Dans la tourmente, la biotech Metex sollicite une procédure de sauvegarde
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Dans la tourmente, la biotech Metex sollicite une procédure de sauvegarde

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Mauvaise passe pour la biotech clermontoise Metex et ses usines basées dans la Somme et en Moselle. Celle qui avait pour ambition de devenir un leader des ingrédients produits par fermentation pour la cosmétique, la nutrition animale et la synthèse de bio polymères a vu sa compétitivité laminée par la hausse de ses coûts de production et la concurrence chinoise.

L’usine Noovista à Carling (Moselle) du groupe de chimie verte puydômois MetEx — Photo : Lucas Valdenaire

Après la suspension du cours de son action le 12 mars dernier, la biotech clermontoise Metabolic Explorer (Metex), spécialisée dans la production d’ingrédients de chimie verte pour la nutrition animale, les cosmétiques et les bio polymères, vient de solliciter le déclenchement d’une procédure de sauvegarde auprès du tribunal de commerce de Paris. L’ETI de 450 salariés demande également une procédure de redressement judiciaire pour ses deux filiales industrielles : Metex Noovista, sise sur la plateforme pétrochimique Chémésis de Carling-Saint-Avold (Moselle), et Metex Noovistago, implantée à Amiens (Somme) suite à un rachat en 2021.

Actifs européens majeurs

La mise en place d’activité partielle sur ces deux sites de production avait été annoncée en décembre dernier, mesures prises après deux exercices de pertes qui s’accompagnaient d’un plan de transformation stratégique. Ces deux usines représentent des actifs européens majeurs pour des productions chimiques biosourcées. Comme l’acide butyrique et le PDO, un ingrédient utilisé comme solvant, humectant et booster de conservation pour la cosmétique, issus du site de Noovista. Sa société soeur Noovistago d’Amiens serait la seule usine européenne d’acides aminés biosourcés pour la nutrition animale

Sucre trop cher

"Le conseil d’administration de Metex a décidé d’activer ces leviers d’action pour se donner les moyens de poursuivre les discussions avec les pouvoirs publics visant à restaurer les conditions d’accès au sucre à un prix compétitif ", indique un communiqué du groupe Metex, installé sur le biopôle de Clermont Limagne à Saint-Beauzire (Puy-de-Dôme). Matière première essentielle à ses productions, le sucre a vu son prix presque doubler comparé à la période d’avant Covid.

L’objectif de ces demandes est de gagner du temps pour trouver des solutions sachant que toutes les possibilités sont envisagées. Selon le groupe, dont Bpifrance détient près de 26 % du capital, "l’issue de ces discussions est déterminante dans le cadre des négociations en cours avec de potentiels partenaires industriels".

Concurrence de la lysine chinoise

Pour rappel, Metex affronte depuis plusieurs mois un environnement économique hostile lié à une très forte hausse des coûts de production, causée par l’envol des prix des matières premières. De surcroît, le dumping pratiqué par les producteurs chinois de lysine, qui tirent les prix vers le bas et empêche le groupe de répercuter ses propres coûts de production à ses clients.

Malgré des mesures mises en place depuis deux ans pour réduire ses coûts fixes de 20 % et améliorer l’efficacité énergétique, le groupe continue de souffrir financièrement. Entre 2022 et 2023, son chiffre d’affaires a chuté, passant de 226,5 millions d’euros à 132,4 millions. Metex subit notamment un effondrement des ventes de ses produits de commodité, comme la lysine, avec un chiffre d’affaires passé de 138 millions à seulement 35,2 millions d’euros en un an.

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