Coronavirus : comment les entreprises alsaciennes s'organisent
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Coronavirus : comment les entreprises alsaciennes s'organisent

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Alors que le coronavirus Covid-2019 continue de circuler, le département du Haut-Rhin recense l’un des foyers épidémiques les plus importants de l'Hexagone. En Alsace, les entreprises concernées par les conséquences causées par le virus, comme PSA Mulhouse, s’organisent tant sur le plan sanitaire qu'économique.

Le site de construction automobile de PSA à Mulhouse a pris des mesures sanitaires alors qu'un de ses salariés a été touché par le coronavirus dans le cadre de la sphère privée. — Photo : © Lucie Dupin

Avec le département du Haut-Rhin toujours considéré comme l’un des foyers épidémiques les plus importants de France (359 cas recensés par l’Agence régionale de santé le 11 mars), les fédérations professionnelles et les collectivités alsaciennes mettent en place des mesures exceptionnelles pour soutenir les entreprises touchées. Le Medef Alsace a par exemple rapidement annoncé avoir mis en place une cellule de veille, d’assistance et de conseil aux entreprises adhérentes. Une note interne est mise à disposition des chefs d’entreprise afin de les informer, entre autres, quant aux menaces sanitaires et aux conséquences économiques. Selon Olivier Klotz, président du Medef Alsace, « toutes les sociétés sont concernées, qu’importe leur taille ou leur secteur d’activité ».

Un tiers des entreprises alsaciennes redoute des problèmes de trésorerie

La CPME du Haut-Rhin a elle aussi mis en place une cellule dont « l’objet est de coordonner les actions des pouvoirs publics et économiques, en faisant notamment remonter les informations du terrain aux parlementaires pour renforcer les mesures de soutien ». L’organisation patronale représentative des TPE et PME s’exprimera plus en détail lundi 16 mars au sujet de la situation économique liée à l’épidémie.

Au niveau régional, la Région Grand Est, en coordination avec les services de l’État et Bpifrance, met quant à elle en place des mesures d’aides aux entreprises avec des prêts rebonds pour pallier les difficultés de trésorerie. La collectivité régionale a ainsi constitué une "task force" économique pour apporter de l'aide aux entreprises. L'Adira, l'agence de développement économique d'Alsace, en fait notamment partie.

De son côté, la CCI Alsace Eurométropole, qui a mené une enquête auprès de 18 600 entreprises alsaciennes dans la semaine du 2 au 9 mars, recense 30 % d’entreprises qui redoutent des problèmes de trésorerie si la situation perdure dans les trois mois.

Des mesures sanitaires exceptionnelles chez PSA Mulhouse

Outre les dispositifs d’aide consentis par la Région, les entreprises prennent des mesures sanitaires face à la propagation du coronavirus, notamment dans le Haut-Rhin. Dans le Grand Est, 587 cas sont recensés depuis le 11 mars, dont 108 dans le Bas-Rhin. Ainsi, le constructeur automobile PSA, qui emploie 5 000 collaborateurs à Mulhouse, met en place depuis mardi 10 mars des mesures de sécurité et de prévention sur son site de Mulhouse-Sausheim après qu’un salarié a été contaminé par le virus dans le cadre de la sphère privée.

La personne était en arrêt maladie depuis le 29 février et PSA a identifié quatre cas contacts, depuis lors en confinement chez eux. Par ailleurs, des premières mesures comme le lavage des mains ou l’annulation des visites extérieures avaient déjà été mises en place depuis fin février au sein de l’entreprise. Suite aux annonces du gouvernement, le 6 mars, renforçant les mesures de protection, de nouvelles mesures ont été instaurées. Ainsi, la température des salariés est prise avant qu’ils ne se mettent au travail. Le self-service a été fermé. Les salariés peuvent néanmoins y déjeuner à condition qu’ils apportent un repas tiré du sac et qu’ils s’assoient en quinconce, à au moins un mètre de distance les uns des autres. PSA, qui propose également à ses salariés un service de ramassage en bus, a accru l’espacement dans les bus et décidé d’une augmentation du fréquentiel de nettoyage et sur les lignes très chargées, des bus ont été ajoutés.

