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Bruno Bouygues : "Gys devrait enregistrer une croissance à deux chiffres en 2023"
Interview Laval # Equipements électriques # ETI

Bruno Bouygues PDG de Gys "Gys devrait enregistrer une croissance à deux chiffres en 2023"

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Pas freiné par le Covid, Gys poursuit son essor. Le fabricant d’équipements de soudage va dépasser les 140 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023. Si une seconde usine n’est plus à l’ordre du jour en Mayenne, les investissements s’y poursuivent, comme en Europe du Sud, explique le PDG Bruno Bouygues.

Bruno Bouygues, PDG de Gys, une petite PME rachetée par son père Nicolas au début des années 2000, qui emploient aujourd’hui 950 personnes en France et à l’étranger — Photo : Rémi Hagel

Quel est le bilan 2023 de Gys après de "bonnes années" de 2020 à 2022 ?

C’est une très bonne année ! On devrait enregistrer une croissance à deux chiffres. Le chiffre d’affaires consolidé du groupe devrait s’établir entre 140 et 145 millions d’euros (130 M€ en 2022, NDLR), dont les deux tiers réalisés à l’étranger. Nous commercialisons aujourd’hui nos produits dans 132 pays.

Qu’est ce qui porte vos activités de fabrication d’équipements de soudage, de chargeurs de batteries et de systèmes de réparation de carrosserie ?

Ce qui nous tire beaucoup, actuellement, c’est l’industrie, parce que nous avons développé beaucoup de compétences sur la robotique de soudage. Ce sont des clients qui ont besoin de fabriquer beaucoup de machines, dans le ferroviaire et le transport maritime ou encore l’agroalimentaire. Environ la moitié de nos clients viennent du secteur automobile, et il y a là un océan de projets autour de la production de batteries, mais aussi de tout ce qui les fait fonctionner, les chargeurs, onduleurs, etc. Et nous avons des clients du monde entier qui viennent chercher chez nous ce qu’ils ne trouvent pas ailleurs… Notre stratégie d’innovation amène des produits qui prennent le leadership mondial petit à petit. Notre gestion par anticipation des stocks, notamment de semi-conducteurs, a fait que la crise du Covid puis la tension sur les approvisionnements ont été transparentes pour nous et nous a permis de garder notre temps d’avance en matière d’innovations.

Après une phase d’investissements, dans votre usine de Saint-Berthevin et un nouvel entrepôt logistique ouvert en 2023 à Changé, une troisième usine de 15 000 m2 en Mayenne est-elle toujours d’actualité ?

Non. Aujourd’hui, nous sommes confortables dans nos outils industriels et logistiques. L’essor de produits de haute technologie a été moins rapide que prévu. Et nous avons transféré tout une partie de nos activités vers notre site en Chine, les productions les moins techniques, pour y développer l’activité et concentrer les compétences les plus élevées à Laval. Avec les derniers investissements, notre outil de Laval disposera encore d’une capacité de 20 à 25 % avant saturation. Il nous reste donc des marges de manœuvre.

Vous continuez d’investir en Mayenne, notamment dans la R & D…

Nous avons une vision positive de l’avenir, mais les technologies évoluent très vite et, si nous voulons garder le même horizon de temps, il faut sans cesse innover. C’est la raison pour laquelle nous allons investir 1,5 million d’euros dans la R & D en 2024.

Cela implique des embauches ?

Nous cherchons à recruter entre 30 et 50 ingénieurs, des techniciens aussi, pour tester les prototypes, et des docteurs pour la recherche fondamentale. Nous avons déjà une centaine de personnes qui travaillent sur l’ingénierie, les méthodes de production, l’industrialisation, le SAV, la qualité, etc. Cela fera donc de nous l’un des plus grands centres de France en technologie de puissance.

Ce type de profils est-il facile à trouver ?

Ce sont des métiers dans lesquels il est difficile de trouver des candidats, surtout des ingénieurs. En France, on parle beaucoup du numérique, mais surtout du software. Les jeunes se sont donc pour beaucoup orientés sur le logiciel plutôt que sur le hardware. Or, dans "industrie 4.0", il y a "industrie". Si bien que beaucoup de candidats viennent de l’étranger. Nous voudrions d’ailleurs avoir davantage de possibilités pour recruter au Liban, au Maroc ou en Tunisie. Avec la French Tech, on peut obtenir des visas pour faire venir des talents, nous aimerions que l’État ouvre davantage aussi la French Fab aux travailleurs étrangers. Aujourd’hui, nous recrutons à guichet ouvert.

L’extension du centre de production de Saint-Berthevin, et le transfert des fabrications "les moins techniques" sur le second site en Chine, offre des capacités de croissance "de 20 à 25 %" de la production — Photo : Gys

Des investissements sont-ils également prévus à l’étranger ?

Nous venons d’augmenter le capital de notre filiale commerciale en Italie de 5 millions d’euros, du fait de la construction du nouveau siège local, qui ouvrira en février. La semaine dernière, j’ai aussi signé l’acte d’achat d’un terrain à Madrid. Cet établissement regroupera le commercial, le SAV, la qualité et une partie formation technique. Une vingtaine de personnes qui vont venir s’ajouter à nos plus de 300 collaborateurs de l’étranger — une quarantaine en Italie, 85 en Allemagne, 60 en Angleterre, plus d’une centaine en Chine. La majorité de nos effectifs est concentrée en Mayenne où nous employons 630 salariés.

Quels sont vos projets d’implantations à l’étranger ?

Il nous faudra d’abord terminer notre couverture de l’Europe, en Pologne et en Roumanie. Un jour, il nous faudra aussi nous doter d’une filiale en Amérique du Nord pour augmenter notre puissance commerciale : aujourd’hui, nous avons des revendeurs mais qui sont multimarques, cela n’a pas le même impact. Et puis, nous projetons de nous développer en Inde, où nous avons plusieurs distributeurs et sommes plutôt en progression. Il nous faudra des hommes sur place. La proximité avec nos clients sera de plus en plus importante pour comprendre leurs besoins, pour conseiller et former sur des technologies toujours plus complexes. En Inde, il nous faudra sans doute adapter une gamme de produits spécifiques, qui réagissent mieux aux fortes humidités et températures.

Comment anticiper le comportement de vos machines partout sur le globe ?

C’est une des leçons de notre développement sur le grand export : on a beau avoir les produits le plus sophistiqués, à plus de 50 °C, ils ne marchent pas. On conçoit et fabrique à Laval, où le climat est plutôt tempéré. C’est pour cela que l’on a investi dans deux nouvelles grandes cellules thermiques pour tester en situations extrêmes nos produits seuls ou bien trois ou cinq machines corrélées entre elles. On étudie leur fonctionnement à plus de 50 °C quand elles sont commandées au Moyen-Orient, et à -20 °C quand elles sont destinées à la Scandinavie.

Laval # Equipements électriques # Fabrication de machines # ETI # Investissement # Export