Les créateurs
Après avoir évolué dix ans dans le secteur des technologies, avec notamment un passage par Capgemini, Thibaud Thomé a décidé de mettre son envie d’entreprendre et sa "quête de sens" à l’épreuve. Il y a deux ans, il lance Rutile.bike. Le concept de cette plateforme phygitale, spécialisée dans le reconditionnement et la distribution de vélos électriques haut de gamme, s’impose alors à lui. "J’ai voulu acheter un vélo urbain, raconte-t-il, mais je n’ai pas réussi à trouver chaussure à mon pied sur Leboncoin. Impossible d’avoir des informations sur la provenance du vélo, d’être assuré qu’il ne soit pas volé, de connaître l’état de la batterie ou encore de bénéficier d’une garantie." Il n’existait alors pas de marché de seconde main pour les vélos à assistance électrique. Très vite, il est rejoint par Adrien Goxe, qui dispose d’un parcours BtoC — quand lui est plutôt orienté BtoB —, et vient l’épauler sur le retail et la distribution.
Le concept
Pour dégoter ces vélos haut de gamme, les deux associés s’approvisionnent auprès de magasins spécialisés, qui proposent à leurs clients une reprise de leur ancien modèle, ou directement auprès des particuliers revendant leur ancien cycle à l’atelier ouvert par Rutile.bike à Lyon. Ils rachètent aussi et surtout des vélos auprès d’acteurs du leasing. "Nous avons commencé par cibler l’Allemagne et la Belgique, où le marché du leasing est énorme (500 000 vélos en leasing en Allemagne en 2022, contre 12 000 en France), mais le marché français se développe progressivement", indique Thibaud Thomé. Le duo revend également des vélos de démonstration ou des cycles présentant de petits défauts esthétiques, rachetés directement aux marques. Les prix proposés sur la plateforme, après révision et/ou reconditionnement, sont en moyenne 20 % à 50 % moins chers que du neuf. "Nous sommes le plus transparent possible. Nous indiquons les réparations qui ont été faites, les défauts existants, l’état de la batterie, etc."
Les perspectives
En 2023, Rutile.bike (8 collaborateurs) devrait enregistrer un chiffre d’affaires de 600 000 euros pour 300 ventes environ. Dès l’année prochaine, la petite société prévoit de tripler le nombre de ventes pour atteindre un chiffre d’affaires de deux millions d’euros. "Notre panier moyen est également en hausse, affirme Thibaud Thomé, notamment car la demande pour les vélos longtail (qui permettent de transporter deux enfants à l’arrière) est de plus en plus forte" et qu’il s’agit de cycles plus coûteux. Fin 2024, l’équipe de Rutile devrait compter une vingtaine de membres. Pour accompagner son développement, l’entreprise ambitionne de boucler une levée de fonds au printemps 2024. Un tour de table qui lui permettra d’investir dans le marketing digital, mais aussi dans l’ouverture de "rutileries", "des lieux où nous pourrons stocker, reconditionner et vendre nos vélos", précise le cofondateur. Une dizaine d’ouvertures est prévue d’ici à cinq ans.