Selon le service communication de PSA à Mulhouse, « la production se poursuit normalement. Pour éviter les ruptures dans la chaîne de production, une cellule de veille centrale a été mise en place depuis l’apparition des premiers signes en Chine. Celle cellule pluridisciplinaire basée à Paris et qui regroupe notamment les achats, la logistique est en charge de l’ensemble des usines du groupe ».

Le Grand Est, « territoire à risque » pour l'Allemagne

Par ailleurs, suite à la multiplication des cas dans le département du Haut-Rhin, la préfecture de Fribourg-en-Brisgau dans le Land voisin du Bade-Wurtemberg a placé le sud de l’Alsace comme une zone à risque par rapport à la propagation du coronavirus. En conséquence, les travailleurs haut-rhinois frontaliers en poste dans une entreprise du Bade-Wurtemberg ne peuvent plus se rendre sur leur lieu de travail pour une période de quatorzaine décidée lundi 9 mars.

C'est le cas à Rust, au sein du parc de loisirs Europa-Park (CA : non communiqué, 4 150 collaborateurs dont 23 % de Français), qui doit ouvrir le 28 mars pour la saison estivale après sa trêve hivernale. Le parc a fait savoir le 10 mars que 50 de ses collaborateurs domiciliés dans le Haut-Rhin sont invités à rester chez eux. L’Institut Robert Koch, institut allemand de veille sanitaire, a placé l’ensemble de la région Grand Est comme territoire international à risque au même titre que la Chine, l’Italie, l’Iran et la Corée du Sud.

Un élargissement du télétravail

Afin de protéger les salariés et d’assurer une continuité de l’activité, nombre d’entreprises ont pris des mesures de télétravail. À l’instar du groupe pharmaceutique Merck (1 500 collaborateurs ; CA : 1 Md €), à Molsheim, dans le Bas-Rhin. Dès fin février, suite à la contamination par le coronavirus du conjoint d’une de ses salariées, l’entreprise a incité 600 de ses 1 500 collaborateurs dont le poste le permettait de télétravailler en renforçant le réseau informatique. Aucune incidence dans l’activité n’a été constatée par Merck.

À plus petite échelle, les PME s’organisent également pour se prémunir au mieux de tout risque de contagion. L’agence de communication strasbourgeoise Infra vient par exemple d’annoncer une mesure de télétravail pour la quasi-totalité de ses collaborateurs, à l’exception de la direction financière et du service photographique. « Notre activité étant facilement réalisable à domicile, nous avons pris cette décision pour enrayer la propagation du virus et protéger les personnes à risque », note Anne-Sophie Dubois-Lebet, la dirigeante de l’agence qui emploie 28 personnes.

Des entreprises solidaires entre elles

Dans ce contexte épidémique, certaines entreprises régionales développent et proposent des services destinés aux entreprises en proie aux questions. Ainsi, le groupe colmarien Rivalis (CA : n.c ; 654 conseillers en France), spécialisé dans l’aide à la gestion opérationnelle des TPE, lance un numéro de téléphone (accessible au 3620 code « Rivalis » ; service gratuit + prix appel local),dédié aux questions des TPE concernant la trésorerie, la visibilité, la gestion des salariés en télétravail, ou encore l’accompagnement en cas de perte d’activité.

La start-up strasbourgeoise TokTokDoc, lancée par le médecin ORL Laurent Schmoll, est quant à elle spécialisée dans les applications de télémédecine. Celle-ci vient de mettre à disposition gratuitement « un outil de triage et de suivi développé en suivant les recommandations scientifiques actuelles afin de répondre rapidement à l’épidémie en médecine de ville ».

La biotech alsacienne Biosynex (CA 2019 : 34,2 M€ ; 180 collaborateurs), qui conçoit et développe des tests de dépistage rapide de maladies infectieuses notamment, indique « ne pas développer de test coronavirus mais en posséder la technologie ». Biosynex étudie « la possibilité de distribuer ces tests en France fabriqués par des partenaires fiables ».

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