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Des distributeurs de gel fabriqués grâce aux gobelets recyclés d'Éco Action +
Brest # Industrie

Des distributeurs de gel fabriqués grâce aux gobelets recyclés d'Éco Action +

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Spécialisé dans la collecte et la valorisation de déchets, Bastien Lucas, le dirigeant des entreprises Éco Action Plus et MéGo ! à Bourg-Blanc, s'est associé à l'UBO Open Factory et à l'entreprise brestoise Ellipitka pour proposer des distributeurs de gel hydroalcoolique "low tech", fabriqués à partir de gobelets recyclés.

— Photo : © UBOOF

« Globalement, c’est la reprise », se félicite Bastien Lucas, qui a créé l’entreprise de collecte et de valorisation de déchets Eco Action + (9 salariés, 620 K€ de CA) en 2011, et six ans plus tard MéGo ! (4 salariés, 430 K€), qui recycle chaque année près de 20 000 mégots de cigarette pour en faire du mobilier urbain. « Nous avons la chance d’avoir des activités qui ont le vent en poupe car elles répondent à des besoins sociétaux profonds », confie celui qui, comme beaucoup, a souffert de la crise sanitaire. « La collecte des déchets a naturellement été impactée car la plupart des entreprises étaient fermées, et celles qui étaient encore ouvertes avaient des protocoles sanitaires très stricts. Et nous avons aussi dû prendre des mesures spécifiques pour la collecte des mégots de cigarettes, qui sont potentiellement contaminés », détaille Bastien Lucas, qui estime avoir perdu près de 50 % de son chiffre d’affaires durant la crise.

Une filière locale et écoresponsable pour un besoin global

Bastien Lucas a créé Mégo, et continue de diriger Eco Action Plus. — Photo : © Isabelle Jaffré - Le Journal des entreprises

Mais pas question pour autant de rester les bras croisés durant cette baisse d’activité. « Nous travaillions déjà avec l’Open Factory de l’UBO dans le cadre du projet Valoplast, financé par la Région Bretagne et qui a pour objectif de créer une usine de valorisation des déchets plastiques industriels. Quand ils nous ont proposé de travailler avec eux sur un projet de distributeur de gel hydroalcoolique « low tech » à pédale, nous nous sommes dit que c’était une bonne façon d’apporter notre pierre à l’édifice pour lutter contre la Covid-19. Car la mise à disposition de gel hydroalcoolique tout en évitant les contacts et les risques de contamination, constitue actuellement un besoin pour tous : hôpitaux, entreprises, magasins, supermarchés, etc. », retrace Bastien Lucas.

La plupart des éléments de ce distributeur de gel "low tech" sont fabriqués à partir de gobelets recyclés — Photo : © Eco Action Plus

Après trois semaines de prototypage, Eco Action + fournissait les plaques de plastique élaborées à partir de gobelets recyclés nécessaires à la fabrication de différentes pièces de ces distributeurs : socle, pédale, poussoir interne ou encore antivol. Déjà engagée durant la crise à travers la fabrication de visières de protection, la société brestoise Elliptika, spécialisée dans la fabrication d’antennes, s’est quant à elle chargée de la découpe de ces plaques et de l’assemblage des distributeurs. Mais aussi de leur vente et de leur… distribution. Également dans la boucle, la société normande Evanov, qui pilote la mise en place de la filière locale, envisage d’en créer une seconde en Normandie, les plans du distributeur étant disponibles en open source.

« La demande est forte et le besoin risque de perdurer »

Après une phase de tests au CHRU de Brest et à la fondation Yldis, la centaine de distributeurs produits à ce jour a d’ores et déjà trouvé preneurs. « La demande est forte et tout porte malheureusement à croire que le besoin va perdurer », anticipe Bastien Lucas. Il faut dire que ce distributeur « low tech » présente de nombreux avantages. À commencer par le prix : 85 € HT, quand la plupart de leurs concurrents oscillent entre 200 et 300 €. « Les matériaux recyclés permettent de diviser par 5 le coût de production, et les distributeurs peuvent accueillir entre 1,5 et 2 litres de gel hydroalcoolique, ce qui limite les fréquences de rechargement. Nous allons également mettre en place un système de consigne, car nos distributeurs sont bien entendu recyclables », argumente Bastien Lucas. « Nous n’avons pas cherché à dégager de chiffre d’affaires sur les 50 premières unités, mais il va désormais falloir qu’on rentre dans nos coûts… Surtout si on doit investir dans une nouvelle presse de thermocompression à 50 000 € pour pouvoir répondre à la demande ». Prochaine étape : la conception d’un distributeur adapté aux personnes en fauteuil roulant.

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