-up angevine a développé une nouvelle technologie pour recycler les cellules au lithium de batteries électriques (aujourd'hui de vélos et d'outillages comme des perceuses). Ces compétences suscitent beaucoup d’intérêt en France mais aussi depuis l’étranger. "On s’était donné un an pour prouver que ça marchait, on y est parvenu en quatre mois seulement, depuis l’ouverture de notre usine pilote au Technocampus d’Angers", glisse le dirigeant de 32 ans.

Une première usine ligérienne de 200 salariés

Premier objectif de cette nouvelle levée de fonds d’ici fin 2024 : "Construire une première usine de 5 000 m2 dans les Pays de la Loire pour assembler des dizaines de milliers de batteries reconditionnées." Le lieu reste à définir, "ce ne sera pas forcément en Maine-et-Loire", souffle Alban Regnier.

Cette future enceinte permettra d’accélérer sur la production et les embauches. "Nous sommes actuellement une trentaine, nous espérons être une cinquantaine en fin d’année et passer à 150 d’ici fin 2025", se projette le patron de VoltR. "Et comme le projet avance plus vite que ce qu’on avait annoncé, cela ne m’étonnerait pas que soit 200 d’ici deux ans."

Effectifs et chiffres d'affaires revus à la hausse

Ce premier site sera alors en régime de croisière et devrait constituer le siège de VoltR. À partir de 2027 et d’ici 2030, trois autres usines devront être déployées en Europe. Alban Regnier cartographie les pistes d’implantations : "En Italie, pour avoir une présence en Europe du Sud, peut-être en Pologne, pour l’Europe de l’Est ; on pense aussi à la Belgique où se trouve le principal recycleur de batteries électriques d’Europe."

Selon les ambitions de VoltR, l’entreprise comptera alors "600 salariés en Europe et 120 millions d’euros de chiffre d’affaires". C’est cent salariés de plus et 20 millions d’euros de chiffre d'affaires supplémentaires par rapport aux objectifs pour 2030 affichés il y a seulement quelques mois.

VoltR se distingue par ses compétences à prédire et déterminer le potentiel résiduel des batteries au lithium afin de les utiliser au mieux pour une seconde vie — Photo : VoltR

Créer un leader européen à partir de 2027

La stratégie centrale n’a en revanche pas bougé. Alban Regnier a fondé VoltR avec Maxime Bleskine (directeur général), François Mallet (directeur des opérations) et Thibaud Maufront (directeur technique) en décembre 2022 afin de "développer une filière européenne de recyclage des batteries au lithium, de devenir le leader européen", explique-t-il. "Nous savons que cela intéressera moins l’Asie et en particulier les Chinois qui sont ultra-dominants dans la production de batteries. Et les Américains aiment le neuf. Mais dès le départ, notre volonté était de participer à la souveraineté énergétique de l’Europe avec la France. Nous fournirons 45 millions de cellules reconditionnées par an en 2030. Nous redonnons vie aux batteries jetées mais dont la valeur résiduelle reste autour de 80 %." Un potentiel aujourd’hui inexploité qui pourrait aussi avoir un impact sur l’environnement : en 2030, "l’activité de VoltR permettra à elle seule une réduction de 1 % des émissions de CO2 de la France".

Des brevets en cours et une ouverture au marché automobile

Pour porter ses ambitions, la start-up angevine innove en permanence. "Trois brevets sont en cours, sans doute cinq dossiers seront déposés fin 2024", indique son dirigeant.

Parmi les pistes de réflexion : "S’ouvrir aux batteries de voiture, ce que ne VoltR ne fait pas aujourd’hui. Imaginer des containers pour un stockage de masse des cellules au lithium. Ou encore s’intéresser plus largement aux coques de batteries et plus seulement aux cellules comme c’est le cas aujourd’hui", anticipe encore Alban Regnier.

Parmi les pistes d’innovation de la start-up VoltR, imaginer des containers pour sécuriser le stockage de masse des cellules de lithium — Photo : VoltR

L’intelligence artificielle qui aide les ingénieurs à détecter le taux résiduel des cellules de lithium deviendra plus robuste. "La future usine sera très robotisée et automatisée au démantèlement, aux tests et à l’assemblage. En fonction des besoins des opérateurs, les cellules avec les propriétés voulues seront acheminées jusqu’à eux pour reconstituer des batteries pour des appareils de qualité et de puissance différents", explique le dirigeant. "La pérennité des cellules est hétérogène. Mais si Leroy Merlin nous commande 40 000 perceuses, par exemple, à raison de dix cellules par batterie, on doit être capable de livrer 40 000 batteries de performance identique", prend en exemple Alban Regnier.

Une intelligence artificielle qui crée des emplois

Sur les cinq étapes de la chaîne (collecte, démantèlement, tests prédictifs, assemblage, distribution), la troisième constitue la grande valeur ajoutée de VoltR. "Chez nous, l’intelligence artificielle crée de l’emploi et n’est pas énergivore. Cette IA spécifique est maîtrisée et développée en interne. C’est elle qui nous permet de déterminer le potentiel restant des cellules pour une seconde vie. Grâce à notre base de données gérée de manière algorithmique, on sait ensuite quelles cellules rassemblées dans une nouvelle batterie en fonction du cahier des charges du client", insiste Alban Regnier.

De la Région à des investisseurs étrangers ?

En 2023, VoltR avait levé 4 millions d’euros. Une levée d’amorçage clôturée en novembre dernier qui avait fait entrer la Région Pays de la Loire, mais aussi le Département de l’Anjou. Aux quatre actionnaires fondateurs s’ajoutent les parts des premiers salariés qui détiennent 17 % du capital. "Deux fonds sont aussi au capital : C4 Ventures, le fonds de Pascal Cagni (ex-président de Business France, NDLR) et Hexagon… un fonds spécialisé dans la deeptech qui investit dans le quantique, le nucléaire de dernière génération, l’aérospatial…", indique Alban Regnier.

"Nous voulons conserver le contrôle du capital au moins jusqu’en 2030, précise le président de VoltR. Nous aimerions cette fois l’entrée de Bpifrance. Nous sommes aussi ouverts à faire entrer des partenaires européens ; on discute avec l’Italie, l’Espagne ; l’Allemagne…"

Angers # Equipements électriques # High-tech # Start-up # Investissement # Levée de fonds # Créations d'emplois